Le député sortant de la deuxième circonscription a annoncé cet après-midi à Revin, lors d’une conférence de presse, qu’il serait très probablement candidat aux prochaines législatives.

Philippe Vuilque, Boris Ravignon et Michèle Leflon réunis autour du secrétaire général de la Préfecture lors de l'inauguration de l'école de Bourg-Fidèle, le 30 septembre 2011. (Photo @rdenne-mag)
Le désaveu cinglant des militants n’a pas fait renoncer Philippe Vuilque. il se disait bien en ville que le député-maire pourrait se présenter sous une autre étiquette – ou sans -, mais rien n’était venu confirmer ce qui aurait pu être considéré comme un vœu « pieux » d’amis ou d’électeurs appréciant le travail réalisé par le député sortant depuis sa première élection en 1997.
Même si la fenêtre est étroite, elle n’est pas entièrement fermée aux ambitions du député-maire de Revin. D’autres se sont trouvés dans la même situation. Ils en sont sortis gagnants.
Mais il reste que Philippe Vuilque va devoir se positionner rapidement, car son intervention de cet après-midi n’était pas suffisamment claire pour l’électorat, qui a besoin de connaître la donne sans se sentir pris en otage dans un règlement de compte interne au Parti Socialiste.
L’exemple Dosière
A ceux qui jugeraient fantaisiste l’éventualité d’une candidature Vuilque, on peut rappeler l’exemple de René Dosière, actuel député de la première circonscription de l’Aisne, qui ne s’est pas laissé abattre en 2007 par les votes des militants laonnois.
Le député sortant PS s’était vu préférer (à une voix seulement) un candidat issu de la diversité, Fawaz Karimet, vice-président du Conseil Général de l’Aisne.
Nonobstant le vote des militants, Dosière s’était maintenu et avait gagné largement au deuxième tour face à la candidate UMP. Aujourd’hui apparenté socialiste, radical, citoyen et divers gauche, le député axonais n’est toujours pas prêt à composer avec les apparatchiks locaux. Véritable épine sur la rose, fort du soutien de ses électeurs, René Dosière donne encore des sueurs aux militants socialistes.
Pourquoi son destin ne pourrait-il se dupliquer dans la deuxième circonscription des Ardennes ? Mais si Dosière a décroché sa victoire à la force du poignet, allant jusqu’à distribuer des tracts aux feux rouges, Philippe Vuilque – qu’on dit parfois assez distant – osera-t-il poser la veste pour aller à la rencontre de ses électeurs et gagner ses voix une par une ?
Empathie
Face à lui, deux candidats de gauche sont déjà en place sur l’échiquier électoral : Christophe Léonard (PS) et Michèle Leflon (Front de Gauche). Pas sûr que Léonard touche l’électorat ouvrier qui a perdu ou craint de perdre son emploi. Quant aux valeurs prônées par le PCF et ses alliés, sont-elles encore d’actualité ?
La SN Oxame a fermé ses portes dans l’indifférence. L’ère du « chacun pour soi » semble avoir succédé aux grandes heures des combats ouvriers, dans cette ville de Revin qui a connu naguère des grèves très dures.
Même s’il a été reproché à Philippe Vuilque de n’avoir pas été présent lors de la fermeture d’Ideal Standard, le 22 avril dernier, le député-maire s’est rattrapé en participant récemment à la veillée funèbre et à la mise sous scellés de la SN Oxame.
Une présence symbolique à laquelle les salariés ont été sensibles. Le député-maire semblait avoir compris qu’il ne suffit pas de travailler sur des dossiers, mais que l’empathie, le soutien symbolique – dans la rue – avaient autant de valeur aux yeux de ceux qui souffrent que les rencontres dans les ministères.
La machine à perdre
Lors de la publication du résultat de l’investiture, la défaite de Philippe Vuilque (arrivé en quatrième et dernière position) a fait dire à certains – à droite – que « la machine à perdre (était) en route ».
Lors de l’élection de 2007, Philippe Vuilque n’avait battu Boris Ravignon (UMP) que de 200 voix. Loin des luttes partisanes du PS, il affine – sans s’en cacher – une stratégie qui pourrait lui permettre de faire tomber la dernière circonscription socialiste des Ardennes.
Travailleur acharné lui aussi, Boris Ravignon ne cache pas qu’il cherche un repreneur pour la SN Oxame. Il a confirmé son investissement dans ce dossier et s’il devait réussir, les quelque 200 voix qui lui ont manqué en 2007 pourraient tomber dans son escarcelle. La fiche de paie aura plus de poids que les programmes des partis politiques.