Lundi matin, les salariés de l’usine revinoise vont se déplacer en masse pour accompagner leur intersyndicale à Bercy. Cette « folle équipée » risque de faire bourdonner les oreilles de la direction d’Electrolux. Et pourquoi pas, celles du gouvernement.
Loin de décourager le personnel, l’annonce faite à Bruxelles ce mercredi 6 mars, a ragaillardi l’esprit de fronde des « sangliers » de la Vallée. Au lieu des six autocars initialement prévus, ce sont finalement huit véhicules qui emmèneront demain salariés, retraités, élus et sympathisants à Bercy pour « dire non » au groupe Electrolux, qui a décidé de revendre ou fermer son usine, au plus tard pour 2016.
De quoi réjouir l’intersyndicale, qui souhaitait mobiliser le plus possible, notamment parmi les siens. On peut donc espérer que 80% du personnel seront effectivement présents pour ce rendez-vous historique. A noter également la présence de nombreux salariés de l’association pour la formation, l’emploi et l’insertion des personnes handicapées (Afeiph). Ils sont actuellement une quarantaine à travailler sur le site.
Le départ aura lieu à 10h30, devant l’entrée de l’usine.L’arrivée est prévue vers 14 heures. Le cortège sera pris en charge par les motards à l’entrée de Paris. Une zone de stationnement est prévue près de Bercy. Mais rien n’empêchera les « ex-Martin » de marcher jusqu’au ministère pour « faire une haie d’honneur aux dirigeants du groupe.»
Sauf changement de dernière minute, l’intersyndicale a prévu de gagner la capitale en autocar pour empêcher une mise à l’écart des quelque 500 manifestants venus la soutenir. On imagine mal Arnaud Montebourg, ministre du redressement productif, et Jonas Samuelson, directeur Europe d’Electrolux, régler le sort de 413 personnes (plus les intérimaires et les emplois protégés) sans écouter leurs représentants.
« Une réunion pour dire non »
Affûtant ses armes de député, Christophe Léonard a publié un dernier communiqué ce dimanche, en fin d’après-midi. Pour lui – comme pour l’intersyndicale -, la réunion de Bercy doit être l’occasion de dire non à la direction d’Electrolux.
« Pas plus que le projet ARdenneS, torpillé le 22 octobre dernier par l’annonce de l’arrêt en 2014 de la production de machines à laver à Revin, le projet niVer n’a trouvé grâce aux yeux du board d’Electrolux.
« Depuis un peu plus de quatre mois, Electrolux a voulu nous faire croire que la politique du groupe n’était ni cynique, ni manipulatrice, ni idéologique. Le 6 mars à Bruxelles, les masques sont tombés !
« Le constat est là : Electrolux est bel et bien une entreprise apatride entièrement vouée à la financiarisation, une entreprise dénuée de tout sens des responsabilités quant au devenir de celles et ceux par qui elle s’est enrichie et a prospéré, âpre aux gains et à profiter des aides et avantages conséquences du dumping social, fiscal et environnemental qui prospère à l’intérieur même de l’Europe.
« Alors que Electrolux a enregistré une progression de ses bénéfices de 19% au 3ème trimestre 2012, que le site de Revin est rentable et que l’érosion du marché des machines à laver par ouverture par le dessus n’est qu’un prétexte, une chose est sûre : le groupe suédois a su manipuler ses salariés, les élus locaux mais aussi le gouvernement français.»
Ch. Léonard accuse encore Electrolux d’avoir pris une décision « dogmatique et idéologique.» Selon lui, la fermeture du site revinois et le souhait du groupe de ne plus produire en Europe de l’Ouest est « injustifiée et inacceptable.»
Le député PS compte dénoncer demain une « faute sociale, morale et éthique » et placer la direction d’Electrolux devant ses responsabilités.
Même s’il neige, ça risque d’être chaud sous les fenêtres ministérielles.
bon courage à vous tous on est de tout coeur avec vous