L’Etat réclame près de 108 millions d’euros à Liliane Bettencourt. Cette somme colossale concerne deux redressements fiscaux (78 et 30 millions d’euros). Depuis la mi-2010 se succèdent des scandales liés à la gestion de la troisième fortune de France. Il aura fallu le courage et l’obstination de journalistes d’investigation pour que justice – fiscale – soit enfin rendue ou en passe de l’être.
Le citoyen lambda comprend mieux à la lecture des événements pourquoi l’entourage de la quasi nonagénaire ne souhaitait pas voir Françoise Meyers-Bettencourt mettre le nez dans les livres de compte de sa mère.
Alors que nombre d’entre eux sont à découvert une bonne partie du mois, Rmistes et Smicards ont appris récemment que l’héritière de L’Oréal cachait au fisc une douzaine de comptes bancaires en Suisse et à Singapour abritant 100 millions d’euros. Pour ses vacances, une île aux Seychelles achetée en toute légalité, mais non déclarée au fisc français, lui permettait de bronzer loin du commun des mortels. Un oubli sans doute de la part de celle dont la rumeur dit qu’elle a la mémoire défaillante.
En regard de cette ardoise record, posons les chiffres du jour supplémentaire de carence imposé aux salariés du privé. « Par souci d’équité», les fonctionnaires les ont rejoints dans la danse. Tout ça pour grapiller quelque 200 millions d’euros, qui ne pèseront pas bien lourd dans le trou sans fond des 1 646, 1 milliards d’euros de la dette française.
Eh bien, à elle seule, la dette fiscale de Mme Bettencourt satisfait pour moitié à l’économie que souhaite réaliser le gouvernement sur le dos des Français les plus fragiles. Engrangeons donc sans tarder ses 108 millions d’euros (pénalités et amendes comprises). Des négociations seraient en cours pour faire diminuer la note. A quel titre ? «Parce que je le vaux bien », rétorque la vieille dame indigne.