Nathalie Kosciusko-Morizet, ministre de l’écologie, du développement durable, des transports et du logement, a porté sur les fonts baptismaux le 47ème parc naturel régional de France, celui des Ardennes. La polémique n’a pas été exclue de la visite ministérielle, à cause du projet d’incinérateur de Givet.
Pluie, brume et gadoue étaient au programme de la ministre de l’écologie, du développement durable, des transports et du logement lors de sa visite éclair (trois heures) dans les Ardennes. Après avoir fait une halte au pied des éoliennes du parc du Mont de Gerson et en mairie de Rethel, Nathalie Kosciusko-Morizet est arrivée, fringante amazone des temps modernes, en chemisier à volants et bottes noires, sur les terres de la mythique Arduinna.
Entourée d’un aréopage d’élus locaux*, la ministre a découvert l’emblématique boucle de Monthermé, depuis le point de vue de la Roche à Sept heures, au pied de laquelle un port de plaisance devrait bientôt voir le jour.
Le projet est porté par la communauté de communes Meuse et Semoy. En août 2011, il a été primé « port de plaisance exemplaire » par le ministère de l’écologie. L’ensemble des travaux est estimé à 870 000 euros HT. Le port comprendra 200 mètres de quai en dur, partagés entre professionnels et plaisanciers, une aire d’accueil pour camping-cars et une capitainerie. Le chantier devrait débuter au printemps.
Autre carte de visite touristique du département, la Voie verte, que « NKM » n’a guère eu le loisir d’admirer, la vallée de la Meuse étant noyée sous le brouillard. Le président du Conseil général en a cependant assuré la promotion.
Pour Benoît Huré, la Voie verte fait partie de ces infrastructures qui façonnent une image positive du département et donnent envie aux touristes d’y séjourner. « C’est pour ça que le Conseil général a beaucoup investi sur la Voie verte, qui est exemplaire en Europe et qui accueille tous les ans beaucoup de monde », a rappelé le président de l’exécutif départemental.
La qualité d’un territoire
L’inauguration du PNRA a permis à Nathalie Kosciusko-Morizet de préciser les avantages de la labellisation. Selon la ministre, le label doit permettre « de valoriser toutes les activités qu’il y a dans le parc et leur donner une cohérence, une identité fortes. C’est un territoire qui a à la fois une beauté et une identité – y compris historique – à valoriser, à faire connaître, qui doit pouvoir servir l’économie, servir les projets de développement ».
Pour rappel, la longue gestation du parc naturel régional des Ardennes a failli virer à l’avortement plus d’une fois par la faute d’une maladie qui affecte l’ego de certains hommes politiques. Elle aurait pu se conclure heureusement dès 2008, selon le député de la circonscription, Philippe Vuilque (PS), qui fut le deuxième président de l’association de préfiguration du parc et qui avait proposé en 2007 au paléontologue Yves Coppens de parrainer le futur PNRA.
Les défenseurs de prés carrés ont finalement su prendre la mesure de l’intérêt collectif d’un territoire. La proximité des élections a fait le reste, toujours selon le député Vuilque, qui a vu dans la visite ministérielle une manipulation politique dont pourrait bénéficier Boris Ravignon, son adversaire UMP aux législatives.
Ces petits couacs n’ont pas empêché Nathalie Kosciusko-Morizet de rappeler le caractère unique de chaque parc naturel régional. Elle a également insisté sur l’impact de la labellisation en terme de développement économique. Pas question de « mettre sous cloche » un territoire, selon son expression imagée.
Au contraire, le parc est un outil dont les habitants doivent se saisir « pour dynamiser leur territoire ». Ce que retient principalement la ministre, « c’est l’alliance entre une nature qui est très forte, qui a beaucoup d’identité, et puis une histoire qui est absolument remarquable. C’est une plus grande exigence et une plus grande cohérence qu’on recherche dans le développement du territoire. En fait, c’est un label de qualité, le parc naturel régional, qualité de vie pour les habitants, qualité des infrastructures qu’on y développe, qualité aussi des produits qu’on y produit. Ca doit permettre de les valoriser, de mieux les vendre ».

La ministre de l'Ecologie a découvert les paysages du PNRA à la salle des fêtes d'Hargnies. Crédits : Arnaud Bouissou - MEDDTL)
Incinérateur
C’était l’occasion ou jamais. Les opposants à l’incinérateur de Givet ont fait entendre leur voix discordante dans ce concert de louanges, où tout semble laisser croire que le PNRA est un paradis de verdure et d’air pur.
Une délégation d’opposants a été reçue en Préfecture dans la matinée par un membre du cabinet de Nathalie Kosciusko-Morizet. Une pétition lui a été remise. Elle comporte plus de 11 000 signatures, françaises et belges, car le projet du Groupement d’Intérêt Economie Pointe ENR effraie aussi de l’autre côté de la frontière.
Interrogée sur ce sujet brûlant, la ministre a botté en touche. « Il y a des études qui sont lancées, notamment sous l’angle de la santé, de la santé environnementale. J’attends le résultat de ces études pour me prononcer. On sera dans la plus grande exigence sur ce sujet, et notamment sur la dimension santé« , a-t-elle assuré.
* Parmi les personnalités présentes lors de l’inauguration, on peut citer : Pierre N’Gahane, Préfet des Ardennes, Jean-Paul Bachy, président de la Région Champagne-Ardenne), Joëlle Bara, vice–présidente du Conseil régional PS), Jean-Marie Meunier (président du PNRA et conseiller régional PS), Benoît Huré (président du Conseil général et sénateur UMP), Marc Laménie (sénateur UMP), Philippe Vuilque (député PS), Erik Pilardeau, conseiller général PS et président de la communauté de communes Meuse et Semoy, Benoît Sonnet (conseiller général PS), Alain Bernard (maire PS de Monthermé).