Le compositeur et chef d’orchestre Alain Crépin a répété hier soir son « Ouverture à la Bruce » avec les musiciens de l’harmonie municipale. Reconnu comme une sommité par ses pairs, saxophoniste émérite, il enseigne au Conservatoire Royal de Musique de Bruxelles après avoir dirigé pendant 21 ans la Musique Royale de la Force aérienne.
– @rdenne-mag : Alain Crépin, d’où vient votre passion pour le saxophone ?
– Alain Crépin : C’est simple. Deux éléments sont entrés en jeu. Quand j’étais « très plus » jeune, j’avais vu cet instrument à la télévision naissante. J’étais intrigué par sa forme de pipe. Et puis le déclic, c’est qu’un jour, mon grand-père est rentré un soir en disant : « Il n’y a plus de saxophone à la fanfare ». On cherchait donc un jeune qui aurait pu apprendre le saxophone.
– @-m : Vous aviez quel âge ?
– A.C. : Onze ans. Je n’ai pas commencé très tôt. A onze ans, je me suis lancé dans l’étude de la musique et du saxophone.
– @-m : Est-ce un instrument difficile à jouer ?
– A.C. : C’est un instrument facile à mal jouer, mais tous les instruments de musique sont difficiles à bien jouer. Au début, le saxophone, ça va très bien. Et puis, quand on veut monter de niveau, c’est quand même très difficile, aussi difficile qu’un instrument à cordes, parce qu’il s’agit d’un instrument très souple, mais très dangereux pour la justesse. Cela a rendu de très mauvais services au saxophone.
– @-m : Comment pouvait-on apprendre à en jouer ?
– A.C. : Au début, il n’y avait ni écoles ni professeurs de saxophone. Adolphe Sax a été le premier, mais après sa mort, l’enseignement a disparu. C’étaient des clarinettistes et des flûtistes qui jouaient l’instrument tant bien que mal. Maintenant, on a vraiment des écoles et des professeurs.
– @-m : Qui est votre saxophoniste préféré ?
– A.C. : C’est mon professeur, François Daneels (ndlr : décédé en 2010), qui était mon prédécesseur au conservatoire de Bruxelles. Actuellement, j’aime beaucoup mon collègue de Paris, Claude Delangle, bien sûr, et Jean-Denis Michat, qui est à Lyon. Il est vraiment très bien aussi.
– @-m : Comment définissez-vous le son du saxo ?
– A.C. : Je vais simplement reprendre les paroles de Rossini, qui a dit : « Le saxophone est l’instrument qui se rapproche le plus de la voix humaine avec le violoncelle ».
– @-m : Lorsqu’on évoque Rocroi, la Marche de Robert Bruce est immanquablement évoquée. L’identité musicale de la ville se limiterait-elle à cette pièce militaire ?
– A.C. : Je dois vous avouer que c’est la seule chose que je connaisse de Rocroi.
– @-m : Pensez-vous que votre « Ouverture à la Bruce » contribuera à compléter la carte de visite de la ville ?
– A.C. : Ca, je l’espère vraiment. J’espère tout d’abord que la pièce va être éditée. C’est en bonne voie. A partir du moment où elle est éditée, tous les musiciens dans le monde qui joueront cette pièce-là auront au-dessus de la partition la dédicace « Ecrit pour l’Harmonie Municipale de Rocroi » avec un petit commentaire sur l’histoire de Robert Bruce. Donc, je pense que cette ouverture pourrait participer à la renommée musicale de Rocroi.
– @-m : A part la Marche de Robert Bruce, vous êtes-vous inspiré des thèmes d’autres compositeurs ?
– A.C. : Non, il n’y a que la Marche de Robert Bruce. Le reste, ce sont des thèmes originaux que j’ai été puiser sur ma feuille blanche. Mais je suis toujours très motivé par les personnes qui me demandent des compositions. Je connais Philippe (ndlr : Streveler, directeur de l’HMR) depuis pas mal d’années. Je connais son esprit, la manière dont il travaille ici avec ses musiciens.
– @-m : Cela a donc influencé votre manière d’écrire ?
– A.C. : J’étais très motivé. Et je pense que lorsqu’on est motivé, on arrive à faire de très belles choses. Enfin, c’est difficile de dire de ce que j’ai fait que c’est bien, mais bon, je suis assez content du résultat, de ce que j’ai pu sortir de ma tête et de ce que, eux (ndlr : les musiciens de l’HMR), ont déjà sorti ce soir.
– @-m : Peut-on qualifier votre ouverture d’œuvre légère, aérienne ?
– A.C. : Oui, tout à fait.
– @-m : A son écoute, perçoit-on des images militaires ?
– A.C. : Non, pas du tout. (Il se ravise.) Enfin, dans la première partie, si, il y a un peu le côté cérémonial. Mais une bonne introduction majestueuse, ça ne fait jamais de tort à personne.