Les loisirs créatifs sont en vogue. Bernard Defranceschi, jeune retraité, s’est découvert sur le tard une passion pour la poterie, qu’il pratique au sein du club de l’Arel. Juste « pour le plaisir », comme le chante Herbert Léonard.
Ancien cariste chez Ardam-Electrolux, Bernard Defrancschi a pris sa retraite voici une dizaine de mois. Avec Bernadette Croyet, il est à l’origine de la création du club poterie de l’Arel, qui a ouvert ses portes en 2003. Pour lui, le modelage est avant tout un plaisir qu’il ne boude pas.
Même si leur nombre a fortement diminué, les membres de l’atelier sont toujours fidèles aux séances du samedi, de 13h30 à 17 h00, dans les locaux de l’association. Ils sont 7 à sculpter et modeler l’argile sans avoir eu au départ de grandes connaissances techniques.
Au bout des doigts
Leur loisir exige patience, attention et … doigté.« Le potier doit avoir un bon contact avec la terre et bien la préparer, avertit Bernard. C’est primordial. Il faut la travailler comme une pâte à modeler et veiller à ne pas laisser de bulles d’air ».
Dans la pièce qui fait office de séchoir, une crèche patiente sur son étagère. Elle est sculptée dans un seul bloc d’argile rouge. Une fois le sujet terminé, on le laisse évacuer l’eau pendant trois semaines. Sur l’étagère, certaines figurines sont enveloppées d’un film plastique.
« La terre ne doit pas sécher brutalement, prévient le potier. Si on la laisse dans un endroit où la température est trop élevée, ça pète », explique-t-il, exemple à l’appui, en me désignant un bœuf, qui a perdu de son « cuir ». L’animal a séché trop vite : la terre a éclaté.
Le drapé élégant de deux personnages m’interpelle. Comment réalise-t-on les détails d’une poterie ? L’artiste va-t-il me livrer quelques secrets, à tout le moins quelques astuces ? « Avec un peigne, on réalise les poils d’une barbe. Pour les drapés, il suffit de coller des colombins et de les travailler ». Bref, ça paraît simple à l’entendre, mais quand même !
Les outils du potier ne sont pas sophistiqués : ébauchoir, peigne ou brosse, et même rouleau à pâtisserie. De là à en maîtriser rapidement l’utilisation, il y a une marge. On ne devient pas potier d’art du jour au lendemain. Bernard Defranceschi a mis presque trois mois avant de réaliser une production qui le satisfasse.
- Les membres du club disposent d’un four électrique programmable. (Photo @rdenne-mag)
Inventaire à la Prévert
Le club devant participer à une prochaine exposition, Bernard choisit ses plus belles pièces, qu’il dépose dans des cartons. Sa production ressemble un peu à un inventaire à la Prévert : un nichoir émaillé en forme de poire, un rat de dessin animé, un trophée de chasse (chevreuil), et même un four préhistorique. Une plaque retient mon attention. Il s’agit du portrait de Rimbaud par Etienne Carjat. Le regard de l’adolescent à la mèche rebelle est figé dans la terre cuite.
Reculer les limites de sa pratique fait partie des objectifs de notre potier revinois. Au début, il peignait ses sujets à l’acrylique. Désormais, les émaux n’ont presque plus de secrets pour lui. Les couleurs chatoient et font ressortir les formes tourmentées du vase qu’il me tend.
Le patrimoine local est également source d’inspiration pour Bernard Defranceschi, qui a réalisé deux copies en terre cuite de la Maison Espagnole, d’après photographies. L’un des exemplaires se trouve sur site, où il accueille les touristes. La maquette peut être éclairée de l’intérieur, ce qui accentue son réalisme. On devine l’homme très fier de sa réalisation, même si’l ne l’avoue pas.
Bernard ne s’attache pas inconsidérément à ses productions. « Je les oublie dès que je les ai terminées », confesse-t-il sans remords apparent.

Les productions de Bernard Defranceschi ressemblent à un inventaire à la Prévert. (Photo @rdenne-mag)
Un four programmable
Le club dispose depuis 2008 d’un four électrique à résistances, installé dans la cave. Il était précédemment utilisé au parc Rocheteau. Transféré rue Jean Macé, dans les locaux de l’Arel, en 2005, il avait fini par tomber en panne.
Grâce au soutien de l’entreprise revinoise Arc Elec et à son dirigeant, Antonio Alvès, l’appareil avait pu être réparé et même perfectionné sans qu’il en coûte un centime à l’association.
Il faut savoir que pour réussir la cuisson des pièces, la montée en température du four doit être progressive et régulière. C’est pourquoi une nouvelle armoire électrique avait été conçue, intégrant un dispositif avec automate programmable.
Est-il possible de participer à vos séances poterie?…je cherche depuis longtemps…j’habite Rocroi