Après un été pluvieux, les toilettes sèches ont quelque chose de réconfortant. Leda, atelier et chantier d’insertion, a développé un projet de fabrication de cabines à compost. Les festivaliers du Cabaret Vert pourront en découvrir prochainement les premiers prototypes.
Il existe plusieurs types de toilettes sèches (à litière, à compost, à litière biomaîtrisée). En fait, toilettes sèches veut dire “sans utilisation d’eau”. Ces petits coins respectueux de l’environnement sont souples d’utilisation et leurs promoteurs tentent de convaincre un large public, alors que le prix de l’eau augmente, de même que son retraitement dans les stations d’épuration.
Le Cabaret Vert
Forte de son nom (L’Environnement D’Abord), Leda s’est lancée dans une bataille à la fois environnementale et économique par le biais de la fabrication de toilettes sèches à compost. Ses responsables ont trouvé un allié de poids à Charleville-Mézières avec l’écofestival du Cabaret Vert qui, du 26 au 28 août, utilisera les cabines fabriquées par l’association revinoise.
“Il y a deux ans, l’association Flap, qui porte le Cabaret Vert, nous a sollicités, se souvient Olga Victor, directrice de Leda. Pour leurs toilettes sèches, ils faisaient appel jusqu’alors à des organismes du Sud de la France. Leur souhait était de trouver une alternative locale”.
Leda aurait dû démarrer l’activité début 2010, mais un contretemps l’a contraint à patienter jusqu’à l’automne. “Nous avons démarré modestement la conception et la production des prototypes, poursuit Olga. La première expérimentation in situ a eu lieu à Revin, le 8 juillet, à l’occasion du cabaret-cirque organisé par l’Arel et la Compagnie des Mangeurs de cercle”.
La présence de salariés du chantier d’insertion sur le site du Cabaret Vert permet également la valorisation de leur travail en direction du public. “Ce sont des lieux aussi où ils vont rencontrer des entreprises qui font du montage-démontage de scènes et qui sont de potentiels employeurs pour eux, rappelle la responsable. L’objectif est qu’ils retrouvent un emploi le plus rapidement possible, en dehors de chez nous”.
Toilettes à louer
Si Leda est d’abord connu pour son rôle dans l’entretien des berges de Meuse, on sait moins que ses salariés ont dégagé le Chemin Martin après la tempête du 14 juillet 2010 et qu’ils déneigent certaines gares de la vallée de la Meuse. L’atelier s’est donc diversifié tout en restant fidèle à ses engagements initiaux.
“Leda s’oriente vers différentes prestations, qui seront progressivement mises en place, précise Mme Victor. Il s’agit de location simple, avec contrat d’entretien ou sensibilisation à l’environnement. L’action peut être ponctuelle, par exemple sur les festivals, ou plus longue, notamment sur les chantiers”. Dans cette optique, le Lien, chantier d’insertion, a fait appel à son homologue revinois pour étudier la possibilité d’installer des toilettes sur le chantier du fort Condé (Givet).
Certaines communes commencent à être intéressées par la location de toilettes sèches pour la période estivale. Une cabine devrait être installée en 2012 à Anchamps. Précisons que tout est mis en oeuvre pour lutter contre les intempéries et les dégradations. Les structures – en bois traité – sont solides et les accès aux vidanges sont verrouillés. Elles peuvent être démontées pour l’hiver et stockées facilement. Des essences de bois ardennais pourraient peut-être être utilisées à l’avenir. “C’est une piste à creuser”, selon Olga Veron.
La vente de cabines n’est pas d’actualité. Des particuliers sont intéressés, mais Leda ne peut satisfaire leurs demandes pour le moment. En tant qu’atelier-chantier d’insertion, ses prestations sont dirigées vers les collectivités locales, les établissements publics ou les associations d’intérêt général.
Des perspectives intéressantes
Différentes pistes de travail devraient se formaliser dans les mois à venir, “mais il est encore trop tôt pour communiquer”, s’excuse Olga. Nous creuserons dès que nos prototypes seront calés”. Les perspectives ne manquent pas et se nourrissent des expérimentations conduites avec succès dans les pays nordiques, et même en France.
