L’hypothétique réouverture de la fonderie Oxame suscite l’espoir chez les anciens salariés, bien que certains aient tourné la page . Mais du côté des politiques, on fourbit les armes. Explication de texte…
- Qu’on le veuille ou non, la réouverture d’Oxame pèse dans le débat politique. (Photo @rdenne-mag)
@rdenne-mag : Lors de son passage, samedi dernier, dans l’émission « La voix est libre » sur FR3 Champagne-Ardenne, Boris Ravignon* a confirmé qu’il serait candidat aux législatives dans la deuxième circonscription. Il a pris l’engagement de faire le maximum pour trouver un repreneur à la fonderie Oxame. Quelle est votre réaction ?
Philippe Vuilque : C’est de bonne guerre. Collectivement, nous travaillons pour trouver des solutions de reprise éventuelle, mais avant tout pour que les salariés retrouvent du travail.
En tant que député-maire de Revin, j’ai pris contact avec les responsables de la fonderie Bouhyer-Béroudiaux qui vont faire des propositions aux salariés, dans les semaines à venir, pour en embaucher un certain nombre.
Ensuite, bien évidemment, nous nous battrons pour essayer de trouver des solutions. Je sais, par exemple, que la Fédération des Fondeurs de France est en train de regarder à cela très précisément. J’en ai parlé avec M. Mimouni**, P-DG du groupe Bouhyer, qui est impliqué dans les Fondeurs de France. On est en train, collectivement, de regarder s’il n’existe pas de possibilités de reprise, parce que l’outil de travail est performant. Il serait très dommageable pour tout le monde que cet outil de travail soit dépecé ou parte dans des mains qui n’aient pas l’intention de reprendre l’entreprise.
M. Ravignon, c’est M. Ravignon, on le connaît. Il passe son temps à faire des annonces. Nous, ce qui nous intéresse, c’est l’efficacité sur le terrain. Je suis député-maire de Revin, je suis des deux pieds et des deux mains dans le cambouis en permanence.
Mais nous rentrons dans une période électorale où chacun, effectivement, essaiera de faire des effets d’annonce pour montrer qu’il est le plus beau, le plus grand et le meilleur. Bon, ça ne trompe personne, ça ne trompe pas électeurs. M. Ravignon est un soutien fervent du président Sarkozy. Voilà. On verra aux élections présidentielles ce qu’il en adviendra, et ensuite aux élections législatives.
@-m : Pouvez-nous préciser les liens qui unissent Béroudiaux au groupe Bouhyer ?
Ph V : La fonderie Béroudiaux, une entreprise familiale, a été rachetée en 1996 par le groupe Bouhyer, qui est implanté en Loire-Atlantique, près de Nantes. Alain Mimouni est le président-directeur général du groupe. Nous avons un excellent contact avec lui. Je l’appelle et fais régulièrement le point avec lui sur la situation.
Notre préoccupation essentielle était, si possible, de retrouver le plus rapidement possible un emploi pour un certain nombre de salariés d’Oxame. Les contacts sont pris. Après, à eux – bien évidemment – d’en discuter. Il ne m’appartient pas de m’insérer dans les discussions de ce type.
@-m : Une visite des bâtiments par un représentant du groupe était – semble-t-il – prévue. Pensez-vous qu’il y aura une suite ?
Ph V : Je laisse les chefs d’entreprise discuter entre eux. Est-ce que l’outil de travail est positionné par rapport à ce que fait aujourd’hui Bouhyer-Béroudiaux ? Je n’en suis pas certain.
Il n’en reste pas moins que ç’a été une piste parmi d’autres. Ca le reste, mais je pense qu’il faut aller au-delà, essayer de trouver un industriel qui serait intéressé par l’outil de travail et peut-être par ce créneau très spécifique de la baignoire de luxe pour lequel il y a un marché en Europe.
Je rappelle qu’Oxame était la seule entreprise européenne à faire ce genre de produits. Donc, il y a un marché, une niche, si un industriel se présente. Soyons clair, pour un industriel, c’est intéressant de reprendre une entreprise en liquidation, parce que ça exonère de ses dettes.
Un industriel a là un outil de travail qui est performant avec des salariés – s’il souhaite les reprendre -, qui sont tout de suite sur le qui-vive pour être réembauchés.
Je ne peux pas anticiper. C’est très difficile. Nous sommes dans une crise économique importante. La fonderie, comme tous les autres secteurs, souffre. Simplement, l’outil de travail est là.
Les Fondeurs de France sont en train d’expertiser, de regarder s’il est possible de faire quelque chose et s’il est possible qu’un industriel s’intéresse à Oxame. De toute façon, nous continuerons bien évidemment à faciliter l’éventuelle reprise, chacun dans ses compétences et dans ses fonctions.
@- m : A qui appartiennent les bâtiments ?
Ph V : Sur le sujet, il se dit beaucoup de choses. Nous ne savons pas précisément. C’est au liquidateur (Me Bruno Raulet : ndlr) de le dire. Aujourd’hui, je pense que le liquidateur doit savoir qui est propriétaire de quoi, parce qu’on me dit aussi que l’ancien responsable d’Oxame (Louis Terrier : ndlr) raconte à qui veut l’entendre qu’il reste propriétaire d’une partie d’Oxame. Pour l’instant, je n’en sais pas plus. C’est au liquidateur de démêler cet écheveau. Ensuite, il fera son travail.
@-m : Avant même que l’entreprise soit fermée, des bruits couraient selon lesquels elle pourrait rouvrir pour six mois, c’est-à-dire jusqu’aux législatives, dans le but de favoriser l’élection de Boris Ravignon. Que pensez-vous de cette rumeur ?
Ph V : Tout est possible. Vous savez, M. Ravignon a fait beaucoup de mousse lorsqu’Ideal Standard a fermé ses portes. Moralité de l’affaire : il a participé – parce que lui n’était qu’un intervenant – et la personne qui est arrivée à Oxame a fait crouler l’entreprise quelques mois plus tard. Si c’est pour nous trouver quelqu’un qui recommence, ce n’est pas la peine. Qu’on dise tout de suite à M. Ravignon : « Ce n’est pas la peine ».
Vous savez, si c’est le cas, ça veut dire que M. Ravignon est très inquiet pour sa situation dans la circonscription. S’il en est venu là, ça veut dire qu’il pense que ce sera très difficile pour lui. De toute façon, ce sera très difficile pour lui. Je pense, j’espère en tout cas, que M. Sarkozy sera battu et que je serai au deuxième tour pour lui mettre la fessée qu’il mérite.
* Cet article aurait dû être publié le mardi 17 janvier 2012, à la suite de celui concernant les élections législatives. Boris Ravignon se trouvant en déplacement dans le cadre de ses activités professionnelles, il n’a pu nous faire part de son commentaire qu’hier soir jeudi.
** En 2007, Alain Mimouni, 65 ans, ancien cadre de l’industrie automobile a racheté le groupe Bouhyer, composé des unités d’Ancenis et de Revin. Il a créé une holding de reprise, Cast, qui regroupe la fonderie Bouhyer et la fonderie Béroudiaux.
GM Bouhyer est leader européen sur le marché du contrepoids en fonte pour le BTP. L’entreprise est tournée à 80 % vers l’export. Engagée dans une démarche d’accompagnement au développement durable, Bouhyer avait racheté Béroudiaux en 1996. Lors de son rachat par M. Mimouni, le groupe comptait 330 salariés.
LIRE LE COMMENTAIRE DE BORIS RAVIGNON
https://ardenne-mag.net/2012/01/20/revin-reprise-doxame-la-reaction-de-boris-ravignon/