Je ne résiste pas à vous faire partager la mésaventure qui m’est arrivée cet après-midi dans une jardinerie des environs de Charleville-Mézières qui, pour moi, vient de perdre non seulement son triple A, mais a perdu toute ma confiance.
Vivant à la campagne entourée de 7 chats et 2 chiens, qui proviennent de la SPA ou bien ont été généreusement déposés dans ma cour par des gens peu scrupuleux, il me faut bien nourrir ma nombreuse « famille » qui compte en plus des malades. D’où l’obligation d’acheter une nourriture de qualité premium.
Dans un souci de participer à la vie du commerce ardennais, j’avais abandonné mes commandes sur Internet malgré les prix plus élevés, le coût en carburant et en temps.
Comme tous mes semblables, je disposais de cartes de fidélité correspondant aux différents types de croquettes. Après avoir acheté 9 sacs d’une même variété et de la même marque, j’obtenais un 10ème sac gratuit. Vous me suivez, là ?
Dans un souci écologique (je plaisante), le magasin qui me fournissait jusqu’à aujourd’hui change de système et se met à la carte de fidélité informatique.
Les ennuis commencent. Parce que les conditions ont changé. La carte n’est plus attachée à du « light » ou du « sensitive », mais au poids du sac de la même marque. Encore faut-il le savoir.
Tant que vous achetez le même produit, il n’y a pas de problème, mais si vous devez varier – pour une raison ou une autre -, ça se corse. Si le client a acheté 9 sacs à 80 euros et que le 10ème n’en coûte que 60, il se fait avoir de 20 euros. Le système est assez futé d’ailleurs, puisqu’il ne vous assure pas 10 % de vos achats moyens, mais un 10ème sac gratuit.
Mise au courant de la réalité du système de fidélité, je réclame l’annulation de la transaction, qui est à mon désavantage. On me propose de rencontrer une responsable. C’est là que ça devient drôle.
La personne qui se présente comme telle commence par me dire que je n’ai évidemment pas compris le nouveau système. Les clients sont tous des imbéciles, c’est bien connu.
Mieux, cette commerçante (?) tente de me convaincre que le nouveau système a été mis en place pour favoriser le client (mais pas le revendeur ou la marque, ne vous y trompez pas). « Nous avons changé le système de carte papier, parce que les clients qui perdaient leur carte étaient lésés », m’assure-t-on. Merci pour ceux qui prennent soin de leurs affaires.
La même personne, qui se prend sans doute pour une vétérinaire dans ses rêves les plus fous, me lance tout de go que j’ai qu’à acheter la même sorte de croquettes. Tant pis si Fiston a pris un peu de poids, si Bout d’chou et P’tit Loup ont l’estomac fragilisé par les médicaments qu’ils prennent pour leur cœur.
Pire, se targuant de me faire un cadeau en m’offrant un sac, celle qui n’a certainement pas fréquenté une école de commerce, aboie tout de go devant des clients médusés : « Moi, quand j’achète mes croquettes pour chat chez… (elle nomme un hypermarché de Villers-Semeuse), on ne m’offre pas de 10ème sac. »
Ingratitude ! Madame vend des croquettes et chante – devant des clients – qu’elle va acheter les siennes ailleurs que dans le magasin qui l’emploie. Le patron sera sûrement heureux d’apprendre comment on fait la promotion de ses produits dans son propre magasin. Fillette, Coquin, Joli Cœur, Cathy et les félins déjà cités n’en sont pas encore revenus. Encore un peu, ils me reprocheraient d’avoir rempli leur garde-manger chez ces drôles de commerçants !
Au cours de cette saynète devenue surréaliste, une réflexion tout à fait hors sujet arrive dans la conversation.
Faute de pouvoir justifier un système qui – quoi qu’elle en dise – défavorise le client par rapport au précédent système, la dame au gilet vert m’apprend qu’elle a « vingt-cinq salariés auxquels il faut fournir un salaire tous les mois ». (Heureusement pour eux.) Mais qu’est-ce que mes croquettes ont à voir là-dedans ? Ce n’est pas tout de même pas avec le 10ème sac de mes 7 chats et 2 chiens que les salariés de cette entreprise vont pouvoir vivre.
La moralité de cette histoire, c’est qu’il faut se méfier du marketing. Et ce ne sont pas Baïkal et Visna, mes chiens, qui diront le contraire. Wouaf !