L’arrivée du printemps est synonyme de reprise d’activité au jardin partagé d’Orzy.

Au jardin partagé, on cultive le plaisir du jardinage et le bien vivre ensemble. (Photo Joaquim Carvalho)
Depuis cinq ans, le centre social d’Orzy propose à l’ensemble des Revinois une activité de plein air dans le cadre d’un jardin partagé. Celui-ci se trouve face au centre social, sous l’école Calmette. Pour accéder au saint des saints, il faut gravir une petite grimpette qui muscle les mollets. L’endroit est exceptionnel, loin des bruits de la ville, et domine la Meuse.
La réunion qui s’est déroulée ce mercredi a permis de présenter le projet aux nouveaux adhérents. Une douzaine de personnes sont déjà inscrites pour l’année en cours. Elles ont confié leurs attentes vis-à-vis de ce loisir aux visées à la fois environnementale, pédagogique et sociale.
Chacun a ses propres motivations. Veronica, une Anglaise, revinoise d’adoption, possède un jardin, mais elle pratique également sa passion à Orzy, parce qu’elle apprécie les rencontres. Tout comme Jacky Sarazin, le jardinier référent, qui donne volontiers des conseils et partage son expertise. «Je viens pour m’oxygéner, me vider la tête », lâche pour sa part Nani. « C’est la première motivation, confirme Joaquim Carvalho, directeur du centre. Il y a bien sûr le jardinage, mais aussi cette envie d’une bouffée d’oxygène.»
Trois axes
Sous son aspect écologique, le jardin applique les principes de la culture bio. « On n’utilise pas d’engrais chimiques, pas de pesticides ». Les jardiniers pratiquent la rotation des cultures, l’harmonie des plantations : « La tomate aime bien la carotte, mais la carotte n’aime pas l’oignon.» Bref, il s’agit de mettre ensemble des plantes qui apprécient leur voisinage pour mieux fructifier.
A Orzy, jardinage et pédagogie sont des outils d’égale importance. « Nous travaillons avec des personnes qui n’étaient pas dans la culture biologique. Ils s’approprient de nouveaux gestes, respectueux de la terre et de ceux qui vont manger leurs légumes.»
En classe ou avec leur centre de loisirs, des enfants viennent découvrir le jardinage, les légumes. Pas facile d’identifier un plantoir, un sécateur quand on vit dans un appartement. Mais c’est toujours un plaisir d’aller arroser les jeunes pousses dans la serre ou de caresser les branches d’un tout jeune pommier.
Le jardin est partagé « dans le sens où chacun ne cultive pas « sa » parcelle, dans son petit coin. Les parcelles sont communes.Tout le monde cultive tout et les récoltes sont réparties entre les différents participants. Il ne faut pas confondre avec les jardins ouvriers, où chacun cultive son petit bout de terre. Là, on travaille tous ensemble.»
Tisser du lien social
Les adhérents proviennent de tous les quartiers de la ville et de toutes les classes sociales. On rencontre des ouvriers, des représentants des classes moyennes, des demandeurs d’emplois, des retraités, des primo-arrivants. «Nous avons accueilli des personnes en insertion. Du coup, notre projet crée un réseau de connaissances.»
Mixité sociale, culturelle, générationnelle : le petit monde du jardin partagé est un microcosme qui profite de ses différences. « Ce qui me semble intéressant aussi, c’est que les personnes deviennent formatrices après avoir elles-mêmes bénéficié de conseils. Les jardiniers d’Orzy deviennent des ambassadeurs de la culture biologique. Pour un certain nombre, c’est essentiel de se trouver dans une posture très valorisante.»
S’ils transpirent à grosses gouttes en désherbant, hommes et femmes savent prendre le temps d’une pause à l’ombre, devant la cabane. Le jardin partagé est un espace convivial. Des moments festifs sont organisés régulièrement (barbecues, sorties …). « Il faut que ça reste un plaisir », insiste le directeur du centre social.
Atelier cuisine
D’autres activités sont déclinées autour du jardinage. Un atelier cuisine a été créé à la suite d’une observation. « Le jardin accueille une dizaine de nationalités. Certaines personnes connaissent des légumes totalement inconnus pour d’autres. Au début du projet, nous avions semé des légumes traditionnels, bien de chez nous. Lors du partage de la récolte des haricots verts, on s’est aperçus que les Arméniens n’en prenaient pas. On se demandait pourquoi. La raison, c’était qu’ils ne connaissent pas les haricots verts et ne savaient pas les cuisiner.»
Un atelier cuisine a donc été mis en place. Cette nouveauté donne l’occasion de partager des recettes, de découvrir des plats. En septembre 2012, le centre social a participé à la première fête du parc naturel régional. Il a proposé des recettes à partir de la production du jardin partagé.
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Pour les retardataires, il est encore possible de s’inscrire jusqu’à fin avril auprès du centre social, Chemin du Vieux Chêne (03 24 40 32 34). L’inscription est gratuite, mais une adhésion au centre social est demandée (3,50 euros / an). Elle permet notamment d’être couvert en cas d’accident. .