mercredi 6 avril 2011 :: Revin :: Alerter la modération
L’usine Porcher fermera ses portes le 22 avril prochain. L’Intersyndicale vient d’annoncer le montant des indemnités accordées par Ideal Standard à ses salariés des sites de Revin et Dole (Jura). Le coût de cette fermeture risque d’être lourd pour l’ensemble du territoire.
L’Intersyndicale de Porcher a repris ce matin la route de Dole pour écrire l’un des derniers chapitres imposés de son histoire. « Notre usine ferme, c’est un véritable séisme dans nos têtes« , nous confiait Marie-Claude Moriau, secrétaire (FO) du comité d’entreprise.
Pour que les choses se passent le moins mal possible, le législateur a créé un outil de travail, l’ « accord de méthode ». Drôle de nom pour un dispositif qui contraint le futur licencié à s’entendre avec celui qui le prive de son droit au travail (et des ressources qui accompagnent l’exercice de ce droit). Un abus de langage, sans aucun doute. Quant à parler de méthode, certes, elle s’avère efficace. Le groupe Ideal Standard International aura mis 100 jours à liquider une entreprise qui existait depuis 115 ans, et dont les produits ont fait le tour du monde. Le 12 janvier 2011, la triste nouvelle était officialisée, et le 22 avril prochain, les grilles seront fermées définitivement.
Un territoire en péril
Faut-il parler de licenciements boursiers ou de réalité économique ? Là, c’est sûr, les interlocuteurs ne se mettront jamais d’accord. Il n’empêche que, par-delà le drame qui s’abat sur les 148 salariés de Revin et leurs 163 collègues de Dole, c’est tout un bassin de vie qui va trinquer au nom de valeurs économiques qui font peu de cas de l’humain.
Fermer Porcher, c’est priver la ville de ressources fiscales. La qualité du service public s’en trouvera amoindrie, alors que des projets vitaux pour l’ attractivité de Revin sont en attente de réalisation (reconstruction du pont St-Nicolas, rénovation du quartier d’Orzy via l’Anru, création d’une crèche).
Fermer Porcher, c’est le commerce de proximité qui va souffrir encore un peu plus. Une épicerie, une boucherie viennent de baisser leurs rideaux. Combien de commerçants seront-ils contraints demain d’en faire autant, parce que les Revinois privés d’emplois n’auront d’autre choix que celui de s’expatrier ?
Fermer Porcher, ce sont des classes qui vont fermer dans les écoles, au collège, au lycée. Ce sont des enseignants qui iront vivre ailleurs, eux aussi.
Fermer Porcher, c’est réduire l’offre culturelle (au sens large) de la ville. La Maison de la Presse a cédé ses murs à une société d’assurances. L’Espace Jean Vilar et les associations font de Revin une ville riche en évènements culturels et sportifs. Les uns et les autres auront-ils encore les moyens de proposer des animations de qualité et en nombre suffisant ?
Fermer Porcher, c’est condamner Revin, Anchamps et tout un bassin de vie à une mort lente et programmée, avec le cynisme dont savent faire preuve ceux qui gèrent les hommes à travers le prisme du profit à tout prix.
Dans cette démocratie qui est la nôtre, la non assistance à personne en péril est sanctionnée par la loi. Mais qu’en est-il lorsqu’il s’agit de la mort d’un territoire ? Les élus n’ont d’autre recours que de faire l’aumône, mendier des aides publiques. Peut-on se projeter vers l’avenir dans de telles conditions ?
Ils ont « décroché le jack-pot »
La presse s’est fait l’écho du montant des indemnités à percevoir par les licenciés d’Ideal Standard International. Ce déballage comptable n’a pas été du goût des intéressés. Et pour cause. Les Porcher n’ont pas l’impression d’avoir « décroché le jack-pot » en perdant leur emploi. Le montant des indemnités se serait-il négocié dans un casino de Las Vegas ? Il est vrai que la somme de 35 millions d’euros pour 311 licenciements est exceptionnelle. Leurs anciens collègues d’Oxame (à ne pas confondre avec la Sté Nouvelle Oxame) n’ont rien obtenu. Mais de là à parler de « pactole », c’est – encore – un abus de langage ! Feu Maître Capello (Jacques Capelovici) l’aurait contesté.
« On a l’impression que l’argent prime sur l’emploi« , se désolait Marie-Claude Moriau. Faut-il encore qu’on montre du doigt ces licenciés et leurs familles ? Ils ne se sont pas battus d’abord pour obtenir des indemnités, mais pour sauvegarder leurs emplois. D’ailleurs, pour peu qu’on soit doué en calcul, l’importance de cette supposée source de richesse est à relativiser. Combien seront-il, les ex-Porcher, à avoir retrouvé un Contrat à Durée Indéterminée à temps complet dans les cinq ans à venir, après avoir été « accompagnés » par les mesures du Plan de Sauvegarde pour l’Emploi (PSE) ? Ont-ils encore un avenir professionnel quand leur moyenne d’âge avoisine la cinquantaine ? On connaît le marché de l’emploi et les critères d’embauche – plus ou moins avouables. Que restera-t-il alors de leur « pactole » ?
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1. Le jeudi 7 avril 2011 à 14:51, par michèle Leflon :: site