Après l’évacuation, c’est la mise en perspective des outils de propagande de la collaboration et de la Résistance qui constitue le thème de l’exposition inaugurée ce soir à la Maison Espagnole.
L’an dernier, l’exposition consacrée à l’évacuation des Revinois en Vendée (« Mai 1940 ») avait remporté un vif succès. Au final, ce sont 1661 personnes qui l’ont visitée. La Ville, avec le concours de l’Office de Tourisme, a décidé de transformer l’essai en organisant cette fois une exposition consacrée à une autre thématique de la Seconde Guerre mondiale : la collaboration et la Résistance.
L’inauguration a eu lieu ce vendredi, en présence de Philippe Vuilque, député-maire, de plusieurs élus et de représentants des associations locales, dont celles d’anciens combattants. Elle occupe le premier étage de la Maison Espagnole. Cette exposition mémorielle est composée de deux éléments, dont le premier a été prêté par l’Office National des Anciens Combattants et Victimes de Guerre (ONACVG). « Signes de la collaboration et de la Résistance » est constituée de 42 panneaux. Sa réalisation est le fait de la Direction de la mémoire, du patrimoine et des archives (ministère de la Défense).
Les organisateurs de l’exposition revinoise ont sélectionné une quinzaine de panneaux, faute d’espace. « On a ciblé les thèmes qui pouvaient intéresser un maximum de personnes, explique Marie-Louise Rubio, du service culturel de la Ville. Cette période a existé. On ne peut pas l’ignorer. Il faut en parler. »
Propagandes croisées
« Signes de la collaboration et de la Résistance » montre comment la Résistance a pu combattre le régime vichyste grâce à la propagande. Parmi les signes de la Résistance, des tracts, des journaux clandestins (« L’Humanité », « Combat », « La Voix du Nord »), le Journal officiel de la France Libre, la première édition du Silence de la mer, de Vercors, l’Appel du 18 Juin placardé sur les murs de Londres.
De son côté, la France pétainiste utilise des armes de propagande inattendues, comme l’exposition « Le Juif et la France » (1941, Paris). C’est aussi la Milice française qui adopte le signe gamma comme visuel, en référence à la croix gammée nazie.
Une mise en perspective est particulièrement intéressante avec l’étoile jaune imposée au Juiifs et celles portées par des non-Juifs, à Paris, en 1942. Ces protestataires avaient inscrit – sur leurs étoiles de papier ou de tissu – des mentions fantaisistes (Zazou, Goï, Swing 42) ou des signes (croix chrétienne). Une propagande efficace, mais payée au prix fort, par la déportation.
Musée Guerre et Paix
Le deuxième élément de l’exposition est constitué du matériel prêté par le Musée Guerre et Paix en Ardennes. Comme l’a précisé Marie-France Devouge, sa responsable, la fermeture exceptionnelle du musée de Novion-Porcien (pour rénovation complète de la muséographie) est l’occasion de prêter ses collections afin de les faire connaître. Revin a su en profiter à temps, puisque la réouverture est prévue pour mars 2012.
Parmi les documents exposés dans les vitrines, on découvre des brassards FFi, un calot « Les Alliés », un bracelet d’identité FFI, le cercueil de l’épuration, la bague Croix de Lorraine, un exemplaire du « Journal de la Résistance », un cocktail Molotov de 1944, une carte d’identité OCM FFI, le jeu « Le swing », un fanion France Libre ou encore un poste radio avec sa sacoche.
L’humour a droit de cité, notamment avec un mouchouir satirique, dont les broderies rappellent la dure réalité de la vie quotidienne sous l’Occupation : « plus de gâteaux, plus d’essence, jours sans viande… » Tickets de pain, carnet de tabac vont de pair avec un curieux ouvrage, « Le système D en temps de restriction », écrit par un certain Léonce Carlier. On y apprend comment faire du café avec des glands, de l’orge ou… des lupins.
Instrument de propagande, à n’en pas douter, un fascicule prône le « travailler plus pour gagner plus » avec une semaine à 50 ou 60 heures. (L’Histoire serait un éternel recommencement, à ce qu’il paraît.)
Et comme tout finit en chansons, l’exposition présente un « Chansonnier des compagnons » et le tristement célèbre « Maréchal, nous voilà ». A noter que les visiteurs pourront revoir la vidéo réalisée par l’Arel, en 2010, sur l’évacuation de mai 1940. Elle sera complétée par de nouveaux témoignages.
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Maison Espagnole (Musée du Vieux Revin)
Quai Edgar Quinet, Revin.
Signes de la collaboration et de la Résistance
Du 13 mai 2011 au 30 septembre 2011
Du mercredi au dimanche, de 14h00 à 18h00
Contacts : 03 24 42 13 73 ou 03 24 40 19 59
ot.revin@cegetel.net
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1. Le dimanche 5 juin 2011 à 21:36, par Quinet