Dans certains départements (Vosges, Haut-Rhin, Lot…), des toilettes sèches ont été installées sur des aires d’autoroutes. Chez nous, la mise en place de cabines le long de la Voie Verte permettrait au Conseil Général de mettre en oeuvre une politique d’aménagement durable du territoire, mais il ne s’agit pour le moment que d’une idée jetée en l’air.
On pourrait également installer des toilettes « propres » dans les communes – en certains endroits stratégiques – ou sur des sites touristiques. Le produit se décline en versions personnalisables : latrines, toilettes aménagées pour les personnes à mobilité réduite. Plusieurs structures réfléchissent actuellement à l’intégration – à moyen ou long terme – des toilettes sèches dans l’éco-construction.
Une logique de proximité
Les grands principes s’appliquent parfois dans des domaines inattendus. Si Lavoisier a démontré que “rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme”, Leda applique le précepte à la lettre. “Nous sommes en train de travailler la logique de filière, parce que l’intérêt des toilettes sèches, c’est aussi de pouvoir composter”, justifie Olga Victor.
L’association envisage de travailler à plus long terme avec une structure de méthanisation, comme cela se pratique en Belgique. L’idée est de garder une certaine cohérence environnementale. Il ne s’agit pas d’agir pour le plaisir de construire des cabanes en bois. Leda articule son projet avec ceux d’autres structures d’insertion tout en créant une filière locale.
“Nous travaillons avec la scierie de Bell’Occas’, à Auvillers-les-Forges”, rapporte la directrice de Leda. La sciure que nous utilisons provient de là-bas. Nous souhaitons rencontrer en septembre les responsables du CFPPA de St-Laurent, qui a aussi un chantier d’insertion. Ils font du maraîchage et on aimerait savoir s’ils sont intéressés par notre compost, nos résidus de vidanges. Nous avons aussi évoqué le sujet avec Val Services, un autre chantier d’insertion, sur la Pointe, pour les mêmes raisons”.
Dans un avenir encore indéterminé, Olga Victor aimerait créer des circuits de collecte de compost. Elle envisage de démarcher des agriculteurs pour l’épandage. Son souhait est de disposer de relais sur une partie du département afin de rester dans une logique de proximité. “Nous avons toutes les pièces du puzzle, ajoute-t-elle en guise de conclusion. Il ne reste plus qu’à les assembler”.
Sensibiliser et convaincre
Chloé Dufay, chargée de projet, vient d’intégrer Leda début juillet. L’une de ses missions consiste à travailler sur la sensibilisation et la formation du personnel qui doit encadrer les prestations proposées par l’association. Il faut aussi sensibiliser les publics plus jeunes afin de dépasser une approche restrictive qui cantonnerait le sujet au rayon “matériel de w-c”. Car – Chloé enfonce le clou – derrière la proposition de toilettes sèches se profile un questionnement environnemental : Comment réinvestir les matières, aujourd’hui dans le compost, et à terme, dans la production de gaz ?
Chloé ne le nie pas : “Il existe quand même une certaine appréhension face à ce type de toilettes. Pourtant, leur installation se développe. De plus en plus de particuliers équipent leur maison avec ce type de w-c, mais certaines personnes demeurent réticentes. En même temps, il faut se rappeler que les toilettes sèches sont utilisées par 80 % de la population mondiale”.
En juillet, lors de la soirée cabaret-cirque, les enfants se disputaient pour aller au petit coin écolo. Cette frénésie n’étonne pas la chargée de projet. “Pour eux, ce n’est pas compliqué, analyse-t-elle. Ils considèrent ça comme un jeu. La plupart du temps, ce sont les adultes qui font preuve de réticence, puisque ça leur rappelle cet aspect un peu rétrograde de la cabane au fond du jardin. Ils refusent d’adopter ce qui est pour eux un retour en arrière. Il nous appartient de leur faire prendre conscience que les toilettes sèches, c’est à la fois écologique, économique et pratique”.
Une aberration heurte la jeune femme, bien qu’elle ne fasse guère la une dans les pays industrialisés, et notamment en France. Alors qu’une goutte d’eau vaut de l’or dans certaines contrées, “nous utilisons de l’eau potable pour faire la lessive, laver notre voiture, arroser le jardin, prendre une douche et… aller aux toilettes”, accuse Chloé. Un gaspillage, chiffré entre 6 et 15 litres à chaque fois qu’on tire la chasse. Les toilettes représentent 40 % de la consommation globale d’eau des ménages. Pas très moral.
