Réunis mardi soir en assemblée plénière, les délégués de la communauté de communes ont finalement voté en faveur du schéma proposé par le Préfet. Revin et Anchamps ont constitué l’un des points de crispation d’un débat parfois musclé.
L’assemblée plénière du conseil communautaire a commencé dans une ambiance électrique. Régis Depaix, maire de Montcornet, n’a pas apprécié que l’Association des Maires du Département des Ardennes (AMDA), dont il est président, ait été accusée d’avoir manoeuvré pour intégrer Revin et Anchamps à l’interco du Plateau.
Au cours d’une déclaration, il a rétabli la chronologie des faits avant de détailler les points forts du projet, au niveau notamment de la fiscalité (centrale EDF des Mazures, zone industrielle de Tournes-Cliron) et des infrastructures (A304).
En ce qui concerne l’accueil des deux communes de la Vallée, M. Depaix a invité l’assemblée à sortir “de ces vieux schémas et réflexes d’autres temps”, souhaitant par ailleurs unir les points forts de diverses collectivités. “Pourquoi pourrait-on travailler ensemble dans le cadre du Parc Naturel Régional et pas dans celui d’une communauté de communes ?” s’est-il interrogé.
Ceux qui partent…
Le projet de Schéma Départemental de Coopération Intercommunale (SDCI) prévoit le départ de trois communes (Etalle, Regniowez et Maubert-Fontaine), qui devraient rejoindre Signy-le-Petit et la Thiérache. Certains membres ont voulu connaître l’avis des maires des communes concernées, d’autant plus que, le 22 mars dernier, une motion avait été votée à l’unanimité. Elle proposait la création d’une interco basée sur l’ancien périmètre du Syndicat du Pays des Rièzes et des Sarts.
Premier à prendre la parole, Jean-Louis Swartvagher, maire d’Etalle. Le conseil municipal a voté vendredi contre le schéma, à l’unanimité. Le propos de M. Swartvagher est ferme : “Revin et Anchamps ne souhaitant pas intégrer la communauté de communes, je ne me vois pas travailler avec deux grosses communes (sic) qui vont peser et ne veulent pas participer, reconnaît-il. On s’était positionnés sur un périmètre élargi qui me semblait cohérent. Si notre souhait de voir une grande communauté de communes (Sinoa, Val et Plateau d’Ardenne, Plaines et Forêts de l’Ouest : ndlr) ne pouvait aboutir, on veut intégrer la Thiérache et Signy-le-Petit.”
Jean-Yves Lagneaux, maire de Regniowez, n’a jamais caché son opposition à l’entrée de Revin dans l’intercommunalité, craignant que le coût en soit élevé. Invité à donner son avis sur le redécoupage, alors que sa commune devrait rejoindre Signy-le-Petit, l’édile maintient sa position initiale. “Nous souhaitons rester dans la logique de la motion du 22 mars, confirme-t-il. Je ne suis pas certain que tous les conseillers municipaux votent contre (le schéma : ndlr). Ils pourraient s’exprimer en faveur d’une intégration vers la Thiérache.”
Pour Christian Mougin, maire de Maubert-Fontaine, l’occasion de quitter Val et Plateau d’Ardenne serait plutôt une aubaine. “Notre bassin de vie étant la Thiérache, nous souhaitons aller vers la Thiérache”, affirme l’élu sans détour.
Ceux qui voudraient partir
Si les trois communes partantes se satisferont au final de leur départ, Houldizy et Arreux sont contraintes de poursuivre l’aventure avec Val et Plateau. Le conseil municipal d’Arreux s’est déjà prononcé contre le projet de SDCI.
“Depuis de longues années, a rappelé Robert Colson, nous souhaitons quitter Val et Plateau d’Ardenne. Il manquait juste la signature du préfet de l’époque.Nous sommes surpris que le schéma de 2006 soit oublié, et qu’Arreux et Houldizy ne puissent pas rejoindre Coeur d’Ardenne, comme c’est leur volonté.”
Faisant référence aux propos de Régis Depaix, qui affirmait en début de séance que 60 % des membres de la CDCI s’étaient déclarés favorables au projet du préfet, le premier magistrat d’Arreux s’est emporté : “Comment peut-on dire que ce schéma a eu l’accord de beaucoup d’élus ? Le maire d’Etalle dit ne pas avoir été consulté.”
Un territoire solidaire
Noëlle Devie, maire de Rimogne, affiche ses opinions sans complexe. Elle affirme avoir beaucoup réfléchi sur ce schéma et se demande quelles pourraient être les conséquences d’un choix qui se limite “entre le pire et le moins pire”. Pour elle comme pour de nombreux élus, l’enjeu est de préserver le périmètre de Val et Plateau d’Ardenne.
“Si on s’oppose, que va-t-on devenir?” interroge-t-elle.
Au fur et à mesure des interventions, on sent bien que le vote sera subordonné à cette crainte. Joël Richard, maire d’Harcy, confirme : “J’ai l’impression qu’on a le choix entre la peste et le choléra. Ou l’on accepte ce schéma ou l’on va sur Charleville”.
Lorsque M.Colson évoque la notion de “territoire solidaire”, un élu lui répond du tac au tac : “On n’a jamais été solidaires, raconte pas de conneries.” C’est cru, mais ça parle.
Un vote à bulletins secrets
Les débats étant clôturés, le président Sobanska invite l’assemblée à se prononcer au sujet du projet de SDCI. Très vite, les représentants se divisent à propos du type de vote.
