Le manque d’entretien de la ligne Charleville-Givet porte préjudice à l’économie de la Pointe et au confort des voyageurs. Philippe Vuilque hausse le ton pour réclamer des voies.
Dans une lettre adressée hier mardi à Hubert du Mesnil, président directeur général de RFF (Réseau Ferré de France), le député fait par de « l’exaspération des élus ardennais de tous bords et des usagers de la ligne ferroviaire Charleville-Givet qui dénoncent l’état de dégradation de cette voie ferrée« .
Philippe Vuilque a fait part également de sa surprise concernant l’estimation des travaux faite par RFF (entre 120 à 150 millions d’euros) pour la remise aux normes de la ligne. L’entreprise dirigée par M. du Mesnil ne pourrait les financer qu’à hauteur de 8 millions d’euros, le reste étant à la charge des collectivités.
Le député-maire de Revin a rappelé dans son courrier [qu’] « il y a 30 ans, le temps de parcours entre Charleville-Givet était de 52 minutes, alors qu’aujourd’hui il faut 1 heure 10 minutes au mieux pour faire ce trajet« .
Et de tacler une nouvelle fois RFF. « C’est aussi un paradoxe de constater que le matériel pourtant performant (AGC Bombardier) mis en place par le Conseil régional limite la vitesse à 10 km/h à certains endroits en raison du mauvais état de la voie« .
Exaspéré comme le président du Conseil général lors d’une récente réunion, Philippe Vuilque s’indigne du fait que cette absence d’entretien ait « des incidences sur la fréquentation » de la ligne Charleville-Givet, « qui est la plus fréquentée de la Champagne-Ardenne« . L’enjeu est de taille puisque cette ligne s’inscrit dans le tracé Reims-Bruxelles via Charleville et Namur. « Pour les Ardennes, il s’agit d’un projet stratégique du désenclavement et d’arrimage au réseau TGV nord européen« , plaide M. Vuilque. « Or, la SNCF et RFF ont laissé se dégrader cette voie en ne faisant pas les travaux nécessaires« , reproche-t-il au PDG de Réseau Ferré de France.
En conséquence, le parlementaire demande à RFF d’engager « dès que possible les travaux de mise aux normes de la ligne Charleville-Givet, au moment où le financement du tronçon manquant Givet-Dinant est en bonne voie« .
Parallèlement à sa requête auprès de RFF, Philippe Vuilque a voulu connaître la position de Nathalie Kosciusko-Morizet, ministre en charge des Transports. Il lui demande dans un second courrier quelles mesures elle pourrait prendre compte tenu de « l’urgente nécessité d’engager des travaux sur cette ligne, dans l’intérêt des usagers ardennais« .
Le député posera prochainement une question orale sur le sujet à l’Assemblée nationale.
La ligne Givet-Dinant
Parallèlement à la problématique posée par la dégradation de la ligne Charleville-Givet, renseignons-nous sur ce qui se prépare de l’autre côté de la frontière. La réouverture de la L154 entre Dinant et Givet fait partie des six enjeux du rail identifiés en Wallonie, selon une étude commandée par le ministre de la Mobilité, Philippe Henry.
A partir de ce diagnostic initial, le » Projet de plan de développement de la desserte ferroviaire en Wallonie pour la période 2013-2025″ a recensé 34 projets d’infrastructures pour un coût global de 2,15 milliards d’euros. La ligne Dinant-Givet arrive en 30ème position, ce qui devrait tempérer les optimismes.
Pour le moment, la Wallonie n’a pas les moyens de ses ambitions. La crise financière s’interpose entre des projets d’investissements colossaux, un entretien courant à assurer et… des caisses vides. La réponse s’inscrira dans le budget fédéral, mais il faut savoir que la région francophone est défavorisée par rapport à la Flandre. Sur 100 % d’investissements, cette dernière en obtient 60 %, et la Wallonie seulement 40 %.
La remise en service d’une voie électrifiée permettrait de rouler entre 90 et 100 km/h avec une prolongation de la frontière d’exploitation jusqu’à Givet au lieu de Heer-Agimont comme auparavant. Son rétablissement s’effectuerait dans une perspective régionale, suivant un axe Dinant-Givet avec des correspondances Givet-Charleville-Mézières intéressant les voyageurs et quelques entreprises locales (carriers belges et Port de Givet).