La délibération du conseil municipal sur le projet de schéma départemental de coopération intercommunale (SDCI) a donné lieu jeudi à une vigoureuse intervention du premier adjoint Alain Roy.
S’il est un sujet qui agace les élus revinois, c’est cette ritournelle qui, assénée en boucle, justifierait – voire excuserait – le refus actuel d’Ardenne Rives de Meuse d’accepter Revin en son sein. Le refrain est connu de tous : “Si Ardenne Rives de Meuse ne veut pas de Revin, c’est parce que gérard Istace n’a pas voulu intégrer le district de Chooz quand on le lui a proposé”.
Une vérité bafouée
Lors du conseil municipal de ce jeudi 16 juin, Alain Roy, premier adjoint, était très colère lorsqu’il a entrepris de rétablir l’historique des faits. “Je voudrais rétablir la vérité, a-t-il réclamé. Depuis que le débat est lancé, beaucoup de choses ont été écrites et dites”.Arguant du fait qu’il siège au conseil municipal depuis 1977, l’élu a donné sa version.
S’il a admis que chacun avait le droit de défendre son point de vue,A. Roy s’est toutefois insurgé contre ceux qui travestissent la vérité. « Lors de la réunion de la CDCI du 26 avril dernier, a-t-il accusé, il a été dit que la commune de Revin, à l’origine, n’avait pas souhaité s’intégrer dans une démarche d’intercommunalité”.
Reçue en mairie le 7 juin, une lettre du Président d’Ardenne Rives de Meuse a mis le feu aux poudres. “Dans ce courrier, tempête le premier adjoint, on lit que la commune de Revin, à l’époque, n’a pas voulu adhérer au district de Chooz, car elle ne souhaitait pas courir le risque d’être amenée à payer les dettes des cantons de Givet et de Fumay*”.
Alain Roy a réfuté vigoureusement cette accusation, affirmant que la question d’une adhésion au district de Chooz n’avait jamais été posée au conseil municipal. “Je mets au défi quiconque de trouver une délibération”, a-t-il lancé. S’il est avéré que la commune n’a pas refusé de proposition émanant du District de la Région de Chooz, aucune demande n’a été formulée de la part de Revin. “Pourquoi?” s’est-on interrogé sur les bancs de l’opposition.
En 1994, les cartes changent de mains. Bernard Dahout succède à Gérard Istace. Dès juin, la nouvelle équipe entreprend des négociations pour intégrer le district de Chooz. “ Nous avons fait plusieurs demandes d’adhésion et nous n’avons jamais eu de réponse. A chaque fois, il était urgent d’attendre. Je veux bien que le conseil municipal ait le dos large, mais il faut rétablir la vérité.”
Des chiffres en ligne de mire
En ce qui concerne le projet de SCDI, un deuxième point irrite l’adjoint aux finances, c’est l’absence de simulations financières et fiscales. Rapportant les propos du secrétaire général de la Préfecture : “La direction départementale des finances publiques ne dispose pas encore d’outils prêts à ce jour”, Alain Roy s’inquiète. “Financièrement, fiscalement, on ne sait rien« , confirme-t-il à l’assemblée. Une situation pour le moins inconfortable.
Quelques établissements publics de coopération intercommunale (EPC)I ont fait réaliser des études – à leurs frais. C’est le cas du syndicat mixte du Pays des Vallées de Meuse et Semoy. Claude Wallendorff, maire de Givet et membre du syndicat en question, en a généreusement communiqué les résultats à son collègue revinois pour justifier son opposition à l’intégration de Revin à la com’ com’ Ardenne Rives de Meuse et à la proposition de Philippe Vuilque d’une grande interco Nord Ardennes.
D’après la démonstration de M. Wallendorff, rapportée par Alain Roy, l’intégration de Revin rapporterait 500 000 euros de DGS, mais la seule réorganisation du SDIS coûterait 320 000 euros. Compte tenu des autres dépenses à réaliser, le solde serait négatif pour Ardenne Rives de Meuse. “La com’ com’ ne veut pas payer pour Revin. Voilà son argumentatuion financière”, a rapporté le premier adjoint, qui s’est interrogé sur la manière dont cette étude avait été conduite.
Un schéma économique
L’économie constituait le dernier thème de l’intervention d’Alain Roy. Pour lui, l’industrie métallurgique est indissociable de l’activité économique revinoise. Un modèle qu’il ne voit pas évoluer dans un futur proche, malgré les difficultés actuelles. C’est pourquoi il s’interroge sur les points communs qu’une ville industrielle peut avoir avec des communes rurales, “qui vivent de l’agriculture et souffrent des problèmes agricoles”.
Si on l’en croit, aucun schéma économique ne pourrait voir le jour au sein de l’ interco proposée par le Préfet, le seul point commun entre les 33 communes étant le ramassage des ordures ménagères. “J’estime qu’il faut avoir un peu d’ambition”, a raillé M. Roy.
Se faisant le porte-parole de ses pairs, l’adjoint a rappelé que l’interco avait pour but “le développement de notre territoire, de notre département. Nous vivons dans un département de 280 000 habitants, qui est inférieur en population à l’agglomération rémoise, et on nous propose de le morceler en 11 com’com’différentes”. Un projet suicidaire,en quelque sorte, sur le plan économique.
A. Roy n’a pas manqué de rappeler que la carte de l’intercommunalité approuvée en 2006 l’avait été grâce aux votes des élus de gauche comme de droite, replaçant les propositions de Philippe Vuilque et d’Unimair dans une légitimité historique. “A l’époque, la CDCI s’était prononcée pour 7 intercos, s’est souvenu le premier adjoint. Voilà pourquoi nous nous battons. Ce schéma nous avait semblé intéressant et porteur.”
* Le District de la Basse-Meuse a été créé le 1er janvier 1988 dans le but de garantir le remboursement des emprunts contractés par les communes d’accueil de la centrale nucléaire de Chooz B (27 millions de francs par an).
En contrepartie, il devait faire profiter les autres communes du district des retombées financières générées par la centrale. Le 11 août 1991, le District de la Basse-Meuse change son nom en District de la région de Chooz. Il se transforme en communauté de communes au 1er janvier 2002, en appllication de la loi Chevènement (12 juillet 1999), avant de devenir, le 1er août 2004, Ardenne Rives de Meuse.