La Fête du travail a été célébrée ce matin sur fond de campagne présidentielle. Philippe Vuilque, député-maire, a mis en garde contre les récupérations politiques.
La Fête du Travail s’est déroulée ce matin dans une ambiance festive, en dépit de la polémique suscitée par les propos controversés du Président de la République, instigateur d’une Fête du « vrai » travail. Parmi les personnalités, on reconnaissait Philippe Vuilque, député-maire, Dominique Ruelle, conseillère générale, plusieurs adjoints et conseillers municipaux.
Le cortège est parti de la place Jean Jaurès vers 10h45, emmené par les musiciens de l’UMR. Les Alouettes se sont livrées à une démonstration de twirling bâton. Leur uniforme a mis un peu de couleur dans les rues tout en rappelant Revin la Rouge, dont les grèves sont entrées dans l’histoire ouvrière.
Les participants se sont d’abord dirigés vers le monument érigé en l’honneur de Pierre Viénot. Un dépôt de gerbes a eu lieu. La municipalité, la section locale du Parti Socialiste et l’Amicale Franco-portugaise ont honoré l’ancien député de la circonscription et secrétaire d’Etat. L’UMR a joué ensuite quelques morceaux, dont l’Internationale et la Marseillaise.
Une seconde halte a eu lieu pour rendre hommage à Jean Jaurès. Les porte-drapeaux des associations présentes ont rendu les honneurs à l’apôtre de la paix, assassiné le 31 juillet 1914, puis les participants se sont rendus à la salle des mariages pour un verre de l’amitié.
Le député-maire a remercié les associations, les organisations civiles et militaires, pour leur participation. Il a replacé la Fête du Travail dans le contexte de l’histoire de la ville, « une histoire que nous devons honorer ».
Puis, l’actualité politique reprenant ses droits, Philippe Vuilque a mis en garde contre la récupération d’une fête avant tout syndicale. « Vous savez qu’un certain nombre de personnes essaient de récupérer cette journée. Le 1er mai, c’est la fête du travail et des travailleurs. (…) Attention à toutes les récupérations en cette période électorale. Elles sont, à mon avis, tout à fait malvenues. »
ENTRETIEN AVEC PHILIPPE VUILQUE, député-maire de Revin
Du « vrai » travail au « vrai » chômage.
@rdenne-mag : Les récents propos du Chef de l’Etat – relatifs au « vrai » travail – vous semblent-ils responsables ?
Ph V : Ma réponse ne vous surprendra pas. Il n’y a pas de vrais travailleurs, pas de faux chômeurs, pas de vrai travail ou de faux travail. Il y a une situation économique particulièrement difficile. Cette expression est un peu déplacée de la part du Président de la République. D’ailleurs, je pense qu’il a regretté lui-même de l’avoir employée.
@-m : Peut-on parler de récupération politique ?
Ph V : Je trouve regrettable que le 1er mai – fête du travail, fête des travailleurs – soit récupéré politiquement. Cette manifestation est organisée conjointement par l’ensemble des organisations syndicales. Il est dommage d’avoir plusieurs manifestations à Paris. Un certain nombre d’organisations politiques peuvent d’ailleurs se joindre – ça se fait tous les ans – à la manifestation syndicale. C’est normal, mais elles doivent rester en retrait.
Pour ce qui est de l’utilisation politique, les exemples ne manquent pas. Le Front national fête Jeanne d’Arc, mais utilise aussi le 1er mai. Et puis, le candidat président fait une grande manifestation le 1er mai sur le thème du travail. On aurait bien voulu que pendant ces cinq ans, il se consacre un peu plus au travail, parce qu’ici, on sait ce que veut dire le chômage. Comme je viens de le dire, je ne sais pas ce que c’est que le vrai travail. Par contre, on sait ce que c’est que le vrai chômage.
@-m : Un internaute a écrit sur Facebook : « Il faudrait que la Fête du Travail devienne celle des chômeurs, il y aurait plus de monde ». Au-delà de la boutade, que vous inspire ce commentaire ?
Ph V : Oui, c’est effectivement une boutade. Je pense que le 1er mai est un symbole fort dans le monde du travail. À Revin, ville ouvrière, ville industrielle, nous honorons la mémoire de Pierre Viénot, parce que c’est un de nos anciens députés des Ardennes, qu’il a été sous-secrétaire d’Etat aux Affaires Etrangères dans le gouvernement Léon Blum. Et puis, évidemment, Jean Jaurès, l’apôtre de la paix, qui a défendu les travailleurs. Je crois que nous sommes la seule commune à le faire dans les Ardennes. Nous sommes fiers de jouer, le 1er mai, l’Internationale et la Marseillaise. Je crois que c’est très complémentaire.
@-m : Qu’attendez-vous de l’éventuelle élection de François Hollande pour la Vallée de la Meuse en ce qui concerne l’emploi ?
Ph V : Je pense que la victoire de François Hollande sera un espoir. Maintenant, la situation économique est difficile partout en France, en Europe, et même dans le monde. Ce sera un combat de longue haleine. Il ne faut jamais se désespérer, mais c’est vrai que ce sera difficile.
Vous savez, si on ne se bat pas, on n’a jamais rien. Donc, on a bien l’intention de se battre. Probablement, enfin, je l’espère, que l’élection de François Hollande apportera à terme une ère nouvelle et des solutions qui permettront de redresser l’économie de notre pays, de notre secteur et de notre territoire.