@rdenne-mag : Le Président de la République vient d’annoncer des mesures contre le chômage dans le cadre du sommet social d’urgence qui vient de se tenir ce matin à l’Elysée. L’ensemble a été chiffré à 430 millions d’euros, dont 140 millions d’euros pour financer le chômage partiel. Que pensez-vous de cette mesure ?
Lysian Fagis : Ca me paraît une bonne chose. C’était d’ailleurs une demande de la CFDT depuis plusieurs mois. Notre syndicat réclamait une réunion sur ce sujet.
@-m : Les 35 heures semblent moribondes. Que vous inspire cette fin annoncée ?
L F : Les 35 heures ont donné une flexibilité extraordinaire aux entreprises. C’a été une des énormes contreparties faites par les salariés aux entreprises. De la même manière, si on doit revenir sur ce dispositif comme il en est question, il faudrait que les entreprises remboursent les subventions qu’elles ont touchées au passage des 35 heures. Je ne suis pas convaincu du tout qu’elles soient prêtes à le faire.
@-m : Quelles seraient les conséquences d’un allongement du temps de travail ?
L F : Les 35 heures ont été portées par la CFDT. Cette réforme était associée à l’idée de travail partagé. Revenir là-dessus, ça voudrait dire que, dans les entreprises, il y aurait sureffectif… Sureffectif, ça veut dire quoi ? Ca voudrait dire des licenciements, ça veut dire augmentation du chômage.
@-m : Pour vous, il y a un lien de cause à effet ?
L F : On ne peut pas dire d’un côté : « On va diminuer le chômage », et de l’autre, déclare : « On va supprimer les 35 heures ». C’est incohérent. Les 35 heures ont permis de passer un cap difficile dans les moments de fort taux de chômage pour les entreprises.
On n’a pas entendu le Medef critiquer alors, parce que si le dispositif n’avait pas été mis en place, le chômage partiel aurait fortement augmenté et des entreprises auraient fermé. C’est un point qu’il faut soulever.
@-m : Avez-vous un exemple en tête ?
L F : Bien sûr, celui d’Ardam. En 2009, nous avons eu 41 jours de chômage et 21 jours de RTT. Sans les 35 heures, cela aurait fait 62 jours de chômage. Ce n’est quand même pas négligeable.
@-m : Comment voyez-vous la crise évoluer ?
L F : Le problème, c’est qu’on ne voit pas bien où la crise va s’arrêter. Il n’y a pas besoin d’être expert – d’ailleurs, les experts ne sont pas d’accord entre eux. En 2011, l’inflation était à 2,5 %. Que sera-t-elle en 2012 ? Personne ne peut le dire.
Il faut voir combien les prix augmentent : les carburants, le pain, les pâtes, pour ne citer que ces exemples-là. Où cela va-t-il s’arrêter ? Les salaires sont loin de suivre par rapport à l’inflation.
@-m : Justement, des négociations salariales sont en cours chez Ardam. Qu’en est-il ?
L F : Elles se déroulent dans une ambiance détendue, de respect mutuel. Chacun avance ses arguments.
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