Dimanche dernier, l’Arel a rendu hommage à Claude Mleczak, l’un de ses confondateurs, au cours d’un Rendez-vous de l’Image qui lui a été dédié. Le baptême de la Maison du Dialogue Social-Claude Mleczak a eu lieu en fin de matinée.

La légende de la Dame noire a permis de redécouvrir les talents de conteur de Claude Mleczak. (Photo @rdenne-mag)
La journée a commencé par une randonnée, au cours de laquelle une vingtaine de personnes sont allées sur les traces de l’ami Claude. Ils ont d’abord longé la Meuse et fait une halte près de la légendaire Pierre Haussée.
Puis, passant devant la fonderie Béroudiaux, les marcheurs ont emprunté la rue des Hayettes. Couché sur une cheminée, un chat profite de la chaleur. La caméra de Jean Noiret ne le perturbe pas. Lors de la projection, au cours du repas de midi, le greffier se taillera un beau succès.
Au cimetière, la petite troupe s’est retrouvée pour partager un moment d’intimité autour de Mijo, l’épouse de Claude. Devant la plaque de marbre, cachée par des fleurs, la photo de Claude dans sa bibliothèque. Le bougre sourit, alors que le ciel pleure, maussade. Ginette Deheppe lit un poème. Il ne serait pas concevable de rendre hommage à un poète sans lui offrir quelques vers.
Songe-t-elle, la compagne des jours heureux, à ces paroles d’un mari taquin : «J’ai attelé ma roulotte à une femme / Et j’avance au rythme de ses humeurs » ?
Le trajet de retour a permis de profiter de quelques moments de bonheur simple, que Claude Mleczak aurait appréciés : la Meuse aux berges givrées observée depuis la table d’orientation. Sur le quai Quinet, un cygne attaque un colvert qui lui a volé son pain.
Baptême
A 11h00, la plaque officialisant le baptême de la Maison du Dialogue Social – Claude Mleczak a été dévoilée par Philippe Vuilque,député-maire, Mijo Mleczak, l’épouse de Claude, sa fille Cécile et l’une de ses petites-filles. La sobriété a présidé à cette cérémonie dont le but était d’honorer le syndicaliste, l’artiste et le militant associatif (lire par ailleurs).
Une centaine de personnes se sont ensuite retrouvées à la salle Jean-Luc Caron, où un vin d’honneur était offert par la ville. Chacun a pu échanger des souvenirs, feuilleter le livre publié par l’Arel. « Tu leur diras petit, tu leur diras… » a séduit, puisque près de 220 exemplaires sont partis en quelques heures.
L’ouvrage reproduit l’intégralité des chansons du barde revinois et quelques légendes. « Claude Mleczak aime les mots de velours mais aussi les mots barbelés et les mots gaillards pour bien se marrer », écrivait Jean-Claude Mahy dans l’Almanach des Ardennes.
Les pages sont illustrées par des dessins, des caricatures, des extraits de bandes dessinées, des photographies de l’artiste. « Les premiers lecteurs sont particulièrement contents de lire ces textes profonds, complexes. C’était indispensable de faire ce livre. Je le crois du fond du cœur », a confié André Royaux.
Deux CD sont inclus dans l’ouvrage : l’intégrale au format mp3 et un florilège de 18 titres. « C’est terrible quand les amis s’en vont, qu’ils partent s’installer ailleurs. Difficile d’aller sans blesser ceux qui restent, il y faut beaucoup de cœur et beaucoup de tendresse », chantait Claude. Aujourd’hui, ces paroles résonnent amèrement.

Les élus ont feuilleté le livre «Tu leur diras petit, tu leur diras...» avec beaucoup d'émotion. (Photo @rdenne-mag)
La retraite de Marie-Anne
Le Rendez-vous de l’Image a commencé par un déjeuner (soupe, choucroute, tarte aux pommes alsacienne) au cours duquel plusieurs films ont été diffusés (actualités de l’Arel, film de la randonnée, légendes racontées par Claude Mleczak).
A la surprise générale, André Royaux a annoncé que Marie-Anne Régnier, l’emblématique cuisinière de l’Arel, allait enfin se reposer. Son investissement, ses talents culinaires ont agrémenté depuis plusieurs années les différentes manifestations organisées par l’Arel.
