La pose de la première pierre du futur lycée Jean Moulin, ce mardi, a été l’occasion de faire le point sur le chantier le plus innovant de France en matière d’infrastructure scolaire. L’implication de la Région, en dépit de la crise économique, a été soulignée.

L'ancien lycée de type Pailleron fera place d'ici quelques années à un ensemble architectural respectant les normes de l'éco-construction. (Photo @rdenne-mag)
Entamée depuis plusieurs mois, la deuxième phase des travaux de reconstruction du lycée Jean Moulin a donné lieu mardi, en fin d’après-midi, à une cérémonie officielle. L’absence remarquée du Préfet Pierre N’Gahane et de Philippe-Pierre Caubourdin, Recteur d’académie, a suscité quelques commentaires.
Renseignements pris, la Préfecture n’aurait pas reçu d’invitation officielle, mais du côté de la Région, on confirme pourtant avoir fait le nécessaire. L’effet domino ayant visiblement joué, le recteur a annulé sa visite, alors qu’il devait rencontrer Philippe Vuilque, député de la circonscription pour évoquer l’avenir du lycée Vauban de Givet*.
De nombreuses personnalités étaient cependant présentes, parmi lesquelles Jean-Marie Meunier (conseiller régional), Dominique Ruelle et Christophe Léonard (conseillers généraux), des représentants du Conseil Economique et Social, du monde associatif et des entreprises en charge du chantier. Sans oublier bien sûr une délégation d’enseignants.
Un message pour les générations futures a été scellé dans un tube et inséré dans un parpaing par le président de la région, Jean-Paul Bachy, et Philippe Vuilque, le député-maire de Revin, très souriants en cette journée printanière. Olivier Leclercq, proviseur, a ensuite invité ses hôtes à le suivre à l’Espace Jean Lenoir pour un cocktail préparé et servi par les élèves de la section hôtellerie-restauration.
Un signe d’espoir
Avant de goûter aux mignardises, les invités ont cédé au rituel des allocutions. M. Leclercq a remercié les collectivités locales qui investissent dans la formation et l’avenir des jeunes, faisant remarquer que la chose est d’autant plus importante que « le capital formation est fondamental dans les entreprises aujourd’hui et que la technicité de nos jeunes est un atout dans l’emploi. » Pour le chef d’établissement, la situation difficile du secteur sur le plan économique autorise cependant un certain optimisme, car « la formation est un des aspects qui redynamisent l’économie. »
Le proviseur a également souligné que le chantier allait donner du travail aux entreprises du secteur pour plusieurs années. Des personnes ont également trouvé des emplois d’insertion sur le site grâce à la clause sociale. « C’est un beau signe d’espoir pour Revin, pour la Pointe et pour les formations futures qui intègreront le lycée », a-t-il conclu avant de céder la parole au député-maire.
Cofinancements
Philippe Vuilque n’a pas caché sa satisfaction de voir le Conseil régional s’impliquer financièrement dans la rénovation des infrastructures de sa ville. En ce qui concerne le futur lycée, l’édile a fait remarquer que cet investissement très important allait changer l’image de Jean Moulin mais aussi celle du quartier d’Orzy qui, par ailleurs, est en cours de rénovation par le biais d’un projet Anru.
Le député-maire a profité de l’occasion pour remercier Jean-Paul Bachy de son implication dans la reconstruction du pont de St-Nicolas. Un dossier « pas évident » et porté par le président de l’exécutif régional, selon l’édile revinois, qui a par ailleurs annoncé la tenue d’une prochaine réunion d’information ouverte à la population, à l’Espace Jean Vilar.
D’autres chantiers vont bientôt démarrer comme la rénovation de la cité Paris Campagne et la construction d’une crèche multiservices. « Même si nous nous trouvons dans une situation économique et sociale difficile, a concédé l’élu, nous investissons, nous avançons et nous croyons en l’avenir. » Des investissements rendus possibles grâce aux cofinancements (Département, Région entre autres) que la réforme territoriale « rendra très limités ».
Une démarche novatrice
« Il était temps de donner aux jeunes qui sont dans cet établissement des conditions d’accueil décentes », a lancé d’emblée le Président Bachy en faisant un bref rappel de l’histoire des bâtiments, qui accueillent bon an mal an 600 élèves. Les constructions de type Pailleron vont être démolies l’une après l’autre et remplacées par ce qui se fait de mieux en matière d’éco-construction.
En 2005, la rénovation du pôle hôtellerie-restauration (2 750 m2), avait coûté 5 millions d’euros. Depuis plusieurs mois, la deuxième étape du projet global est en cours de réalisation.
« C’est un chantier considérable, a souligné Jean-Paul Bachy, parce qu’il a d’abord été initié par une démarche de l’Association des Régions de France à laquelle la Région Champagne-Ardenne s’est associée dès le départ pour imaginer ce que pourrait être un lycée des années 2020-2030. Les élèves, les enseignants, la population, les élus locaux ont été consultés. Cela ne s’était jamais fait auparavant. »
L’ouverture du dialogue devait permettre que la conception des bâtiments soit initiée à partir de l’expression des besoins et des projets de ceux qui font vivre un lycée au quotidien. Cette démarche originale préfigurait ce que pouvait être la « 27ème région », la région de l’avenir. « A Revin, on était dans l’application concrète de ce projet. »
C’est seulement après avoir pris connaissance de ce qui avait été « dialogué, discuté au cours de la première phase » que les services de la Région, les architectes, les entreprises ont élaboré « un projet sans équivalent, exceptionnel, puisque d’emblée, on a étudié les fonctionnalités les plus performantes et les plus adaptées possibles aux exigences pédagogiques. »