Le maire d’Arreux réclame un vote à mains levées. Jean-François Thiéry, premier vice-président, ne partage pas cet avis. Michel Sobanska tranche. La légalité de la procédure est vérifiée. Au final, 22… mains levées (contre 21) s’expriment en faveur du vote à bulletins secrets. L’ambiance est tendue.
Il est tard déjà lorsque les membres du conseil communautaire déposent enfin leur bulletin dans l’urne. Le dépouillement génère des crispations. Après un court moment d’incertitude, le oui finit par l’emporter nettement, mais sans triomphalisme (30 pour, 2 blancs, 13 contre). Val et Plateau d’Ardenne a sauvegardé son intégrité.
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Conseil communautaire Val et Plateau d’Ardenne du 20 juin 2011
INTERVENTION DE M. REGIS DEPAIX, membre du conseil communautaire de Val et Plateau d’Ardenne, Président de l’AMDA.
“Depuis début 2010, l’association a organisé plusieurs réunions ouvertes à tous les élus. Elle a publié plusieurs documents soit par Lettre du Maire et/ ou sur son site Internet (espace adhérents).
Le point culminant de cette démarche d’information a été la visite du Président de la République le 19 avril à Renwez, soit une semaine avant la réunion de la CDCI.
Des réunions de bureau et du conseil d’aministration se sont déroulées sur ce sujet de l’intercommunalité (11 réunions ou AG).
Le projet de schéma m’a été présenté ainsi qu’à une vice-présidente par Monsieur le Préfet, le 1er avril. Lors de cette réunion, il m’a fait part de ses nombreux contacts avec les élus, et globalement de leur position favorable. Ce schéma a donc été arrêté par Monsieur le Préfet, au vu des rencontres avec beaucoup d’élus communaux, intercommunaux et nationaux.
Le samedi 23 avril 2011, le conseil d’administration de l’AMDA a analysé la proposition de M. le Préfet. Après échanges, il a formulé un avis positif constatant que ce schéma prenait en compte l’équilibre des différents territoires.
D’ailleurs, vous connaissez cette position arrêtée par l’AMDA au vu de mes interventions en bureau de notre com’com’, du compte-rendu de la CDCI du 26 avril que vous avez reçu et des articles de presse.
La majorité des membres du CA de l’AMDA pensent que c’est un schéma qui répond à la loi votée, plus de communes dites “blanches” ou interstitielles et ouvre de nouvelles perspectives pour les collectivités. Il apparaît le plus équilibré possible à ce jour pour les différents territoires entre les ressources fiscales existantes, la structuration fiscale de demain, les bassins de vie, les pôles de développement, de manière à répondre aux besoins des populations.
Il n’exclut pas les évolutions. Il permet de réduire les communautés de 17 à 11 pour notre département.
Sur ma demande, j’ai réuni ce même samedi 23 avril au matin, rue de Clèves, au siège de l’association, les membres proposés par l’AMDA à M. le Préfet, soit près de 60 % de la CDCI.
Globalement, à quelques remarques mineures près, les membres présents ont émis un avis favorable au schéma.
Pour ce qui nous concerne, le projet de l’évolution de notre communauté de communes comporte de nombreux points forts, le potentiel fiscal existant de l’établissement EDF et celui de la zone industrielle de Tournes-Cliron, l’augmentation de la population, le linéaire de l’autoroute A304 qui donne autant de possibilités de développement de la zone Tournes-Cliron, les espaces à urbaniser, les points forts touristiques.
Revin et Anchamps avec nous, c’est pour eux la possibilité de se développer économiquement de manière pro-active et de ne pas attendre la fermeture des usines avant d’agir.
C’est permettre à leur population d’accéder plus rapidement, demain si nous le voulons, au réseau autoroutier français et belge, liaison de Revin-St Nicolas-Rocroi, et mieux irriguer cette partie de vallée en pensant aussi à l’axe Fumay-Rocroi.
Depuis plus de vingt ans, les actions menées conduisent aujourd’hui aux fermetures d’usines dans cette belle vallée. Pourquoi ne pas associer des collectivités dont les points forts différents permettront de mieux répondre aux défis de demain ?
Sortons enfin de ces vieux schémas et réflexes d’autres temps !!! Les habitants de Revin et Anchamps ont des modes de vie similaires aux nôtres, échanges, découvertes, ouverture au monde par Internet et réseaux sociaux. La mobilité du monde appelle à d’autres organisations et à d’autres réponses.
Demain, la mise en place du PNR, rassemblant les forces de la Vallée, du Plateau, de la Sormonne et de la Thiérache offrira aussi de nouvelles perspectives à nos territoires. Pour s’associer au PNR, Revin, Anchamps et d’autres ne se sont pas posés de questions lors de la création du syndicat de préfiguration.
Bien sûr, cela n’exclut pas de conserver toute la vigilance et l’attention nécessaires pour l’évolution des syndicats, leur gouvernance, l’équité de leur contribution, l’articulation avec les autres collectivités. Ces syndicats sont des outils importants de réponses pour nos territoires tout en restant vigilant à leur rationalisation.
J’ai confiance en Tous les Elues et Elus de ce territoire, pour demain travailler ensemble à un meilleur avenir pour les Ardennaises et les Ardennais.
Ce sont les raisons qui m’incitent à soutenir ce projet des nouvelles intercommunalités pour les Ardennes.”