La municipalité l’avait promis. C’est fait. Le projet de reconstruction du pont de St-Nicolas a été présenté hier à la population afin de « répondre à sa légitime impatience et à ses questions », selon le député-maire Philippe Vuilque. Les Revinois sont venus très nombreux poser virtuellement un premier pas sur l’un des projets-phares de la ville.

La population a participé activement à la présentation du projet en posant de nombreuses questions.(Photo @rdenne-mag)
Une grande effervescence régnait donc, en fin d’après-midi, à l’Espace Jean Vilar. Et ce n’était pas pour une star du rock ou de la variété. Non. Celui que les Revinois attendent depuis dix ans, eh bien, c’est un pont, le fameux pont de St Nicolas, dont la reconstruction devrait effectivement commencer fin 2012.
Dans le hall, la maquette de l’objet du désir trônait, commentée fiévreusement par ses futurs usagers, qu’ils soient automobilistes, cyclistes ou piétons. Une retraitée n’y va pas par quatre chemins : « Vivement qu’on l’ait, ce pont. Je hais l’autre. » Le mot est fort, mais témoigne de l’exaspération des usagers.
Endossant le costume de VRP, Philippe Vuilque répond aux questions qu’on lui pose. Un avant-goût de ce qui l’attend après la présentation officielle. Un sexagénaire conteste le choix d’un pont à deux voies, « compte-tenu de ce qu’est devenu Revin ». Une structure à une seule voie avec alternat lui paraît suffisante : « Ca fait plus de 40 ans que c’est comme ça. »
Un jeune homme intervient. Ce Revinois croit en l’avenir de sa ville et veut un beau pont, qui ait de la gueule. Il ne supporte plus la cellule capricieuse, qui fait languir les automobilistes : « On ne .sait pas si on doit avancer ou reculer ».
La longévité du provisoire
Le député-maire a d’abord rappelé l’historique du pont St Nicolas. En fait, aucun pont ne reliait le hameau de Rocroi au quartier de la Campagne avant la Seconde Guerre mondiale.
Un premier ouvrage métallique, de type Bailey, du nom d’un ingénieur civil au War Officel fut aménagé après la libération de la ville par les Alliés. Il avait été remplacé au début des années 60 par le pont actuel, de type Arromanche. Cet ouvrage militaire était comme le premier prévu pour une utilisation provisoire qui, finalement, aura duré une cinquantaine d’années.
« S’il a rendu de grands services, la voie unique cause une gêne considérable aux habitants et restreint la circulation, notamment celle des poids lourds », a synthétisé l’édile avant d’énumérer des éléments inquiétants liés à la vétusté de la structure.
Le pont a commencé à donner des signes de fatigue au milieu des années 90, notamment à cause des inondations, et particulièrement celle de 1995.
Les différentes études techniques réalisés ont fait apparaître de graves défauts, parmi lesquels une oxydation des poutres métalliques avec pertes de métal et désolidarisation des assemblages, une déformation des poutres métalliques et de la voie en enrobé.
Suite à ces diagnostics, des travaux de renforcement ont été effectués en 1994. Des ouvrages de protection ont été mis en place en amont des piles. D’autres travaux ont été réalisés en 2009, le pont ayant souffert à cause du gel.
Le pont de St Nicolas est un axe de circulation majeur. Malgré les désagréments (circulation en alternat,, ralentisseurs), le trafic reste important (1 000 véhicules/jour), dont 5 à 10 % de véhicules lourds, ceci avant la restriction mise en place voici plusieurs semaines..Soit environ 20 % du trafic principal dans la commune.
Clé de financement
En 2002, la municipalité précédente, conduite par Bernard Dahout, avait négocié et obtenu un engagement du Conseil Général pour la reconstruction du pont par décision du 31 mai 2203. Le financement devait être assuré très largement par le Département (85 % CG08, 15 % Ville de Revin).
Une convention signée le 15 juillet 2004 précisait la participation du Conseil Général et de la Ville, qui devait mettre 1,524 millions d’euros au pot. La commune a d’ailleurs d’ores et déjà versé 400 000 euros (par moitié, en 2004 et 2005) pour régler les frais d’études.
« Dès notre arrivée en 2008, a rappelé Philippe Vuilque, je me suis inquiété de l’avancement du dossier. » Le Conseil Général aurait alors laissé entendre aux élus revinois que le dossier était bloqué à la Commission Nationale des Sites, suite aux demandes de l’Architecte des Bâtiments de France (côté St-Nicolas, la double paroi rocheuse est un site classé, ndlr).
« Nous avons donc demandé avec Dominique Ruelle, conseillère générale, à rencontrer le Président Benoît Huré pour faire le point. Nous nous sommes aperçus que le dossier n’était plus prioritaire pour le Conseil général. Ses finances ne lui permettaient plus d’honorer son engagement. Fin 2008-début 2009, le Conseil Général nous faisait savoir qu’il ne souhaitait plus assurer la maîtrise d’ouvrage et que sa participation financière serait très largement revue à la baisse. »
Les élus ont dû alors entamer des démarches auprès du Ministre chargé de la relance, Philippe Devedjian, pour solliciter le concours de l’Etat. Ils se sont aussi adressés à la Région Champagne-Ardenne et ont recherché d’autres financements, notamment européens. « Pendant plus d’un an, nous nous sommes bagarrés pour arriver au montage financier adopté par le conseil municipal. »
L’édile a regretté la non-inscription du projet de reconstruction au Plan de relance. « Le dossier était prêt », dit-il. On peut d’autant plus abonder dans ce sens que les fameux pontons d’accostage près de l’écluse de Revin ont fait, eux, au plan de relance, alors qu’ils sont inutilisés.
Remerciements
Pas chien, Philippe Vuilque a remercié les services de l’Etat, « bien qu’il ait fallu leur « arracher de l’argent », le Préfet des Ardennes et ses services, « qui ont joué un rôle essentiel et qui ont bien compris qu’on ne pouvait pas continuer comme ça très longtemps. »
Le premier magistrat a également eu quelques mots de gratitude envers Benoît Huré, bien que « nous ayons connu un moment très difficile avant de nous mettre autour de la table. » Des négociations qui ont fini par s’avérer fructueuses.
Philippe Vuilque a particulièrement témoigné sa reconnaissance à Jean-Paul Bachy et sa forte contribution, car « la Région n’a pas compétence pour les ponts. » D’autres crédits enfin ont été obtenus auprès de fonds européens, « mais ce n’était pas gagné d’avance non plus. » Bref, la clé de financement a eu bien du mal à trouver serrure à sa mesure.
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Pour la description technique du pont, lire notre article du 6 Avril 2012 (référenbce ci-dessous).
Un article sera prochainement mis en ligne et traitera des questions posées par les Revinois.
PLAN DE FINANCEMENT
Coût des travaux HT : 7 728 521, 00 €
Subvention FEDER : 1 250 000, 00 €
Subvention ETAT – risques naturels : 500 000,00 €
Subvention ETAT – FNADT : 700 000, 00 €
Subvention Conseil Régional : 1 000 000, 00 €
Subvention Conseil Général : 2 650 000,00 €
Participation de la Ville : 1 578 521,00 € (dont 400 000,00 € déjà versés pour études).