Le directeur général du Fonds Monétaire international et potentiel candidat la primaire socialiste pour les élections présidentielles de 2012 est inculpé pour avoir agressé sexuellement une femme de ménage noire. Que cette accusation s’avère fondée ou pas, la France risque fort d’être la deuxième victime de cette affaire.
(Portrait officiel de DSK au FMI, 2008).
Si la nouvelle a suscité un véritable séisme en France, elle n’a pas non plus laissé indifférent sur le Plateau. Les badauds qui étaient venus se balader sur le marché aux fleurs de Rocroi faisaient part à la fois de leur stupéfaction et de leur incrédulité, quelle que soit leur opinion politique. « C’est un coup monté par la CIA« , accusait un jeune homme. Devant l’énormité de l’accusation, chacun essayait de reconstituer mentalement le film des événements. Une femme se demande pourquoi Dominique Strauss-Kahn était nu. « Normal, lui répond la personne qui l’accompagne, il sortait de la douche. » Ailleurs, on rappelait la campagne médiatique dont le favori des sondages est l’objet depuis quelques semaines, à propos de son train de vie. De là à voir une machination dans ce fait divers, certains ont franchi le pas. Mais est-ce bien raisonnable ?
La théorie du complot
Il est improbable que l’inculpation de DSK fasse le bonheur de Nicolas Sarkozy qui, au demeurant, s’est investi personnellement pour que l’ancien ministre du gouvernement Jospin soit nommé en 2007 à la tête du FMI. Le désastre – en terme d’image – que la France est déjà en train de subir aura des conséquences à long terme. L’influence de notre pays sur l’échiquier mondial pourrait être remise en cause. Sarkozy, président en exercice du G8, risque d’être gêné dans son action. Toutefois, l’hypothèse d’une machination a été avancée par des personnalités politiques de tous bords.
L’extrême-droite américaine n’a pas perdu de temps pour récupérer l’affaire et tacler les organisations internationales, dont le Fonds Monétaire International. Au passage, si ce n’étaient les circonstances, il serait plutôt amusant de constater que Strauss-Kahn passe pour un « communiste » aux yeux des conservateurs américains quand il est vu dans l’Hexagone comme un représentant de la gauche ultra-caviar. Quoi qu’il en soit, il existe bien aux Etats-Unis des politiciens – et des financiers – auxquels l’arrivée du « Frenchie » à la tête du FMI a fortement déplu. De là à profiter des « faiblesses » d’un homme attiré par les femmes, pourquoi pas ? La réalité dépasse parfois la fiction.
Un accro du sexe ?
On ose espérer qu’un homme susceptible de devenir Président de la République française (le pays des droits de l’homme et… de la femme) ne pense pas que les faveurs sexuelles – consenties ou pas – font partie du room service. Son aventure extra-conjugale avec Piroska Nagy, une économiste du FMI, n’avait pas choqué les Français, habitués aux frasques de leurs gouvernants depuis l’Ancien Régime. La réputation de « Casanova » des temps modernes traînée par DSK était sans doute flatteuse aux yeux de certains. Sauf que là, il ne s’agit plus de séduction, mais d’une brutale agression.
Une affaire dérangeante refait d’ailleurs surface. Ce dimanche, sur FR3 Haute-Normandie et BFM TV, Anne Mansouret – vice-présidente du Conseil général de l’Eure et conseillère régionale de Haute-Normandie – a accusé DSK d’avoir voulu agresser sexuellement sa fille Tristane Banon en 2002. L’élue socialiste reproche à DSK d’être « malade » et de souffrir d' »addiction au sexe« . Aucune plainte n’avait été déposée, la mère ayant dissuadé sa fille d’engager une action.
La présomption d’innocence
Niant en bloc les accusations portées contre lui, Strauss-Kahn a choisi de plaider non coupable. Quand on connaît le fonctionnement de la justice américaine et son caractère impitoyable, on préfère penser qu’il n’aurait pas fait ce choix s’il avait été coupable. Les charges retenues sont terribles : acte sexuel criminel (fellation), tentative de viol et sequestration. Des accusations pouvant lui valoir jusqu’à 20 années d’emprisonnement.
L’ancien favori des sondages entend bien prouver son innocence, même si son accusatrice l’a reconnu formellement comme étant l’homme qui l’a agressée samedi, à 13h00 (heure locale), dans la suite 2806 de l’Hotel Sofitel, à New York. Dans le système judiciaire américain, c’est au procureur qu’il revient d’apporter la preuve de la culpabilité. En attendant, la plus extrême prudence est de mise. Rappelons, pour mémoire, les accusations de pédophilie dont furent victimes Frédéric Mitterrand et Daniel Cohn-Bendit.
Une carrière brisée
Déjà remplacé à la tête du Fonds Monétaire International par John Lipski, le numéro deux de l’organisation, Strauss-Kahn pourrait être contraint à la démission. Tout simplement parce que le calendrier judiciaire va le rendre indisponible pour un long moment. Cette inculpation tombe on ne peut plus mal, puisque le FMI doit intervenir pour éviter la faillite de certains pays comme la Grèce. Que son directeur général soit innocent ou coupable, peu importe. DSK n’est plus aux commandes et il faut un pilote pour diriger les finances mondiales.
Quant au destin présidentiel de M. Strauss-Kahn, il semble lui aussi compromis. Dans un sondage publié hier sur le Net, le Midi Libre interrogeait hier les internautes : « Dominique Strauss-Kahn peut-il encore prétendre à la présidence de la République ? » 69,4 % ont répondu non, 24,9 % oui, et 5,7 % étaient sans opinion. Le figaro.fr posait une question similaire : « La carrière politique de Dominique Strauss-Kahn est-elle terminée ? » … oui à 77,57 %, et non à 22,43 %. Des chiffres sans appel, qu ne reflètent sans doute pas l’opinion des internautes quant à la culpabilité de DSK.
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1. Le lundi 16 mai 2011 à 23:56, par Indigné 66
2. Le lundi 16 mai 2011 à 13:19, par Anonyme
3. Le lundi 16 mai 2011 à 10:39, par ardenne mag
4. Le lundi 16 mai 2011 à 09:31, par mich2pains