Une cérémonie émouvante s’est déroulée ce matin, près de la gare, à l’occasion de l’inauguration de la rue Bernard Lempereur, qui perpétue le souvenir d’un homme qui a consacré sa vie aux plus faibles, que ce soit en tant que délégué syndical CGT ou militant du Parti communiste.

L’ex-rue du Gazomètre porte désormais le nom de Bernard Lempereur. La plaque se trouve à l’entrée du parking privé d’Ardam, entre les bâtiments historiques d’Arthur Martin et le site actuel d’Electrolux. (Photo @rdenne-mag)
Décédé le 5 septembre 2009, à la suite d’un cancer, Bernard Lempereur est né le 14 juin 1953 à Mézières dans une famille ouvrière de 8 enfants. Il obtient son certificat d’études en 1968 avant de se faire engager en fonderie. Appelé sous les drapeaux, Bernard quitte Laifour, où il vit avec sa famille pour rejoindre Metz et effectuer son service militaire chez les parachutistes.
De retour parmi les siens, le jeune homme entre à la fonderie Cochaux qu’il quitte pour entrer le 29 octobre 1974 chez Electrolux, où il occupe un poste d’opérateur sur les lignes d’assemblage.
Le 26 juillet 1975, Bernard épouse Maryline Malhey. Une fille, Ingrid, naît l’année suivante. Ses loisirs, Bernard les consacrait notamment à la pêche. Un challenge porte d’ailleurs son nom.

De nombreux salariés d’Ardam ont rendu hommage à celui qui les a défendus avec conviction en tant que délégué CGT.(Photo @rdenne-mag)
Franchise et loyauté
Si Bernard Lempereur a laissé un souvenir indélébile auprès de ceux qui l’ont connu, c’est par la force et la sincérité de son engagement. Délégué CGT chez Ardam-Electrolux depuis 1976, membre du Comité d’Entreprise et secrétaire du Comité Central d’Entreprise, il a également été élu membre du Comité de groupe.
A l’annonce de son décès, Régis Chainot, directeur général du site revinois, avait fait l’éloge de ce syndicaliste sans concession. Guillaume de Noinville, président d’Electrolux France, avait pour sa part rappelé l’importance de Bernard Lempereur dans le dialogue social chez Electrolux.
Par-delà les oppositions inhérentes aux relations entre un syndicaliste et son patron, M. de Noinville avait souligné « la franchise et la loyauté » qui animaient des négociations conduites « avec fermeté », mais dans « un respect mutuel ». Une qualité relationnelle qui avait marqué le patron d’Electrolux France au point de l’amener à reconnaître que la mort de Bernard Lempereur endeuillait l’entreprise.

Le député-maire Philippe Vuilque a salué un homme qui « ne revenait pas sur la parole donnée ». (Photo @rdenne-mag)
Un homme de convictions
Autre facette de l’engagement dont Bernard Lempereur a témoigné tout au long de sa vie, son militantisme au sein du Parti communiste, qu’il intègre en 1979. Devenu responsable de la section des Deux Vallées, il convainc ses camarades d’installer une permanence rue Jacquemart. Ce local est tellement symbolique pour lui qu’il demande à ce que son corps y soit exposé jusqu’aux obsèques.
Prolongement naturel de son adhésion au « Parti », Bernard s’engage en tant qu’élu municipal. De 1983 jusqu’à son décès, il sera constamment réélu. Lors des dernières municipales, en 2008, ses collègues l’élisent adjoint au maire, chargé de l’enseignement, un poste qu’occupe aujourd’hui une autre figure du communisme, Renée Nivelet.
Les 25 années de son parcours municipal ne furent pas toujours un long fleuve tranquille, car l’homme politique ne transigeait pas avec ses convictions. Comme l’a rappelé Philippe Vuilque lors de son allocution, « jusqu’au bout, il aura fait son travail d’élu, assistant bien que souffrant, aux réunions du conseil municipal, n’hésitant pas à défendre ses positions avec force.»
En 2007, Bernard Lempereur avait annoncé sa candidature aux élections cantonales, mais il avait finalement cédé sa place à sa fille Ingrid et à Guy Deraucroix, son suppléant. La maladie a finalement eu raison d’une vie tout entière tournée vers les autres.
Ce matin, par un samedi bruineux, la municipalité et les Revinois ont rendu hommage à un homme d’exception en donnant son nom à une rue qu’il « a parcourue des milliers de fois pour aller au travail », comme l’a fait remarquer le député-maire avant de céder la parole à Maryline Lempereur, trop émue pour s’exprimer.