Au lendemain de la manifestation qui a rassemblé ce jeudi près de 400 manifestants devant les grilles de la Préfecture pour protester contre les fermetures de classes et les suppressions de postes, @rdenne-mag est allé à la rencontre du député Philippe Vuilque afin de prendre le pouls de la 2ème circonscription en matière d’éducation.

Parents d'élèves, enseignants, élus ont manifesté jeudi leur colère devant les grilles de la Préfecture, au moment où se réunissait la Commission Départementale de l’Education.
@rdenne-mag : Ces dernières semaines, vous êtes intervenu à plusieurs reprises pour vous opposer aux suppressions de postes ou de filières dans la deuxième circonscription. Quelle est votre analyse de la situation ?
Philippe Vuilque : Dans la circonscription, il y a des velléités de suppressions de postes de la part de l’académie qui ne se justifient pas. Je pense notamment à la suppression envisagée de la STG à Givet. La situation est assez paradoxale.
Dans une circulaire, le Premier Ministre indiquait clairement qu’il n’y aurait pas de suppressions d’emplois du service public tant que durerait la convention qui liait la ville de Givet à l’Etat après le retrait du CEC de Givet. A ma connaissance, cette convention sera prorogée. Je ne vois donc pas pourquoi la promesse faite par le Premier Ministre ne sera pas tenue.
@-m : Le maintien des emplois est-il justifié alors que les effectifs scolaires sont en baisse ?
Ph V : Comme partout dans le département, la circonscription fait l’objet d’une baisse des effectifs. C’est l’occasion pour l’Inspection académique d’en profiter pour réajuster à la baisse les postes de l’Education Nationale, sachant qu’il y a une politique nationale qu’on connaît tous – et qui est très pénalisante, de non-remplacement de postes. Cette situation risque à terme de nous poser d’énormes soucis.
J’espère que les semaines et les mois à venir vont inverser la tendance, évidemment selon celui qui sera élu. Vous savez que je soutiens François Hollande, qui a déclaré que l’Education Nationale et la jeunesse étaient sa priorité.
@-m : Vous souhaitez la mise en place d’un moratoire. Pour quelles raisons ?
Ph V : J’estime qu’il faut un moratoire dans la circonscription – et dans l’ensemble des Ardennes. J’ai parlé d’un moratoire de deux ans, parce que c’est le temps nécessaire à la mise en place de la nouvelle politique.
Ensuite, bien évidemment, ça permet de voir plus loin. Mais je pense qu’il est nécessaire, notamment dans les territoires comme les nôtres, qui sont très en difficulté, de ne pas rajouter aux difficultés économiques et sociales en supprimant des postes.
Bien sûr, il y a des pertes d’effectifs. Mais proportionnellement, il y a plus de suppressions de postes que de pertes d’effectifs.
@-m : Concrètement, allez-vous présenter votre requête à l’Assemblée Nationale ?
Ph V : Nous sommes déjà intervenus sur le sujet. Malheureusement, nous sommes en fin de session à l’Assemblée. La session se termine dans quinze jours. De ce côté-là, il n’y a plus beaucoup de solutions.
La seule solution, c’est de changer de Président de la République et de gouvernement pour avoir une autre politique pour les années à venir.
@-m : Si François Hollande est élu, peut-il annuler les mesures prises en ce moment ?
Ph V : Il peut en tout cas revenir sur un certain nombre d’entre elles. S’il y a élection d’un nouveau Président de la République, le gouvernement sera évidemment apte à modifier les mesures qui seraient prises pour la rentrée 2012.
@-m : Un CAP va être supprimé au lycée Arland Malaise. Certains enseignants de lycées professionnels se plaignent du désengagement de l’Education Nationale au profit des CFA, dirigés par le patronat. Quel est votre avis sur le sujet ?
Ph V : Je pense que chaque structure a sa pertinence. Simplement, il faut que les structures s’harmonisent et qu’il n’y ait pas un déséquilibre entre l’Education Nationale et les CFA à direction patronale.
Là aussi, il faut une concertation. Une discussion doit être nouée afin que rien ne soit pas imposé par le haut, comme ça s’est fait en janvier (lors de l’annonce des projections par l’administration, ndlr).