Une page se tourne à la résidence Léon-Braconnier. Acquise en 2007 par la Mutualité Française des Ardennes, elle périclitait faute de pouvoir être mise aux normes. Son rachat par le groupe Orpéa devrait être officialisé dans les jours à venir et rassurer toutes les parties concernées.
- Le personnel de la résidence Léon-Braconnier avait exprimé son inquiétude. La notification du jugement rendu en faveur d’Orpea va permettre de clarifier une situation inconfortable. (Photo @rdenne-mag)
Les tensions vont s’apaiser au sein de l’EHPAD Léon-Braconnier, maintenant que les blouses blanches ont reçu confirmation de la reprise de la résidence par Orpéa et qu’elles ont été informées des conditions de cette opération.
Leader européen dans la prise en charge de la dépendance, le groupe privé avait déposé sa candidature à la reprise le 16 janvier 2012 et le tribunal avait statué en sa faveur, mais le retard pris dans l’envoi du jugement bloquait la situation. « La notification de reprise devrait parvenir à Orpea dans les jours qui viennent », confirme le député-maire Philippe Vuilque, qui est intervenu pour activer le traitement du dossier.
De nouvelles perspectives
Selon nos sources, Orpéa s’est d’ores et déjà engagé sur plusieurs points. En ce qui concerne le devenir de l’immeuble actuel, l’hypothèse d’une destruction-reconstruction avait été évoquée. Elle est confirmée.
Le groupe a décidé de construire un établissement neuf sur le site même de l’EHPAD (Établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes). Le projet immobilier est d’une capacité de 80 lits, 6 places d’accueil de jour et 1 ou 2 unités Alzheimer (selon accord avec l’Agence Régionale de Santé).
D’ici trois ans se posera la question de la réaffectation de l’ancien immeuble. « Cela fera l’objet d’une concertation entre le propriétaire Orpea, la Ville, les partenaires logeurs et le Conseil Général, explique l’édile. Ce bâtiment pourrait accueillir les familles venues rendre visite aux résidents. Il y aurait aussi possibilité de créer des logements sociaux. »
En ce qui concerne l’aspect humain de la reprise, le député-maire avait reçu récemment la responsable du personnel qui, aujourd’hui, peut « souffler » car les nouvelles sont a priori rassurantes. Les 35 employés seront repris aux conditions dont ils bénéficiaient antérieurement. Mieux, des embauches sont prévues, puisque la capacité d’hébergement va augmenter. Actuellement, la résidence accueille 56 résidents.
Une formation est prévue pour les personnes ne possédant les diplômes requis, afin qu’elles puissent obtenir une équivalence. La formation permanente est d’ailleurs l’un des soucis majeurs du groupe Orpea pour optimiser la qualité des services proposés à ses résidents.
« Cette notification va permettre à Orpea de communiquer enfin, estime le député-maire. Je suis le dossier depuis le début. Sa finalisation assure à la fois la pérennisation de la résidence Braconnier, la construction d’un nouveau bâtiment, une augmentation du nombre de lits et des embauches. De plus, le maintien du prix de journée est acquis. C’est une bonne chose pour les résidents. »
Orpea, un groupe privé
La France compte 540 000 lits en maisons de retraite, dont 55 % dépendent du service public, et 25 % du secteur associatif. Le secteur privé ne représente que 20 % de l’ensemble. Il est donc largement minoritaire.
Créé en 1989 par le Dr Jean-Claude Marian, Orpea gère la prise en charge de différents types de dépendance, à travers des maisons de retraite, des cliniques de soins de suite et de réadaptation (SSR), et des cliniques psychiatriques, via sa filiale Clinea.
L’introduction en bourse du groupe hexagonal, en 2002, lui a donné les moyens financiers de s’étendre rapidement et de s’ouvrir à l’international dès 2004. Deux ans plus tard, Orpea a racheté l’espagnol Grupo Care. En 2010, il réitère avec près de 5 000 lits rachetés en France et en Belgique.
Autant dire que la résidence Braconnier n’est qu’un confetti dans cet empire, qui souhaite pourtant développer sa présence sur le département. Orpéa lancerait-il une OPA sur les EHPAD ardennais ? On peut le penser. Plusieurs projets sont en cours de négociation.
Le groupe emploie environ 20 000 collaborateurs. Son réseau compte plus de 36 700 lits répartis sur 393 sites et 5 pays (France, Belgique, Espagne, Italie, Suisse). En 2011, son chiffre d’affaires était de 1,210 milliards d’euros, soit 25 % d’augmentation.
Dans un entretien à la web tv laboursetlavie.com, en mars 2011, Jean-Claude Merian justifiait sa politique d’expansion : « On va avoir de plus en plus des grands acteurs opérationnels, (…) qui de plus en plus vont absorber les petits groupes ou des individuels parce que l’évolution, l’ampleur des investissements nécessaires, les nouvelles réglementations, la complexification quand même de tous ces métiers font que c’est de plus en plus difficile pour des opérateurs individuels et qu’il y a une concentration du secteur. »
Prix de fonctionnement
Si le prix de la journée est garanti pour le moment, il faut bien s’attendre à une augmentation, particulièrement après la construction du nouvel EHPAD, qui devrait répondre à des objectifs de développement durable (maîtrise des énergies, prise en compte de la démarche Haute Qualité Environnementale), défendus par Orpéa.
Pour son président, la courbe ascendante du coût des séjours est inéluctable – et sans doute parallèle à celle des profits du groupe. La gestion sociale du 3ème âge et de la dépendance a vécu au regard des arguments avancés par le docteur Marian : « (…) le coût de fonctionnement des maisons de retraite (…) va malheureusement continuer à augmenter puisque la plus grosse dépense dans une maison de retraite, c’est les coûts de personnel.
50 à 60 % des dépenses sont des coûts de personnel : des personnels médicaux, paramédicaux, les personnels de services. On a besoin d’auxiliaires : les gens qui rentrent chez nous sont de plus en plus dépendants. Donc, le prix de fonctionnement d’une maison de retraite va continuer à augmenter (…). » Le confort au prix fort.
MISE A JOUR du jeudi 5 avril 2012, 12h00.
Communiqué de presse :
« Philippe Vuilque, Député-Maire de Revin, recevra en mairie une délégation de la résidence Braconnier, demain vendredi, afin de faire le point sur la reprise de la résidence par Orpéa.
Cette délégation comprendra les délégués du personnel, ainsi que les représentants des familles.»