La pluie aurait pu servir de thème à la promenade contée organisée samedi soir par l’office du tourisme. Le parcours prévoyait d’emprunter le chemin de Falières puis de regagner le centre-ville par le bois de la Chapelle.
Partis du relais VTT à 20h30, une trentaine d’amateurs ne s’attendaient pas au déluge qui a écourté la sortie. En effet, le ciel était dégagé lorsque le groupe s’est élancé dans sa quête de l’imaginaire.
Guide à l’OT, Michel Grosfils était très en verve. Il a ainsi raconté les différentes légendes et coutumes relatives à la Pierre Haussée.
L’art de conter
Mireia Izquierdo et Bernadette Alloin, conteuses à la Maison du Conte de Namur, ont dépoussiéré ces vieilles histoires qui enchantent les enfants sommeillant en chaque adulte. Leur gestuelle, la musicalité de leur discours ont captivé l’auditoire.
Le choix des histoires était également novateur. Au lieu de limiter leur choix à des contes « classiques » (« Nasreddine »), ces dames avaient choisi des contes modernes qui ont pu écorner – légèrement – de chastes oreilles.
Par exemple, l’histoire – belge ? – de ces deux jeunes partis en discothèque avec la Jaguar de papa. Bernadette n’a pas hésité à jouer sur la « richesse » du vocabulaire des lascars, tournant le dos – ou plutôt la voix – au style policé de Grimm ou de Perrault.
Ce conte a particulièrement marqué les esprits parce qu’il met en scène un sanglier. Assommé par la Jaguar sur une route de campagne, paraissant mort, l’animal est chargé dans le véhicule et se réveille de fort méchante humeur. Il saccage les sièges de cuir et finit – pour de bon – abattu par un coup de fusil. Les morceaux de chair sanguinolente retapissent la princesse aux deux cents chevaux que papa, conseiller régional, croit endormie au fond de son garage.
Se mêlent au récit des allusions aux chasseurs et aux écologistes, images contemporaines des sorcières et des bonnes fées. En fait, cette histoire qui pourrait s’être réellement passée, est devenue magique par la manière dont elle a été transmise. Conter est un art.
Il est dommage qu’une pluie torrentielle ait contraint les promeneurs à regagner plus vite que prévu l’office du tourisme, où la soirée s’est néanmoins achevée dans la bonne humeur. Nos deux Namuroises ont terminé leur prestation par un conte philosophique à deux voix. Finalement, la météo n’aura pas réussi à gâcher le plaisir des unes et des autres. C’est peut-être ça aussi la féérie du conte.