Philippe Vuilque, député-maire de Revin, vient de faire parvenir une lettre à tous les maires des Ardennes dans laquelle il explicite sa position sur l’intercommunalité et expose les raisons pour lesquelles il considère le schéma proposé par le préfet incohérent et inacceptable en l’état.
Revin, le 15 mai 2011
Cher(e) collègue,
Comme vous le savez, le Préfet des Ardennes vient de présenter à la Commission Départementale de Coopération Intercommunale son projet de schéma. La réforme territoriale, dans son volet intercommunalité, a prévu de simplifier l’organisation, de rendre plus pertinent le périmètre actuel des intercommunalités et d’y rattacher les dernières communes isolées. Cette réforme était nécessaire.
Dans le débat parlementaire, j’avais insisté pour que puissent être pris en compte dans les futures propositions de schéma, les antécédents de coopération et les spécificités territoriales. Un schéma départemental doit également, au-delà des intérêts financiers ponctuels et des positionnements politiques transitoires, préparer l’avenir de notre département. Nous devons raisonner à cinq, dix, voire quinze ans et nous poser la question : « Quelle est l’organisation territoriale la plus pertinente pour le développement de notre département ?
Dans la situation économique et sociale difficile dans laquelle nous sommes, nous devons faire prévaloir l’intérêt général. Or, le schéma, présenté par la Préfet, ne me semble pas répondre en l’état actuel à ces conditions. Je sais que l’exercice est difficile et que le Préfet essaie de prendre en compte les souhaits des uns et des autres, souhaits souvent contradictoires.
Ce schéma présente, me semble-t-il, trois défauts importants :
– D’abord, il rend très difficile la constitution d’une communauté d’agglomération sur le sedanais. Il serait, en effet, souhaitable que la communauté d’agglomération de Charleville-Mézières puisse, avec une future communauté d’agglomération de Sedan, engager des coopérations et des projets de développement commun pour, pourquoi pas, à terme, constituer une seule entité. Ces deux agglomérations constituent un axe majeur de coopération et de développement pour l’avenir du département. Les responsables économiques, le Président de la CCI des Ardennes, en particulier, ont réaffirmé leurs souhaits, je cite : « de voir se réaliser au plus vite une grande agglomération Charleville-Mézières-Sedan en y rattachant la zone industrielle de Tournes-Cliron. »
– Ensuite, il me semble également logique, dans cette optique de développement que la zone industrielle de Tournes-Cliron fasse partie de la communauté d’agglomération de Charleville-Mézières. Peut-on imaginer une communauté d’agglomération, digne de ce nom, privée d’un tel outil de développement ?
– Enfin, le territoire Nord Ardennes doit se doter d’une organisation territoriale solidaire qui puisse tenter de répondre aux difficultés communes : même territoire, mêmes problèmes, mêmes intérêts… Notre département est trop petit pour se diviser ; or, la proposition du Préfet ne va pas dans ce sens et c’est une grave erreur.
Je n’ignore pas les antagonismes actuels, mais ils sont transitoires. Ils évolueront et ne pèsent pas lourd face aux nécessités. Les cas particuliers de Revin et d’Anchamps en sont l’illustration. C’est pourquoi nous avons appris avec consternation et totale incompréhension que Revin et Anchamps ne faisaient plus partie de la Vallée de la Meuse, ce que ne comprennent pas nos habitants.
Pour votre information, nous participons et adhérons à de nombreux dispositifs territoriaux (Syndicat intercommunal des cantons de Givet-Fumay-Revin pour les réémetteurs de télévisions, Mission Locale Nord Ardennes, dispositif Alizé, CLSPD, aire d’accueil des gens du voyage, PLIE, ORAC, OPAH, Syndicat mixte des pays des Vallées de Meuse et Semoy, PNR, etc…) Manifestement, tout cela ne compte pas puisque nous allons être rattachés à une communauté de communes dont les membres n’ont absolument pas les mêmes préoccupations.
Je pense que vous partageriez notre légitime courroux si vous étiez dans notre cas.
Nous demanderons au Préfet de revoir sa copie dans l’intérêt de notre département. Si néanmoins, ce schéma restait en l’état, ce serait une occasion manquée. A-t-on besoin de cela en ce moment ?
J’ai souhaité, par ce courrier, vous faire part de mes réflexions sur l’intercommunalité qui, certes, n’est pas le préoccupation essentielle de nos concitoyens, mais qui aura d’importantes conséquences pour l’avenir de nos territoires et de leur développement.
En vous remerciant pour votre attention, je vous prie de croire, Cher(e) collègue, à l’assurance de mes sentiments les meilleurs.
Philippe VUILQUE
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1. Le dimanche 5 juin 2011 à 21:30, par Quinet