Les trampolines à élastiques ont attiré les jeunes acrobates.
La fête communale s’est déroulée du 20 au 23 août. Cette nouvelle édition a pris un « coup de jeune » avec la participation, pour la première fois, de l’association Solidarock.
Les Rocroyens savent faire la fête. Ils l’ont prouvé ce week-end en alliant musiques plurielles et manèges sur la place d’Armes pour le plus grand bonheur des petits et des grands. Une douzaine d’attractions avaient pris possession de la place et de la rue du Petit Fort. Parmi les nouveautés, des trampolines à élastiques, qui ont permis à certains jeunes de réaliser des saltos quasi professionnels. Même les plus petits se sont risqués à quelques acrobaties sous le regard de leurs parents, qui auraient bien voulu les imiter.
Installé rue du Petit Fort, le manège Paratrooper a remporté autant de succès qu’en 2010. Deux structures gonflables se partageaient la clientèle des plus jeunes. Même chose pour les stands de pêche aux canards. Cette concurrence a sans doute porté préjudice aux artisans forains. Les attractions classiques – manèges enfantins et autos tamponneuses – ont drainé leur public habituel sous un ciel plutôt orageux, mais qui n’a pas réussi à gâcher ces derniers jours d’insouciance avant la rentrée.
Denis Binet, premier adjoint, était visiblement content, dimanche après-midi, alors qu’il venait d’assister au concert donné par l’Harmonie Municipale de Rocroi. « C’est une belle fête, dans la tradition, devait-il commenter. Les odeurs de frites se mélangent aux odeurs de barbe à papa. Les associations jouent leur rôle. Hier, l’ASBR a tenu la buvette lors du bal. La soirée s’est passée sans aucun problème. Aujourd’hui, Solidarock et l’Harmonie municipale assurent l’animation. Les musiciens de l’Harmonie viennent encore une fois d’illuminer la fête par leur présence avec un superbe concert. Il faut dire que nous sommes habitués maintenant. La halle crée un point de rencontre et les Rocroyens ont l’air satisfaits« .
Adrien Fortemps a dirigé l’Harmonie municipale pour la première fois.
La reprise pour l’Harmonie Municipale
Vers 16 heures, après une légère averse, Philippe Streveler et ses musiciens ont présenté un concert qui marque traditionnellement la reprise de leurs activités. Un programme chargé les attend jusqu’à la fin de l’année. Aussi en ont-ils profité pour se refaire une santé… musicale.
Marches, chansons françaises et musiques de film ont enchanté pendant une heure un public d’une centaine de personnes. Avant l’arrivée de Solidarock, la prestation de l’HMR représentait le seul temps fort de la fête. Denis Boquet, son président, s’est déclaré satisfait de cette collaboration. « C’est formidable de travailler avec eux, a-t-il reconnu. Ils sont très corrects et n’empiètent pas sur ce que fait l’Harmonie municipale. Solidarock nous a aidés lorsque nous avons organisé le tattoo en juillet. Il n’y a aucun problème« .
Habitués à voir Philippe Streveler manier la baguette avec brio, les spectateurs ont assisté à un événement inattendu. Adrien Fortemps, dit « le Magicien », habite au Brûly de Couvin, où il fait partie de la fanfare Royale St-Gorgon. Ce jeune étudiant en percussions au Conservatoire Royal de Bruxelles s’est vu confier la direction de l’harmonie rocroyenne pour plusieurs morceaux.
Une belle marque de confiance de la part du chef, qui doit s’envoler prochainement pour Moscou avec la Musique Royale des Guides, et qui avait promis à son jeune protégé de lui confier le pupitre. Le jeune homme, qui s’est fort bien tiré de sa tâche, conduira par ailleurs la totalité du concert que l’HMR donnera ce dimanche 28 août, à 15h45, en l’église de Taillette.
Adrien et Céline, deux « lustics » venus de Namur.
Solidarock à la fête
Pour la première fois, Solidarock participait à l’organisation de la fête communale, donnant un nouveau souffle à une manifestation qui ronronnait sans avoir les moyens de rugir. »Nous avons proposé nos services d’organisation de concerts à la mairie, raconte Rémi Bernard, président de l’association. Nous sommes ravis d’avoir la possibilité d’animer sous la halle ce dimanche« .