La performance des outils et une offre de formation élargie permettront aux lycéens champardennais de devenir de bons professionnels et de bons citoyens. (Photo @rdenne-mag)
Investir pour économiser
Ouvrir le nouveau Jean Moulin vers l’extérieur, vers la ville, vers son quartier était l’une des préoccupations majeures des concepteurs. Ceux-ci ont souhaité qu’il s’intègre totalement du point de vue architectural dans son cadre naturel.
« Les préoccupations environnementales sont essentielles dans l’organisation du travail et dans la mise en œuvre du projet architectural. Quand les travaux seront terminés, nous aurons un lycée en terrasses, comme un escalier de verdure allant du bas du quartier jusqu’en haut de la colline. C’est une première en France que de concevoir un projet de ce type. »
Mais l’esthétique ou l’organisation fonctionnelle n’ont pas été les seuls éléments pris en compte dans un monde où l’énergie coûte de plus en plus cher. Les critères d’éco-construction ont été intégralement pris en compte (isolation, chauffage, récupération de l’eau, autonomie d’énergie), afin que, « si le coût d’investissement est lourd, on puisse aussi avoir des modes de gestion et d’organisation, une vie interne de l’établissement, qui permettent de réaliser des économies de fonctionnement. »
L’investissement global est assez lourd pour la Région (39,5 milliards d’euros), alors qu’elle consacre un budget annuel de 50 à 60 milliards d’euros en termes de construction, de maintenance, de réaménagement des lycées dont elle a la charge. C’est pourquoi la reconstruction de Jean Moulin s’inscrit dans une programmation pluriannuelle. Les travaux sont prévus sur 3 ou 4 ans. Elèves et enseignants devront cohabiter.

Les élèves de la section hôtelière ont fait preuve de leur savoir-faire lors du cocktail. (Photo @rdenne-mag)
Des propositions qui tiennent la route
A l’occasion de cette « première pierre », Jean-Paul Bachy a fait passer un certain nombre de messages. Pour lui, ce n’est pas parce que des jeunes naissent dans la vallée de la Meuse qu’ils doivent être moins bien traités que d’autres. « Il est normal, et même prioritaire, d’accorder des chances supplémentaires de réussite à des jeunes Ardennais venant de familles qui sont souvent en situation difficile, compte tenu du contexte économique et social de Revin et de l’ensemble de la vallée de la Meuse ».
Pour avantager les désavantagés de la société, Jean-Paul Bachy ne lésine pas : « Il ne faut pas mégoter sur l’outil et l’offre de formation », mais proposer des choses qui « tiennent la route » et soient à la hauteur de l’ambition de ces jeunes qui démarrent dans la vie. Le but ultime étant que ces moyens mis à disposition « puissent leur offrir un métier, des qualifications, une culture générale dont ils auront besoin pour devenir non seulement de bons professionnels mais aussi de bons citoyens. »
* Une délégation d’enseignants du lycée Vauban a été reçue au Rectorat le jeudi 22 mars, à l’occasion du CTA qui devait décider du transfert de la série STG vers le Lycée Jean Moulin de Revin. Pour plus d’informations, consulter la page Facebook du groupe Givi J’y reste !
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