dimanche 17 avril 2011 :: Rocroi :: Alerter la modération
A l’invitation de la présidente des Ecoliers du Plateau, l’association Solidarock a participé pour la première fois au carnaval en créant une fantasmagorie très « freak ». Une belle réusite.
C’est par un beau soleil que les Ecoliers du Plateau de Rocroi ont clôturé samedi après-midi la saison des carnavals. Ils s’étaient donné rendez-vous à 15h30 devant la halle. Virginie Gosselin, la présidente de l’association, était très satisfaite de constater que mamans et bambins avaient joué le jeu. Les costumes aux couleurs colorées égayaient la place d’ Armes et ses alentours. Certains étaient très réussis, comme cet épouvantail habillé de quelques brins de paille ou ce très jeune lionceau qui ne lâchait pas sa tétine.
Fidèle parmi les fidèles, l’Harmonie Municipale de Rocroi s’est fait un plaisir d’accompagner les carnavaliers sur un char, qui était tracté par Joël Gabriel, agriculteur. C’est une tradition pour les musiciens de se mêler à la joyeuse cohue. Ils ont joué des pièces légères, qui ont contribué à maintenir la bonne humeur tout au long du parcours. Leur char – aux tonalités très flashies – était décoré de fleurs en papier et de ballons. A l’arrière, Monsieur Carnaval, dans son bleu de travail, était solidement arrimé. Pas question qu’il s’échappe ! Une émeute aurait envahi les remparts.
Accueillis à la maison de retraite
Le cortège s’est ébranlé vers 16 heures pour une heure de déambulation dans les rues de la ville. Comme à l’accoutumée, les enfants ont rendu visite à leurs âinés, où ils ont été accueillis par Cathy Duchêne, animatrice de la maison de retraite, déguisée en religieuse. Un jus de fruits et des gâteaux ont été offerts aux petits visiteurs. Chaque année, les résidents attendent cette visite avec la même impatience. Pendant que les pitchouns goûtaient, les musiciens de l’harmonie municipale jouaient l’aubade sous les fenêtres de l’établissement. Quelques têtes blanches se sont alors penchées pour écouter la musique.
Après avoir tournicoté dans la bonne humeur, le cortège s’est rendu au bastion de Nevers pour assister aux derniers moments de Monsieur Carnaval. L’excitation était à son comble. Les plus malins ont pris place en hauteur pour avoir une meilleure vue sur le bûcher. Le mannequin s’est rapidement enflammé et ne fut bientôt plus qu’un tas de cendres. C’est alors que les gourmands – en fait, des gourmandes – ont entamé un sprint pour gagner la salle Nevers, où avait lieu une distribution de crêpes. Les mamans de l’association n’avaient pas lésiné sur la quantité de pâte et l’huile de coude pour réaliser un monceau de crêpes, qui furent rapidement englouties.
Un partenariat avec Solidarock
Pour occuper les enfants jusqu’au repas prévu le soir, Virginie Gosselin avait demandé à une autre association de la ville, Solidarock, de concocter un programme récréatif. Les rockers solidaires ont répondu avec enthousiasme à cette invitation. Ils ont demandé à l’un de leurs potes fumaciens, Fabien Bertrand, de venir passer un moment avec sa guitare et sa maison enchantée. Fabergosse a emmené son public dans un monde où même les araignées inspirent des chansons. Il faut dire que l’artiste connu des adultes sous le nom de Fabergo est un habitué des balades poétiques, et pas toujours joyeuses dans une société recroquevillée sur ses peurs et ses égoïsmes.
Pendant que le baladin jonglait avec des oeufs multicolores, la mezzanine – qui fait le charme de la salle Nevers – semblait habiter par des ombres inquiétantes, errant dans le village de toile aménagé par les bénévoles de Solidarock. S’accrochant aux murs, des personnages fantasmagoriques de carton renforçaient l’aspect inquiétant des lieux. « Quèsaco ? » se demandait le visiteur. Caroline Oury, artiste plasticienne et membre de l’asso, avait la réponse. « A l’origine, explique-t-elle, on souhaitait faire un freak show, mais nous n’avons dû renoncer. Ca coûte trop cher et nous n’avons pas les moyens. Nous avons donc monté un village avec des tentes et organisé une animation dans chacune d’entre elles. »
Des fantômes et des monstres
La jeune femme, déguisée en chat, chuchote avec des accents félins : « Nous avons accroché des draps aux murs. Les enfants vont pouvoir dessiner dessus. La finalité, c’est d’exposer leurs productions ce soir pour que les parents les découvrent. Mais nous souhaitons les réutiliser pour la prochaine fête de la musique. » Au rez-de-chaussée, le spectacle s’achève. Les petits bonshommes s’égaient dans la salle. Une nouvelle course s’engage pour monter à l’étage. Il faut passer entre les jambes d’un pantalon de géant pour accéder au monde féérique créé par les solidarockers.
Les yeux écarquillés, les enfants découvrent les lieux et les activités proposées. Pour celles et ceux qui ne sont pas encore grimés, l’atelier maquillage propose de nombreux choix. Rémi Bernard, le président de Solidarock, s’est déguisé en chemineau bossu. Puisqu’il a un look d’homme des bois, normal qu’il ait choisi de s’occuper du stand des jeux de construction (en bois). Les garçons l’ont pris d’assaut, bâtissant d’improbables tours qui s’effondraient dans un fracas de rires.
Les plus petits avaient des coloriages à leur disposition. Le mur d’expression a libéré toutes les inhibitions enfantines : dessins et messages ont fait chauffer le rétroprojecteur. Tout près de là, on s’affairait dans les deux tentes dévolues à l’atelier « freak show ». D’un côté, avec le chat Caroline, les filles customisaient les boîtes à monstres. De l’autre, encadrés par un spectre bonne pâte, des sculpteurs éphémères modelaient des créatures pour animer leur spectacle d’horreur.
On se se serait cru sur le plateau de tournage de « Beetlejuice » en pénétrant sous la tente du bar à « beetle juices ». Michael Keaton – ou son clone – proposait d’improbables cocktails dont il fallait identifier les ingrédients. Ce débit de boissons non alcoolisées – faut-il le préciser – a d’abord laissé perplexes les plus timides, qui se sont finalement laissé convaincre par le barman fantôme. Et les consommateurs de jubiler lorsqu’ils avaient identifié les goûts de pomme, de menthe ou de raisin.
Une boucle musicale
Plus cérébral, Victorien Michaux, alias Monsieur Haribo, avait aménagé un petit studio d’enregistrement sous sa tente. « Mon but est d’enregistrer une boucle musicale avec les enfants« , annonce le producteur d’un jour. Synthé, djembés, les apprentis musiciens avaient à leur disposition tout le matériel nécessaire pour s’immerger dans le monde de la musique électro. Certains osaient à peine s’approcher. « Comment ça marche ? » demande le petit Boris à sa maman.
Les enfants ont vécu un après-midi inoubliable grâce aux trois associations qui ont fait de ce carnaval 2011 l’un des plus mémorables de ces dernières années. Pour Solidarock, cette collaboration est indissociable d’une valeur qui leur est chère : la solidarité. Ces jeunes amateurs d’arts de la rue et de musiques plurielles ont eu l’occasion de faire leurs premiers pas dans le domaine des « arts de l’éveil ». Ils nourrissent en effet le projet de développer l’éveil artistique sur le Plateau. La journée s’est terminée par un repas, qui a réuni en soirée les Ecoliers du Plateau et leurs amis. Bravo à tout ce beau monde !
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