Solidarock affiche haut et fort ses valeurs « solidaires » à travers l’organisation de manifestations musicales et artistiques, qui diversifient l’offre culturelle sur le Plateau de Rocroi. @rdenne-mag a rencontré son président, Rémi Bernard, à l’occasion de la fête communale.
@rdenne-mag : Cela fait plus d’un an que Solidarock s’est installé à Rocroi. Quel est votre bilan ?
Rémi Bernard : Le bilan est très positif, car nous sommes toujours là. C’est déjà une preuve de sérieux et de réceptivité de la part de la population par rapport à ce que l’association organise. Les soirées au Bastion du Dauphin tournent bien, entre concerts et expositions de peintures et de photos. En mélangeant les styles et les générations, nos actions « prennent » très bien. Le public est réceptif et demandeur. C’est super.
@-m : Quel bilan tirez-vous de la Fête de la Musique ?
RB : Comme l’année dernière, ça s’est bien passé. On a pu proposer gratuitement 20 groupes. Les tarifs de la restauration étaient abordables pour tous.
@-m : Allez-vous persévérer au niveau de la gratuité ?
RB : Oui, complètement. D’une manière générale, l’association a pour but de proposer des événements qui sont abordables pour tout le monde. La Fête de la musique, c’est gratuit ; la fête communale aussi. Nous demandons cinq euros lors des soirées au Bastion. Il s’agit d’une participation à nos futurs projets. Nous mettons cet argent-là de côté. Au niveau de la restauration, nous pratiquons des tarifs modestes, qui ne sont pas ceux rencontrés dans le commerce.
@-m : Quel est le mode de fonctionnement de Solidarock ?
RB : L’association fonctionne uniquement grâce au bénévolat, mais pas seulement avec une équipe qui anime, monte et démonte. Les artistes sont considérés comme des bénévoles, par le fait qu’ils viennent jouer gratuitement. Nous les défrayons pour leur déplacement. De la même manière, les sonorisateurs sont aussi volontaires. On est à 100 % dans le bénévolat.
@-m : Est-ce que vous refusez toujours des subventions directes ?
RB : Ce n’est pas qu’on les refuse : on ne les demande pas. Pour l’organisation de la fête, nous avons demandé la mise à disposition de matériel, de lieux. Nous l’avons obtenue et j’en remercie la commune.
@-m : Quels sont vos projets ?
RB : Renouveler les prestations de cette année. Une soirée en février et en octobre dans le Bastion du Dauphin, parce que le temps fait que les soirées en intérieur sont idéales à cette période-là. En juin, la Fête de la musique et, si la fête communale se passe bien, peut-être une nouvelle animation à la fête de Rocroi.
@-m : Etes-vous sollicités par d’autres associations rocroyennes ?
RB : En avril, nous avons participé à l’organisation du carnaval, à la demande Ecoliers du Plateau, une association de parents d’élèves. On s’est vraiment bien amusés à animer cet après-midi pour les enfants. Nous avons eu un retour super positif, des parents et de la population. On est vraiment partants pour réitérer l’année prochaine.
@-m : Souhaitez-vous développer vos actions ?
RB : Nous chercherons déjà à pérenniser ces événements-là. Mais, s‘il y a possibilité, nous en créerons de nouveaux. Solidarock reste toutefois une association de bénévoles. Donc, nous ne pouvons pas tout faire…
@-m : Où en êtes-vous de votre projet d’éveil artistique ?
RB : Nos finances nous permettraient de le démarrer, mais nous sommes en attente d’un local pour créer l’atelier. Or la commune n’a pas de salle disponible pour le moment. Le responsable des associations vient de changer. Nous attendons une réponse à notre demande.
@-m : Pensez-vous avoir gagné une certaine légitimité pour qu’on vous donne les moyens de mener ce projet à bien ?
RB : Cela fait un an que nous sommes là. Par les retours, il y a positivité partout. Nous créons des événements qui nous rapportent des bénéfices. Nous voulons les investir dans des activités d’éveil artistique pour les enfants. Cet atelier s’appellera « L’art de l’éveil ». On est vraiment en attente d’une réponse de la mairie pour le mettre en place.
@-m : Comment allez-vous « éveiller » à l’art ?
RB : En faisant découvrir à nos enfants du Plateau ce que sont l’art et l’expression, d’une manière générale. Il s’agit de leur montrer, de mettre à leur disposition tous les moyens d’expression possibles. Ca peut passer par la musique, les arts de la rue, la peinture, la sculpture, la poterie, les marionnettes, le conte…
@-m : Avez-vous déjà trouvé des encadrants ?
RB : Oui. Nos intervenants sont prêts à participer. Manquent les lieux, vraiment. Nous n’avons pas la prétention de donner des cours de musique, de peinture. Non, nous voulons faire découvrir les matières, les matériaux, les différentes façons de s’exprimer. Lorsque nous aurons une certaine réceptivité des enfants, nous aurons démontré qu’il existe un potentiel et une demande pour des ateliers ou des « classes ».
@-m : Ne pensez-vous pas que ce projet peut faire doublon avec les activités proposées par l’Harmonie Municipale de Rocroi, par exemple ?
RB : Il peut servir à l’Harmonie Municipale, qui a une école de musique, mais ne fait plus d’éveil musical pour les plus jeunes. Par nos propositions, on pourrait même amener, je pense, d’autres associations à formuler des demandes. Il faut aussi qu’il y ait des moyens financiers pour concrétiser ces idées.
@-m : Pourquoi ne pas demander de subventions si avez besoin d’argent ?
RB : D’une manière générale, on voulait se débrouiller sans subventions, simplement pour montrer aussi qu’il y a moyen de réaliser du lien social grâce au bénévolat. L’entraide peut créer une émulsion, une fête vivante comme aujourd’hui, où toutes les générations se retrouvent.
@a-m : Cette philosophie ne risque-t-elle pas de porter préjudice à Solidarock ?
RB : Notre premier souci, c’est de pérenniser l’association. Ensuite, les membres veulent pouvoir vivre et réaliser des choses un peu plus importantes. C’est sûr que, financièrement, il sera à ce moment-là indispensable de demander des subventions. On pense donc à Jeunesse et Sports (Direction Régionale de la Jeunesse, des Sports et de la Cohésion Sociale, NDLR), au Conseil Régional ou bien au Département. En touchant quelques fonds, nous pourrons encore mettre en avant la culture et l’art en avant.
@-m : Combien de personnes participent à l’aventure « Solidarock »?
RB : A l’origine, nous sommes huit membres autour desquels viennent se greffer une trentaine de bénévoles. Ces aidants s’amusent en même temps que nous à organiser des manifestations. Il n’y a pas de cotisation chez nous. Ca fait partie des charges globales de l’association. Nous ne voulons pas freiner des personnes qui voudraient entrer, mais qui ne le feraient pas à cause d’une cotisation. Tout est cher aujourd’hui. Il y a juste une demande de participation, d’investissement à donner.
@-m : Au final, quel est l’esprit de l’association ?
RB : Tout simplement, on fait partie d’une association, parce qu’on le veut bien et qu’on s’y amuse. Sinon, ce n’est pas la peine.