Electrolux a confirmé hier, à Bruxelles, la décision que tout le monde redoutait. Le groupe fermera son usine revinoise en 2016, à moins qu’un repreneur ne se présente. D’ici là, les départs volontaires seront encouragés.

L’annonce anticipée du désengagement d’Electrolux à Revin a révolté le personnel qui, après un moment de stupeur, entend bien faire entendre sa voix ce lundi 11 mars 2013, à Bercy. (Photo @rdenne-mag)
Les mines étaient grises, ce matin, à l’heure de la pause, lorsque l’intersyndicale a rendu compte de la réunion qui s’est tenue lundi à Bruxelles, au siège européen du groupe d’électroménager. L’objectif initial en était la présentation des conclusions du projet niVer, visant à proposer des solutions industrielles afin de pérenniser le site ardennais.
Le rapport a été présenté par Alessandro Campestri, responsable des opérations industrielles pour le secteur lavage, aux autres membres du board européen (Philippe Van der Planken, Ernesto Ferrario, Michele Marchesan), rejoint en cours de présentation par Jonas Samuelson, le directeur général Europe. Le préfet des Ardennes avait fait le déplacement.
Après un exposé « correct » du rapport, les divergences d’analyse entre le groupe niVer et l’encadrement Electrolux sont rapidement apparues. Même réduit de 50 à 30 euros, l’écart de coût de fabrication de la Top entre Revin et Olawa (Pologne) restera toujours en défaveur des premiers. Plus largement, la direction européenne estime que les pays de l’Ouest ne seront jamais compétitifs par rapport à ceux de l’Est .
En conséquence, le couperet est tombé : La Top ne sera plus fabriquée à Revin. Une annonce que l’intersyndicale n’attendait pas avant lundi prochain, lors de la réunion de Bercy. Une fois actée cette décision du board, que reste-t-il du projet niVer pour maintenir l’activité d’Ardam ?
Deux produits envisageables
Comme l’a rappelé Lysian Fagis, porte-parole de l’intersyndicale, le projet de hotte aspirante haut de gamme ne représente pas suffisamment d’emplois (une cinquantaine au plus). Il n’avait d’ailleurs été envisagé qu’en tant qu’activité complémentaire à la production de la Top.
Plus prometteuse semble la fabrication de chauffe-eau premium à Revin. Electrolux est intéressé, mais il faudrait lancer des études. La production ne pourrait pas demarrer avant un certain temps.
Bref, les solutions industrielles qui ont retenu l’attention du groupe ne permettent pas de maintenir l’activité sur le site à moyen terme. M. Samuelson et son staff ont donc proposé aux Ardennais de relancer la recherche de repreneurs.

Les salariés entendent bien ne pas faire les frais d’une politique industrielle qui vise à privilégier les bénéfices boursiers. (Photo @rdenne-mag)
Des pistes pour la reprise
Deux entreprises « sérieuses » seraient sur les rangs, ce qui a fait grincer bien des dents. En effet, la mise en place du projet niVer impliquait que les parties se consacrent uniquement à la recherche de solutions internes. Or il semblerait qu’Electrolux n’ait pas joué le jeu, nouant des contacts avec d’éventuels repreneurs.
Pour les membres de l’intersyndicale, il n’est pas question de prendre pour argent comptant cette éventualité de reprise. Surtout que la direction a refusé de dire de quelles entreprises il s’agissait. « Nous voulons connaître le nom de ces repreneurs, leur nationalité, leur taille. Quels produits fabriquent-ils ? Combien d’emplois vont-ils proposer ? Nous voulons des emplois pérennes,» a réclamé M. Fagis.
Les exemples douloureux de Porcher, Oxame sont encore dans toutes les mémoires. « Il ne faut pas se retrouver le dindon de la farce », poursuit le syndicaliste, « mais obtenir le maximum de garanties de ce repreneur. » « Pas de dumping social », prévient-il.
« L’échafaud »
L’auditoire est médusé, mais l’intersyndicale n’en a pas fini avec les mauvaises nouvelles. Une banderille après l’autre. Electrolux accepte de prolonger sa présence à Revin jusqu’en 2016, mais si aucune solution de reprise ne se concrétise, le groupe fermera l’usine. « 2016, ce sera l’échafaud. ».
Pour faciliter la cession, le groupe envisage de « réduire la voilure ». Départs volontaires, pré-retraites, toutes les solutions propres à faciliter la cession de l’usine seront étudiées. Il ne devrait y avoir aucun licenciement sec, du moins jusqu’à la fin 2014. Electrolux pourrait appuyer financièrement le repreneur, ne serait-ce qu’en lui confiant des commandes. Encore faudrait-il que ce repreneur travaille dans l’électroménager.
« Nous nous trouvons dans une période difficile que nous n’avons jamais connue, a reconnu Lysian Fagis. Les plus anciens se souviennent quand nous avons quitté Arthur Martin pour Electrolux. Nous étions plus de 3 000. Regardez combien nous sommes aujourd’hui. A combien nous retrouverons-nous avec le repreneur ? »
Appelés par l’intersyndicale à ne pas se démobiliser, mais à manifester leur désaccord au groupe Electrolux, les salariés étaient divisés sur la conduite à tenir en fin de debriefing : grève perlée ou bien opération plus musclée ? L’intersyndicale a finalement choisi d’établir un barrage filtrant en début d’après-midi sur la route des Mazures. La température risque de monter à Bercy, lundi prochain.