Une veillée funèbre a réuni vendredi, à 18 heures, les différents soutiens des salariés de la SN Oxame. Christian Deschamps, représentant du personnel, a dit sa souffrance mais aussi sa fierté d’être un ouvrier ardennais.
Une quarantaine de personnes sont venues apporter leur soutien au personnel de la SN Oxame : des élus de droite et de gauche*, des salariés (actuels et anciens). Seule présence syndicale extérieure à l’entreprise, Yannick Langrenez, ancien délégué CGT des Thomé Génot, était venu apporter son témoignage de soutien.
Même si Philippe Vuilque, député-maire, a regretté un manque de coordination lors de la préparation de cette veillée symbolique, il n’en a pas moins affirmé qu’il était bon d’en avoir pris l’initiative afin de prouver que la solidarité continuait à s’exercer vis-à-vis des Oxamiens.
Sauf que…. la foule a brillé par son absence. On était loin des 1 500 personnes qui avaient défilé fin janvier dans les rues de Revin pour soutenir les futurs licenciés d’Ideal Standard. L’indifférence supplanterait-elle ladite solidarité ?
Rassembler pour lutter
D’emblée, Christian Deschamps, secrétaire du comité d’entreprise, a averti qu’il ne s’agissait pas d’un rassemblement politique ou syndical. Il s’agissait de se retrouver, toutes classes sociales confondues, par-delà les clivages politiques, autour d’un département moribond.
« Nous sommes tous dans la même galère, a-t-il tonné, nous, Ardennais, et fiers de l’être » puis de réclamer une solidarité de tous les Ardennais « pour cette terre ancestrale qui a tant souffert, pour cette terre chargée d’histoire, pour nous, sangliers que nous sommes ».
Revenu à des considérations plus terre-à-terre, le délégué syndical (CGT) a rappelé combien la crise était subie plus fortement dans les Ardennes et qu’il était vital d’en faire la promotion.
Il a crié halte au pillage du savoir-faire local, aux fermetures d’usines, aux licenciements des aides à domicile (la Mutualité Française des Ardennes licencie 62 personnes, ndlr). Puis il s’est insurgé contre la mauvaise gestion des responsables avant d’appeler les personnes présentes à relever la tête avec dignité, courage et force.
Son appel à une prise de conscience est certes bienvenu. Mais n’est-il pas trop tard pour que la France, l’Europe prennent conscience que «nous existons et que nous voulons continuer à exister, continuer à vivre dans nos belles Ardennes au cœur de l’Europe ?»
La fermeture qui se profile à l’horizon est d’autant plus aberrante que, pour Christian Deschamps, ses collègues de travail et les élus présents, l’entreprise pourrait être viable.
Compte-tenu de la crise internationale, le marché de la baignoire de luxe n’est pas viable à lui seul, mais s’il était soutenu par une activité complémentaire, l’entreprise pourrait même rapporter de l’argent, selon le porte-parole. Il suffirait d’adapter l’outil de travail, ce qui pourrait se faire selon lui sans financement démesuré.
Un pôle financier public
Porte-parole du Front de Gauche en l’absence de Michèle Leflon, retenue en dehors du département, Jacky Sarrazin, secrétaire de la section locale du parti communiste a tout d’abord rappelé l’ancienneté et la dureté des luttes qui ont opposé par le passé ouvriers et patrons dans la vallée de la Meuse. « Ils cherchaient à gagner beaucoup d’argent, à moins payer les ouvriers, mais ils étaient là », se souvient-il.
Les patrons de l’ancien temps ont cédé la place à des financiers lointains, des fonds de pension, qui n’éprouvent selon lui aucun problème de conscience à licencier des milliers de personnes, encore moins une trentaine.
Jacky Sarrazin a publiquement demandé pourquoi les banquiers avaient refusé d’aider Oxame, alors qu’elle avait semble-t-il « de petites perspectives ». Des banquiers qu’il a fustigés par ailleurs parce qu’ils font « de la finance » plutôt que d’aider les entreprises.
Les salariés avaient beaucoup espéré du fonds de revitalisation Nexans, mais au final il n’ont pu recevoir que 90 000 € du fonds de mutualisation des Ardennes. Une somme insuffisante au regard des besoins.
Posant un regard plus général sur la situation des entreprises, M. Sarrazin a réclamé la création d’un pôle financier public « pour aider à la création d’emplois, en particulier pour les PME et les artisans. En France, on le sait, ils sont ceux qui en créent le plus ».
Jeudi prochain, les salariés revinois seront fixés sur leur sort. Le tribunal de commerce de Sedan devrait prononcer une décision définitive en ce qui concerne l’avenir de la SN Oxame.
* Parmi les élus revinois présents, on notait la présence de Philippe Vuilque, député-maire, Dominique Ruelle, adjointe et conseillère générale, Cécile Stella, adjointe, Sébastien Degouve, conseiller municipal. Boris Ravignon, vice-président du Conseil Général, était également présent.