Barcella vient d’animer des ateliers dans trois classes de la ville (écoles Calmette et Bouverie, collège Georges Sand). @rdenne-mag lui a posé quelques questions sur son expérience de « souffleur de vers », qui l’a emmené l’an dernier jusqu’au Nouveau Monde.
@rdenne-mag : Quelles images garderez-vous de votre passage dans les classes de Revin ?
Barcella : Je garderai l’image d’enfants qui ont une belle imagination et une envie d’aller vers la création. J’ai trouvé ça très intéressant. Ces enfants ont beaucoup à dire quand on les questionne un peu. Ils ont déjà un point de vue sur les choses. On a parlé d’écologie, de voyage… J’ai le sentiment qu’ils ne demandent que ça, faire marcher leur imaginaire pour rencontrer la sensibilité des choses. Ca a bien marché, c’est chouette de faire des projets.
@-m : Quelles difficultés avez-vous rencontrées ?
B : Dans la création d’une chanson, ça va être des difficultés d’ordre rythmique. On travaille sur un nombre de pieds. Il faut que ce soit assez mathématique pour « rentrer » dans la chanson. En même temps, il y a tout ce qui est de l’ordre des rimes – croisées en l’occurence -, et du sens. Une fois qu’on sait compter et que la phrase fait cinq pieds, que les deux phrases qui se suivent – ou les quatre – riment l’une entre l’autre, il faut que le tout ait du sens.
@-m : Et on fait comment ?
B : On pose des questions : Où voulez-vous nous emmener, les enfants, par rapport à cette chanson ? Vous vouliez parler d’écologie… D’accord, on a mis « éolienne », mais ça va dans quel sens ? On est pour ? On est contre ? Ca sert à quoi ? Il y a toute une question de sens par rapport à ce qu’ils font.
@-m : De quelle manière les enfants procèdent-ils ?
B : Ils comptent sur leurs doigts, regardent les mots dans les dictionnaires. Et puis, une fois que ça rime, on se dit : Ce n’est pas parce que ça rime que le sens de ce mot va dans la chanson.
@-m : Est-ce vous qui choisissez la musique ? Quand la faites-vous découvrir aux élèves ?
B : Au départ, c’est moi qui choisis la musique. Je la leur propose et la chante en « la la ». (Barcella fredonne un air.) Ensuite, on scande : « 1-2-3/4-5-6, 1-2-3/4-5-6-7(toujours en musique). On va écrire justement des vers en six et sept pieds : « Il n’y a pas si longtemps »… 1-2-3/4-5-6 (paroles et musique, cette fois), ça marche. Mais si on dit : « Il n’y a pas encore très longtemps », ça ne rentre pas. Voilà les difficultés que les enfants rencontrent et qu’ils essaient de résoudre.
@-m : Vous avez fait une tournée aux Etats-Unis avec l’Alliance française ?
B : Oui, j’ai eu la chance d’y aller l’année dernière. On a fait une date à New York, Washington. Ensuite, on est passés au Canada, à Toronto, Halifax, Ottawa.
@-m : Quel public avez-vous touché ?
B : C’est assez différent. J’ai eu un public francophone dans quelques « Alliances », puisque du côté du Canada, il y avait des gens qui pratiquaient le français. Aux Etats-unis, j’ai rencontré un public qui ne connaissait pas la langue, mais qui avait aussi un intérêt musical par rapport à ce qu’on fait. Parce que la chanson française, pour ceux, c’est toute une histoire.
@-m : Dans ces cas-là, la gestuelle est-elle importante sur scène ?
B : Oui, beaucoup. En fait, ça m’a permis aussi de travailler mon rapport aux autres dans une langue qui n’est pas la mienne, quand mes mots ne se suffisent pas à eux-mêmes pour défendre un peu la chanson. Il faut donc que j’y aille par le biais du regard, de mes petits interludes que j’essaie de faire avec mon anglais approximatif. C’est un autre rapport aux autres.
@-m : Allez-vous sortir un nouveau CD ?
B : Nous sommes en train de finir le prochain album, qui sortira en mars.
@-m : Quel est son titre ?
B : On est en pleine hésitation. Alors, je cherche. J’ai des pistes, mais si je vous dis quelque chose, là, ce ne sera pas forcément ça, à la fin.
@-m : Vous reverra-ton prochainement dans les Ardennes ?
B : Avec plaisir. Je repasse d’ici quelques mois au Manège de Givet avec mon spectacle jeune public, qui s’appelle Tournepouce. Nous reviendrons aussi pour défendre l’album au cours d’une tournée qui passera soit par Charleville-Mézières soit par la pointe des Ardennes.