Sans Marie-Anne, la convivialité arélienne aurait peut-être manqué de sel. Applaudie, la bénévole qui a tant donné était submergée par l’émotion, peu habituée à être mise dans la lumière. On peut associer son mari Guy à cet hommage, lui qui l’a toujours secondée aux fourneaux.
Légendaire Claude
Revenant au héros du jour, le président de l’Arel a remercié « Claude, qui nous a fait vivre des moments extraordinaires ». Sensible au geste de la ville de Revin, « qui l’a honoré ce matin malgré certains débats serrés qui ont opposés la ville à l’Arel », M. Royaux a conclu son intervention par un adieu : « Il faut tourner la page. Bravo, l’artiste ! On continue ».
Place ensuite à la vidéo avec deux histoires racontées par Claude Mleczak. Tout d’abord, la Légende de la Dame noire, sur fond de paysage enneigé. La seconde est l’interprétation débridée d’une randonnée organisée par l’Arel.
Dans une parodie de film documentaire, Claude Mleczak endosse le rôle d’un anthropologue qui rencontre une tribu revinoise, les Aréliens, dont les membres se trouvent sur le point de partir en randonnée dans les bois Huet, sous la pluie. « Des bois Huet à ne pas confondre avec… les boissons Huet, du célèbre brasseur rocroyen ! »
Sous la description du savant fou, les pylônes EDF deviennent des squelettes de « dressoraures » (puisqu’ils sont debout). « Tristes Tropiques », commentait Claude à propos du temps maussade, tout en paraphrasant gaiement Lévi-Strauss. « Tristes tropiques », songeaient ses amis en cette journée qui ravivait l’absence. Jusqu’à ce que la poésie mleczakienne déride les esprits. « Mon pays chante comme un tambour oublié sous la pluie »,
Scène ouverte
Malgré l’émotion palpable, il n’était pas question d’arborer une face de carême pour interpréter les chansons gaillardes ou militantes du chanteur ouvrier.
D’ailleurs, c’est un Pinçon, Gérald de son prénom, qui a inauguré la scène ouverte. Claude Mleczak avait invité le Devillois à faire quelques scènes à l’Espace Jean Vilar, lors des soirées cabaret Au Merle Moqueur.
GéGé a plus de 30 ans de chanson et de guitare derrière lui. S’il a commencé par chanter Brassens, son répertoire s’est étoffé depuis. Auteur-compositeur, il excelle dans les jeux de mots et bâtit des textes travaillés comme de la mousseline. Onctueux et légers à la fois. Le public en redemande.
Gérald Pinçon a prouvé aussi qu’il méritait bien son nom en sifflant quelques airs à la manière des artistes qui se produisaient dans les cabarets des années 30. Sublime !
Mais GéGé était là avant tout pour chanter Claude. Se réappropriant les textes de celui qui savait tendre la main aux autres, l’artiste longiligne a rendu vie à l’œuvre du Revinois devant une assistance rassérénée, qui a repris certains refrains en chœur. Jacqueline Grulet a particulièrement apprécié : « Gérald a interprété Claude à sa façon, confiait-elle, admirative, ce qui n’était pas facile ».
Les décibels ont succédé à la poésie et la gouaille avec le groupe folk/rock « Marcassin Hurlant », de Murtin-Bogny. Créé en 2006 à l’occasion de la Fête de la Musique, les six garçons qui le composent se sont construits une personnalité à travers leurs compositions, mises en valeur au plan vocal par Igor Nivelet.
Les « Marcassins hurlants » alternent balades et morceaux plus rock. Leur inspiration trouve sa source aussi bien dans l’Ardenne légendaire que dans les faits de société qui conduisent à la révolte.
En 2009, ils ont enregistré un CD 6 titres, intitulé « Arduinna ». On les a vus à l’Espace Jean Vilar, à la fête d’Orzy, à Charleville-Mézières ou encore à Rocroi. Les solos de Francis au flutiau et ceux de Mouss à la batterie auraient plu à Claude Mleczak. Nous n’en doutons pas.
VIDEO BIENTOT EN LIGNE