Un concert solidaire a rassemblé de nombreux participants en l’église paroissiale, dimanche dernier. Il était organisé par l’antenne locale des Restos du Cœur. Pas de prix d’entrée, mais des dons en nature, qui seront redistribués aux Revinois dans le besoin.
Ce n’était pas un poisson d’avril. Et pourtant, en ces temps où le chacun pour soi, l’indifférence sont devenus la norme, les Restos du Cœur ont fait un petit miracle. Quoi de plus normal, puisque l’événement s’est déroulé dans l’église des dominicains.
La musique a servi de prétexte à l’expression d’un geste solidaire. Habituée à répondre présent lorsqu’elle est sollicitée, Chante Ma Vallée avait invité sa consœur, la chorale Etienne-Nicolas Méhul de Givet et des amateurs de djembés, issus de deux groupes : les Djemb’Arel (Revin) et Masc (Charleville-Mézières).
Pas de ticket d’entrée donc, mais des boîtes de conserves, des pots pour bébés, des jeux…. Le prix du cœur en quelque sorte. Plusieurs cartons disposés au fond de la nef se sont vite remplis, comme les bancs de l’église. Catholiques, musulmans, athées se sont assis côté à côte. Philippe Vuilque, député-maire, était présent.
Raser les murs
L’abbé Eric Pedroni a souhaité la bienvenue à l’assemblée, heureux d’ouvrir les portes de son église. Quant à Marie-Claude Lambert, responsable locale des Restos du Cœur, elle a rappelé le contexte de l’action de l’assoication fondée par Coluche.
« Nous vivons dans un monde de plus en plus égoïste, a-t-elle accusé. Autrefois, dans les villages, tout le monde se connaissait. Il y avait certes des riches et des pauvres, mais sur les tables des fermes, on mettait toujours une assiette en plus : la part du pauvre, qu’il soit de passage ou du voisinage.
De nos jours, surtout dans les villes, les gens ne se parlent pas, ne se connaissent pas le plus souvent. La pauvreté reste cachée, secrète, presque honteuse. Alors que les nantis paradent, les pauvres rasent les murs.»
Dans une société où les progrès – scientifiques et techniques – pourraient améliorer la condition humaine, la misère est bien réelle, selon Mme Lambert. « Nous la côtoyons tous les jours à Revin », fait-elle remarquer avant de remercier les donateurs et d’évoquer un poème d’Arthur Rimbaud, « Les Effarés ».
L’image de cinq enfants affamés et grelottant de froid, accroupis devant le soupirail d’un fournil, la révolte car elle est toujours d’actualité. « Ne laissons pas les familles dans la détresse. Pensons aux enfants, soyons généreux et solidaires.»
Marie-Claude Lambert n’a pas oublié de remercier les bénévoles des Restos, reconnaissant que leur tâche n’était pas facile. « Ils sont remplis de bonne volonté, offrent leur bienveillance à ceux qui n’ont pas été gâtés par la vie. » Or la précarité grandissante fait qu’ils sont actuellement beaucoup sollicités.
« On ne demande pas la lune »
Côté musical, le programme était riche. La chorale Etienne-Nicolas Méhul a ouvert le ban avec un chant de Pâques congolais. Une œuvre de circonstance en ce jour des Rameaux, qui annonce la Semaine Sainte pour les chrétiens.
La chorale givetoise a interprété 12 titres, religieux et profanes, sous la direction de Marie-Hélène Muller. Ce fut un véritable tour du monde en chansons, plébiscité par le public.
Après avoir joué quelques morceaux « off » sur le parvis de l’église, les djembés de l’Arel et de Masc ont assuré les intermèdes. Les musiciens ont accompagné les choristes sur certains titres, comme « Le lion est mort ce soir ». Dépaysement garanti. Un titre bissé en fin de première partie.
Danielle Schireff avait placé haut la barre, elle aussi, en choisissant une programmation variée, exigeante au plan vocal. Chante Ma Vallée* a fait se croiser Mozart, Renaud et Françoise Hardy, au cours d’une prestation qui comprenait aussi un negro spiritual et des airs folkloriques. Sans oublier « Ultreia et Susseia », le chant des pèlerins de Compostelle, particulièrement mis en valeur sous les voûtes de l’église.
Pour conclure cet après-midi musical, les deux chorales ont chanté ensemble « La Nuit de Rameau » et « On ne demande pas la lune », version Restos du Cœur. Les djembés ont accompagné la sortie des spectateurs en jouant sous le porche. Tout le monde s’est quitté satisfait, les uns parce qu’ils avaient donné, les autres parce qu’ils avaient reçu.
* La chorale déplore la perte d’un de ses membres. Evelyne Grafteaux-Genonceau sera inhumée le mardi 10 Avril 2012, à 14h30, en l’église de Revin.