La défection au dernier moment de la commune d’Aouste a surpris. La commune thiérachienne ne fera pas partie de l’aventure PNRA. Ses élus l’ont décidé.
Elles étaient 92 au départ et ne sont plus que 91 à l’arrivée. La commune d’Aouste a finalement déserté le pont du navire. Une décision d’autant plus incompréhensible que rien ne la laissait présager. Le projet avait même trouvé un soutien actif en la personne de Xavier Coffart, lorsqu’il était conseiller général. Actuel maire d’Aouste, l’homme – ou du moins son conseil – a changé son fusil d’épaule.
« Cette décision tout à fait inattendue résulte d’un amalgame entre le projet de parc et d’autres structures, d’autres projets », analyse la directrice du PNRA. Les élus auraient craint l’avis de la structure en matière d’urbanisme. « Ils ont eu peur que le parc impose un certain nombre de critères, de contraintes supplémentaires », confirme Isabelle Zarlanga.
Pour y voir clair, précisons que le village possède une église classée et que certains habitants auraient eu quelques différents avec l’architecte des Bâtiments de France.
Pour la directrice du PNRA, il s’agit d’un faux procès, car le parc n’a pas de pouvoir réglementaire. Par contre, la charte prévoit un certain nombre d’orientations et d’engagements acceptés par les collectivités, comme la mise en place de documents d’urbanisme dans les deux ans pour l’ensemble des communes.
Deux délibérations
A l’issue d’une première délibération négative (une seule voix en faveur du projet de parc : ndlr), le futur PNR est allé à la rencontre des élus pour connaître les raisons de leur vote. Il serait apparu qu’en plus des craintes liées à l’urbanisme, certains conseillers avaient peur des contraintes que pouvait apporter Natura 2000, alors que le territoire ne fait pas partie de cette zone protégée (!).
A la rentrée, une deuxième délibération a bien montré qu’une partie de la municipalité avait été convaincue par les arguments des promoteurs du PNR, mais il manquait encore 2 voix. Exit Aouste, dont le territoire se trouve pourtant au sein de celui du parc naturel régional des Ardennes.
Isabelle Zarlanga juge cette décision « regrettable » car « on avait une valorisation avec le circuit des Eglises fortifiées. Aouste se trouve sur ce circuit. Son église est l’une des plus belles du territoire ». Dans ce paysage bocager, le PNRA aurait pu sensibiliser les agriculteurs sur l’importance du maintien des haies.
Déception
La volte-face d’Aouste a également surpris les élus : « Alors qu’on a quand même eu du mal à mettre tout le monde d’accord, de la Pointe de Givet jusqu’à Signy-le-Petit, jusqu’aux portes de Charleville, c’est dommage qu’un petit village comme Aouste nous lâche, au dernier moment qui plus est, après nous avoir suivi pendant 12 ans », remarque Patrice Germain, délégué du comité syndical.
« L’intérêt du parc, tient à rappeler Isabelle Zarlanga, c’est d’avoir un projet de développement pour ce qui représente les 2/3 du département ». Sur la carte du 47ème parc naturel régional, un « trou noir » renvoie désormais les irréductibles Gaulois de la Thiérache hors des limites de la galaxie PNR. Pour 12 longues années.
Les collectivités restées fidèles au projet initial continueront d’accompagner le PNRA dans sa mise en valeur du territoire. Le comité syndical comprend 110 membres, 110 élus qui se sont mis d’accord sur une question essentielle : comment développer cette partie du département tout en faisant abstraction des divergences politiques afin d’obtenir la labellisation.