L’annonce de la dégradation de la note française par l’agence Standard and Poor’s a jeté hier un pavé dans la mare. Erreur technique ou test grandeur nature pour étudier les réactions des cobayes ? Cette communication n’aurait pas dû être publiée maintenant, voilà tout. Les jeux semblent être faits pour S & P. L’avis de décès est prêt, il ne reste plus qu’à débrancher le moribond.
L’Autorité des Marchés Financiers a décidé de déclencher une enquête, mais cette démarche n’est guère convaincante. Quel qu’en soit le résultat, le mal est fait. Déjà, en octobre, l’agence Moody’s avait lancé une attaque contre le triple A français, réservant sa décision pendant trois mois. Quand on est dans le collimateur de deux des trois plus importantes agences de notation mondiales, il y a de quoi se faire du souci.
On peut craindre que la note de la France soit réellement abaissée d’ici quelques mois, voire quelques semaines, malgré le plan de rigueur annoncé par François Fillon. Pourtant, selon les prévisions du FMI, la France n’occupe «que» le 14ème rang des pays les plus endettés (87 % du PIB), alors que le Japon caracole en tête avec une dette à hauteur de 229 % de son PIB.
Dette publique, emprunts à risque, le seul élément dans cette crise dont la toxicité est avérée, c’est d’avoir eu confiance en des élites qui n’en sont pas et qui ont entraîné le monde vers le chaos. Plus réaliste que ses dirigeants politiques et ses banquiers, le citoyen lambda (parler grec est à la mode, ces temps-ci) tend déjà le cou, comme une oie sur le billot de la finance internationale.