La Thiérache ardennaise innove en matière de gestion des déchets avec la mise en place d’un plan de prévention local sur cinq années. Dans le département des Ardennes, seuls deux EPCI se lancent cette année dans l’aventure.
L’élaboration d’un programme local de prévention de la production de déchets intervient dans le cadre de la Loi Grenelle II, qui impose aux EPCI gestionnaires de déchets la définition d’un PLP au 1er janvier 2012. Seuls deux EPCI ont entamé cette année la démarche dans le département : la communauté de communes de l’Argonne ardennaise et le SMICTOM.
Le Syndicat Mixte de Collecte et de Traitement des Ordures Ménagères, dont le siège est à Auvillers-les-Forges, organise les collectes des ordures ménagères et du tri sélectif. L’organisme gère aussi les déchèteries de son secteur. Pour ce qui est du traitement des déchets, la compétence est déléguée à Valodea comme le font tous les autres EPCI de collecte des Ardennes.
Le SMICTOM intervient sur un territoire rural assez vaste, qui est composé de 56 communes réparties sur le nord du département, soit environ 19 300 habitants.
Actions et objectifs
La mise en place du PLP et le passage à un mode de financement du service incitatif en 2014 sont les deux projets qui vont mobiliser le SMICTOM dans les années à venir. Le système de redevance à la levée ne devrait pas plaire à tout le monde, cependant il faudra bien s’y plier. D’où l’intérêt de proposer des alternatives aux habitants.
Mais qu’entend-on par prévention ? Il faut comprendre que des mesures et des actions vont être mises en place en amont de la collecte des déchets. « Ces actions se situent au niveau de la conception, de la production et de la consommation, explique Julie Parisel, animatrice du projet. Le programme de prévention a pour visée de réduire les quantités de déchets produits et d’atténuer la nocivité des déchets dangereux ».
Les données chiffrées relatives aux collectes en porte-à-porte sont satisfaisants. En ce qui concerne les ordures ménagères, les habitants du territoire en produisaient 243 kg en 2007, et seulement 218 kg en 2010. Bien mieux que la moyenne du département.
Pour la collecte sélective (papiers, plastiques), la production est également en baisse, passant de 57 à 50 kg par habitant et par an. Là aussi un meilleur résultat qu’au niveau départemental. A noter que seuls 3 à 4 % de refus sont observés dans les centres de tri, ce qui est une bonne performance.
Quant à la collecte du verre – qui se pratique en apport volontaire -, le bilan est satisfaisant avec une production de 54 kg/hab/an (2007), qui est tombée à 43 kg (2010).
Si la réglementation prévoit une réduction de 7 % des OMA (ordures ménagères résiduelles et collectes sélectives) d’ici les cinq prochaines années, le SMICTOM affiche un objectif plus ambitieux avec une baisse de 10 % sur la période 2011-2016.
Donc, pour le territoire, l’objectif est de passer d’ici 2016, tous déchets confondus, de 311kg à 280 kg par habitant et par an.
Un programme en trois étapes
La première concerne la réalisation d’un diagnostic du territoire, qui aura lieu d’octobre à novembre 2011. Julie Parisel s’y occupe actuellement. « Il faut regarder comment sont gérés les déchets sur le territoire, quelles sont les actions de prévention qui ont déjà été faites, et leur impact, explique-t-elle. Je contacte aussi tous les acteurs qui vont intervenir par la suite. Je les rencontre personnellement pour leur expliquer la démarche et les convaincre de participer à la deuxième étape, le comité de pilotage« .
Ce dernier sera mis en place le jeudi 22 mars prochain. Il a pour rôle la construction et la mise en œuvre du programme. En font partie l’animatrice PLP, des élus référents et des partenaires issu de la société (associations, entreprises, services de l’Etat, habitants, Ademe). Il se réunira deux fois par an.
D’avril à juin, des groupes de travail se réuniront autour de différents thèmes (éco-consommation, santé et alimentation – réemploi des objets – déchets des entreprises – compostage domestique et autres pratiques…). Ils devront définir les actions et les objectifs du PLP.
Enfin, les quatre années suivantes seront consacrées à la mise en œuvre et au suivi des actions (octobre 2012 – octobre 2016).
S’inspirer d’expériences
Le SMICTOM compte bien s’inspirer d’expériences conduites un peu partout en France. L’une d’elles pourrait concerner les collèges du territoire. Il s’agit d’une opération de compostage réalisée dans un collège de Franche-Comté.
Trois composteurs rotatifs ont été installés. Ils permettent de composter les déchets de cuisine, opération irréalisable avec un système conventionnel. Dans cet établissement, 300 repas sont servis quotidiennement. D’où une production de 30 kg de déchets compostables par jour.
Au final, ce sont 4 tonnes de déchets qui sont détournées chaque année de la collecte des ordures ménagères. Le compost est récupéré toutes les six semaines et distribué gratuitement. L’opération a coûté 10 000 € : 3 500 € pour les composteurs, et 6 500 € pour la pose d’une dalle et d’un abri.
Parmi les autres pistes possibles, une opération « foyers témoins », conduite dans le Puy-de-Dôme sur plusieurs semaines a permis de réaliser des économies de 30 % sur la production d’OMA (-47 kg/pers/an). Une première étape permettrait d’évaluer la production de déchets dans le foyer sans que les membres changent leurs habitudes.
Une deuxième phase d’action viserait à faire appliquer 3 gestes de prévention choisis par les membres du foyer. L’économie en matière de production de déchets serait alors évaluée.
Parmi les gestes proposés, on trouve l’utilisation du stop pub ou de sacs réutilisables, la consommation d’eau du robinet, le compostage, le choix d’écolabels, l’achat de produits en grand conditionnement, la fabrication maison de produits alimentaires (pain, jus de fruits, yaourts…) ou encore l’utilisation de couches lavables. Quoique ce dernier exemple ne devrait guère motiver les mamans. Et encore moins les papas. Même si le gain en matière de déchets est indéniable.
Les opérations « caddies® maxi déchets mini déchets » sont également très parlantes pour les consommateurs. Ces actions de communication réalisées en moyenne et grande surface peuvent faire prendre conscience aux consommateurs du surcoût induit par le conditionnement individuel ou le suremballage (jusqu’à 80 %).