Depuis novembre 2010, l’association Ensemble pour Aurélien et Jason souhaite embaucher un contrat aidé pour assurer des heures de prise en charge auprès d’enfants autistes. Elle se heurte à l’incompréhension de ses interlocuteurs.
Depuis novembre 2010, Stéphanie Chacel, présidente de l’association Ensemble pour Aurélien et Jason (Epaj), bataille pour créer un emploi aidé qui assurerait un accompagnement auprès d’enfants autistes. Après avoir essuyé un premier refus, motivé par un problème de domiciliation, Epaj a monté un nouveau dossier et se heurte à Pôle Emploi.
Les responsables de l’association viennent de rencontrer le directeur de l’agence locale de Revin, accompagnées d’un médiateur et du directeur départemental de Pôle Emploi. « Nous avons eu une discussion autour du fait que nous ne pouvons pas bénéficier d’une AVS (auxiliaire de vie sociale, ndlr), explique Mme Chacel. Nous pensons pourtant que nous entrons dans le cadre légal, mais nous sentons que le problème vient du fait que la personne recrutée devra travailler auprès d’un public « sensible« . »
Un dialogue de sourds
La présidente d’Epaj ne comprend pas l’obstination de Pôle Emploi. L’association s’est engagée à encadrer son employée, qui travaillera dans un local en conformité avec la réglementation. Un plan de formation est prévu. « J’ai l’impression, poursuit-elle, que nos interlocuteurs ont peur. On ne sait pas de quoi, d’ailleurs. On nous parle de public sensible, je veux bien, mais il n’y a pas plus de risques avec ces enfants-là que dans un centre de loisirs, à partir du moment où le personnel est formé. »
Face à ce dialogue de sourds, Epaj ne peut opposer que son impuissance. « On nous a parlé d’un problème d’agrément, commente la jeune mère de famille. Je ne comprends pas. Nous ne sommes pas prestataires. Nous ne facturons rien. Nous proposons seulement de l’aide aux familles des enfants. Nous avons fourni des documents qui attestent que ce type de fonctionnement existe dans d’autres associations. Mais pour le moment, nous sommes toujours en attente d’une réponse de Pôle Emploi. » Et ce malgré le soutien de Bérengère Poletti, députée UMP, ou de Dominique Ruelle, conseillère générale PS.
La proximité des vacances estivales n’arrange pas les choses. Même en cas de déblocage du dossier, l’association n’embauchera pas avant la rentrée de septembre, de façon à optimiser les six mois de durée du contrat aidé.
L’aveuglement dont sembleraient faire preuve certaines personnes qui occupent des postes clés est incompréhensible pour les parents. « Lors de notre entretien à Pôle Emploi, se souvient Stéphanie, nous avons insisté sur le fait qu’en France il se créée de nombreuses associations comme la nôtre. Elles obtiennent des postes d’AVS et le système fonctionne très bien avec le soutien des conseils généraux. »
Mise en place d’une dynamique
Le projet d’embauche d’une auxiliaire de vie sociale participe d’une dynamique qui se met en place sur le département des Ardennes, grâce à de nombreux bénévoles et à quelques sponsors, comme le Lions Club de Nice ou celui de Rethel, qui a financé une partie de la première formation à la méthode A.B.A. organisée par Epaj.
La prise en charge des enfants doit intervenir le plus tôt possible et de façon très intensive. « On trouvait que dans les Ardennes les familles d’enfants autistes étaient un peu dans l’inégalité par rapport au territoire français, se plaint la présidente d’Epaj. Compte tenu des problèmes économiques de notre département, ce serait bien qu’on ne soit pas encore en retard. » Un demandeur d’emploi ne peut pas assumer financièrement la prise en charge de son bambin autiste.
Le souci de protéger l’enfant handicapé est louable, mais on peut se poser des questions sur la gestion de l’autisme. La méthode A.B.A. a fait suffisamment ses preuves – y compris en France – pour que les services compétents en tirent avantage plutôt que de condamner à vie des autistes à végéter dans de coûteuses institutions spécialisées, alors qu’ils auraient pu être réinsérés dans la société pour certains d’entre eux.
Les enfants trinquent
« C’est bien dommage pour les enfants, regrette Stéphanie Chacel. Nous en avons marre de galérer. On attend, on attend… , mais ce sont les enfants qui trinquent. » Le désarroi est tel que les fondatrices de l’association (Stéphanie Chacel et Audrey Rizzon, les mères d’Aurélien et Jason) ont décidé d’embaucher deux personnes, à temps partiel, pour un CDD de deux mois. « Ca va nous coûter très cher, mais c’est pour les enfants. Point barre. »
En attendant que la situation se débloque, l’association va multiplier ses actions (brocantes, spectacles…) et ses partenariats. Depuis la création de l’association, en avril 2010, des particuliers et des artistes apportent leur aide. Ce mercredi, la Présidente d’Epaj a rencontré les 7 Lions Club ardennais pour leur présenter l’association et ses projets. Une fois de plus, la solidarité doit s’exprimer pour contrer les a priori qui stigmatisent le handicap.