Pour lutter contre cette gabegie, un argument pourrait influencer le consommateur, parce qu’il touche au portefeuille. L’utilisation de toilettes sèches permet à une famille de quatre personnes d’économiser chaque année 120 euros sur sa facture d’eau (moyenne). Reste à comparer avec le coût du matériau à compost..
“Des collectivités se réveillent et aident les particuliers à acquérir du matériel à compost ou à récupération d’eau, constate la chargée de projet.Il faut répéter inlassablement que l’eau est un enjeu planétaire individuel, qu’elle est plus importante que le pétrole. On meurt faute d’en avoir”.
Des odeurs absorbées
Les toilettes sèches n’irritent pas plus les narines que leurs consoeurs chimiques. Chloé Dufay explique : “Le principe est d’utiliser une sciure bien sèche, qui absorbe les fluides et les mauvaises odeurs. On peut aussi utiliser des copeaux de bois (non traité, NDLR), du carton déchiré en morceaux, des cendres ou de la paille broyée« . La sciure est le matériau le plus souvent utilisé.
Il est nécessaire d’installer une poubelle pour y jeter ce qui ne peut pas être composté (protections féminines, chewing gums, mégots de cigarettes) afin d’obtenir un produit tout à fait naturel et un compost de qualité. Pour ce qui est du papier toilette, haro sur les produits chimiques : il ne doit contenir ni colorant ni parfum. Les accessoires doivent respecter la logique de développement durable.
Au top
En tant que chantier d’insertion, Leda a fait un pari ambitieux, celui de parvenir à sensibiliser les personnes qui travaillent dans ses locaux. Elles peuvent aussi participer à sensibiliser le grand public. “Je pense que parmi ceux qui travaillent ici, certains sont tout à fait d’accord sur le principe,estime Chloé Dufay, mais de là à mettre en pratique….”
Les réticences ont tendance à reprendre le dessus, parce que les questions environnementales concernent encore un public plutôt citadin ou d’un certain niveau social. “Etre respectueux de l’environnement a un coût”, confirme Mme Dufay.
Fort de son expérience et de ses convictions, Leda intègre son projet « toilettes sèches » dans un ensemble qui comprend un savoir-faire acquis au niveau des activités du chantier d’insertion (assainissement des berges de Meuse, montage d’ouvrages bois). Le volet “sensibilisation” viendra se greffer sur cette base technique.
Au plan sociétal, Chloé Dufay aimerait convaincre et faire admettre que les toilettes sèches représentent une avancée. “Elles sont au top, insiste la jeune femme, et sont conçues en fonction de nos envies, avec un travail sur le design. Il est possible de les personnaliser, d’obtenir du « sur-mesure ». On peut à la fois se faire plaisir et avoir un geste écologique”.
Pour en savoir un peu plus, Chloé Dufay recommande un livre-référence :
“Un petit coin pour soulager la planète”, Christophe Elain (Editions Eauphilane). Jardinier de formation, l’auteur est parti pendant deux ans à travers le monde pour découvrir les différents systèmes de toilettes sèches. Sur chaque exemplaire vendu (13 euros), 2 euros sont reversés à une association qui construit des toilettes sèches dans le Tiers-Monde.
serait interessé pour une location d’une toilette séche pour le week-end du vendredi 25 mai au lundi 28 mai 2012 et savoir le prix de la loction en vous remerçiant
cordialement
LEDA (L’Environnement d’Abord) 23, rue Paul Bert – 08500 Revin
Tél. : 03 24 42 35 04 – Fax : 03 24 40 16 45 – Mail : leda665@orange.fr
J’apprécie fortement cette idée de toilettes sèches. Le concept est vraiment très pratique,
Le montage de ces toilettes, c’est très simple.
Maintenant; il suffit juste qu’elles soient acceptées par tous car utiliser de l’eau saine juste pour évacuer des
excréments est vraiment stupide, sachant que dans quelques années l’eau potable risque de manquer à l’homme ; donc, aidons la planète et acceptons les moyens écologiques que nous pouvons utiliser.