Pour établir la programmation musicale, il a fallu tenir compte des circonstances. Pas facile, en plein mois d’août, de dénicher des groupes. Tout le monde ou presque est parti en vacances. Et ce n’est pas plus mal. Explication : « Nous avons choisi de nous faire plaisir avant tout et de faire participer les membres de Solidarock à l’animation de cette journée,précise Rémi. Ce sont des bénévoles de l’association qui se trouvent derrière les platines, qui proposent de la musique« .
Dès 11h00, Pascal Simon – alias Deejay Shark – a montré les crocs sur scène. Ce jeune Rocroyen a dix ans d’expérience en tant du DJ de discothèque. Il aimerait monter sa propre sono en tant qu’auto-entrepeneur dans le milieu du spectacle. Ses amis « solidarockeurs » lui ont proposé d’animer cette première tranche de journée pour qu’il puisse mettre son talent en valeur. En somme, une opération de communication initiée par des potes qui veulent à la fois faire plaisir et se faire plaisir.
Un autre « local » a pris la suite de 14h00 à 16h00. Bartist (Baptiste Colinet) est arrivé avec une playlist vintage. Rien à voir avec les fripes, mais une offre musicale qui avait de quoi rassasier les oreilles rock, reggae ou pop.
Après l’intermède « Harmonie municipale », un groupe namurois est monté sur scène. Originaire de Rocroi, Adrien Laffineur s’est expatrié pour ses études. Avec Ambroise Kesenne (percussions), Maxime Laffineur (basse) et Céline Vandevelde (guitare acoustique, voix), il a fondé Lustic, un groupe de chanson française.
La version rocroyenne de Lustic s’est limitée à deux guitares et deux voix. Adrien et Céline ont proposé des chansons intimistes pour leur 35ème concert. Les amateurs ont pu acheter leur cd (une démo de six titres), sorti dans les bacs en novembre 2010. Enfin, pour clore cette belle journée, Piouselecta (Gaylord Huet) et Bartist se sont relayés aux platines jusqu’à 1h00 du matin.
Casimir Butryn, un Candide sur la place de Rocroi.
La branquignole et le « casi-mur »
L’art et l’écriture ont également eu droit de cité au royaume des manèges et des galettes de vinyl. Caroline Oury, la DS branquignole, customisait des oiseaux en fer forgé à l’ombre des arbres de la Place Verte. Eugène-Victor Butryn, de la Croix-de-Fer, est le géniteur de cette volaille somptueuse au plumage de laquelle la Branquignole ar(t)dennaise apportait des couleurs.
Celle qui aimerait que ses contemporains soient « excités comme un acarien dans le tissu social en route pour le salon de la moquette » a transformé ses mains en oeuvre d’art à force de peindre les ailes d’airain. La déesse n’a rien d’Ar(t)duinna, elles est bien contemporaine avec ses préoccupations, ses révoltes, qu’elle traduit compulsivement dans des tableaux un peu psychédéliques. Certaines sont accrochées aux troncs. Curieuses cimaises…
Autre personnage haut en couleurs, Casimir Butryn, se qualifie volontiers d’aventurier des temps modernes. Et c’est amplement justifié. D’août 1982 à janvier 1985, il a traversé l’Afrique – du Nord au Sud – avec un vélo à deux roues motrices, sans guidon. Un livre témoigne de ce périple complètement fou de plus de 20 000 kilomètres. Son auteur, devenu entre-temps professeur de maths-sciences physiques, aura mis 26 ans pour que soit publié « Candide autour du monde ».
Casimir proposait au quidam de venir consulter son « casi-mur » d’expression électronique dans une sorte d’antre bâchée, au pied de la scène. N’hésitant pas à provoquer les rencontres, le pêcheur au long cours Butryn harponne le client sans préjuger de la friture. Se retrouvent pris à son filet un syndicaliste – la casquette vissée sur son chef – et une blogueuse médusée.
Sur l’écran de l’ordinateur défilent des pensées plus ou moins philosophiques. Le visiteur est sommé d’apporter sa pierre à l’édifice en écrivant sa propre réflexion sur un cahier, qui sera transmis – le bougre l’assure – à Nicolas Sarkozy ! Et ce n’est pas une blague, bien que Casimir en use et en abuse. Même Denis Binet, le pourtant sérieux maire-adjoint, a dû se plier à l’exercice. Qui oserait dire qu’on s’ennuie à la fête de Rocroi ?
Les mains de la DS branquignole seront peut-être un jour exposées à Beaubourg.