Un groupe d’étudiants de l’IRTS Champagne-Ardenne a ouvert samedi après-midi les Ailleurs de Contrebande avec un spectacle de rue inspiré par « L’Odyssée » d’Homère. Ils ont réalisé une véritable prouesse technique en réalisant décors, costumes et mise en scène en seulement quatre jours.
Ils étaient onze étudiants de première année, arrivés de l’Institut Régional des Travailleurs Sociaux de Champagne-Ardenne pour réaliser une médiation (hors Reims) dans le cadre de leur formation. Issus de différentes promotions (éducateurs spécialisés, moniteurs éducateurs, éducateurs de jeunes enfants), ils ont choisi les arts de la rue plutôt que le cirque, la photographie ou les marionnettes.
Pour le non initié, qu’est-ce qu’une médiation ? En fait, il s’agit d’un stage de découverte (danse, …). « Ca va nous permettre d’avoir des supports pour nos futures activités professionnelles, explique Mathilde, et nous nous en servirons auprès de nos publics. Cette fois-ci, nous avons choisi les arts de la rue, mais nous avons déjà suivi des stages de théâtre, de poterie, de clownerie. Ils nous permettent aussi de faire un travail sur nous-mêmes. »
Le groupe a posé ses valises à Revin mardi matin pour quatre jours de travail intensif. Ils sont tous novices, mais volontaires. Guillaume Laurent, l’intervenant de cette semaine d’initiation, est le co-fondateur de la Cie Les Mangeurs de Cercle. Il leur a donné le thème du spectacle final dès leur arrivée.
« Dans cet atelier-là , il y a différentes personnes qui ne se connaissaient pas, intervient celle qui va interpréter le rôle d’Ulysse. On est dans la même école, mais il y a beaucoup d’étudiants. On ne se connaît pas tous, mais nous avons réussi à vivre ensemble. Nous avons fait connaissance, travaillé ensemble. Nous avons créé une expérience humaine énorme. »
L’année prochaine, ils choisiront d’autres médiations et perfectionneront au choix leurs connaissances dans des domaines aussi divers que la clownerie, le théâtre, la danse, la sculpture et les arts plastiques.
Ulysse livre bataille contre le Cyclope.
Ulysse et « L’Odyssée »
Guillaume Laurent ayant proposé à ses stagiaires de travailler sur « L’Odyssée », il a fallu tout d’abord recréer l’histoire en quelque sorte, l’adapter pour trois quarts d’heure de spectacle. Les apprentis artistes de rue ont fabriqué de leurs mains le bateau et les personnages mythologiques, à partir de matériaux de récupération qui leur ont été fournis.
Pour ce qui est des idées, l’intervenant leur a laissé libre choix, se contentant de conseiller et d’orienter lorsque les difficultés s’avéraient trop techniques. Fiers d’avoir réalisé seuls les éléments du décor, les étudiants rémois ont planché sur la mise en scène dès jeudi. Au programme : lecture et choix de scènes.
A quelques minutes de prendre le départ pour une (courte) odyssée dans les rues des Mazures, les joyeux drilles tiennent à rappeler qu’ils sont tous des amateurs. « On a découvert les arts de la rue mardi, à 10 heures du matin, confie l’une avec fierté. Les élèves devaient être doués, car trois d’entre eux sont perchés sur des échasses. « On y est tous passés, plaisantent-ils en choeur, mais seuls les trois meilleures ont été sélectionnées pour défiler. »
Un cortège « homérique »
Il est 17 heures. Les baladins se mettent en place, près de l’église. Guillaume Laurent surveille de loin sa petite troupe. Le cortège s’ébranle, tambours en tête. Il est suivi par une foule bon enfant. Les Revinois se sont déplacés en nombre, mais les habitants du village n’ont pas fait faux bond. De nombreux enfants sont ravis et gambadent autour de l’embarcation. Ulysse, de blanc vêtu, guide ses esclaves, qui tirent le navire à la force de leurs bras.
Le retour vers Ithaque est parsemé d’embûches. L’épée à la main, Ulysse combat virilement le Cyclope, un serpent monstrueux et une sirène qui ressemble à un poulpe. Enfin, des « monstres », comme l’ont annoncé les acteurs avant de prendre le départ.
A la fin de leur prestation, le héros grec et son équipage ont été applaudis chaleureusement par le public. Certains devaient rapidement prendre la route pour regagner leurs foyers. Mais de monstres ils ne rencontrèrent point. Chez les Contrebandiers de l’Arel, le seul qui ait désormais droit de cité jusqu’au 2 juin prochain s’appelle Mossie.