Les Suisses ont la réputation de parler lentement, mais quand ils passent derrière la caméra, ça défouraille. En témoigne ce reportage sur les relations souvent difficiles de Nicolas Sarkozy avec le quatrième pouvoir.
La Télévision Suisse Romande dresse un portrait au vitriol de Nicolas Sarkozy au cours d’un reportage réalisé en 2010 dans le cadre de l’émission TP Mag. Dès la première séquence, le journaliste de la chaîne n’y va pas par quatre chemins. Présenté comme un « animal médiatique« , Nicolas Sarkozy tiendrait plus du loup que de l’agneau. « Il ne fait pas bon être journaliste dans les rédactions françaises par les temps qui courent« , commente Jean-Philippe Ceppi en ouverture de reportage.
Certes, le Président ne fait pas dans la dentelle, mais ce reportage « à charge » ne répond pas à la question essentielle que le télespectateur pourrait avoir l’idée de se poser : « Quelles sont les relations de la presse avec le pouvoir (politique ou économique) ? Il aurait été plus pédagogique – et objectif – de faire une série d’émissions sur ce thème.
En ce qui concerne les relations difficiles – voire ambiguës – entre la presse et le monde politique, c’est presque une tradition. Sans aller chercher bien loin dans notre passé, citons Marat et son quotidien L’Ami du Peuple. Le Conventionnel avait fait fort : homme politique et journaliste à la fois. Si nos Helvètes étaient allés le filmer, nul doute qu’ils auraient été condamnés à la censure radicale : la guillotine. Les anciens pontes du JT qui se lancent dans la politique, les journalistes – de gauche comme de droite – qui partagent leur vie avec des hommes de pouvoir, ça interpelle aussi quelque part.
Le quatrième pouvoir
La presse est qualifiée de « quatrième pouvoir ». Cela veut dire que, face aux pouvoirs de l’Etat, elle doit exercer un contre-pouvoir. L’information est l’un des outils qui permettent de garantir la pérennité d’une démocratie. Encore faut-il qu’elle soit plurielle. Ce qui est loin d’être le cas dans certaines contrées reculées de l’Hexagone. Mais là, les journalistes ne s’inquiètent pas de savoir si le citoyen a toute liberté pour exercer sa profession de lecteur.
Le bouleversement de la sphère médiatique a vu également l’introduction des financiers dans un microcosme dirigé et géré par d’authentiques journalistes. C’est sans doute là que le bât blesse et que se trouve le talon d’Achille de la presse d’aujourd’hui. De là à en faire porter le chapeau à tel ou tel Président de la République, c’est trop facile. Un président qui « fait et défait » les patrons de journaux, c’est anti-démocratique, tout comme l’inverse. A chacun son rôle.
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