
Dans les Ardennes, 550 bovins ont été abattus faute d’avoir pu être testés individuellement. (Photo @rdenne-mag)
Une éclaircie serait-elle en vue pour les agriculteurs ardennais confrontés à la réapparition la tuberculose bovine ? C’est ce que laisse entendre Christophe Léonard, député de la deuxième circonscription, dans un communiqué publié ce mercredi.
L’annonce est en effet porteuse d’espoir : « Interrogé le 11 juin 2013 dans l’hémicycle sur la possibilité d’étendre au territoire ardennais l’expérimentation positive actuellement en cours depuis 2008 en Dordogne et en Côte-d’Or d’un abattage sélectif des bovins subordonné à un contrôle des animaux par tuberculination et Interféron Gamma, Stéphane Le Foll, Ministre de l’Agriculture, de l’Agroalimentaire et de la Forêt, m’a indiqué que cette expérimentation sera rapidement étendue, en particulier à notre département.»
Pour l’élu, la promesse ministérielle « est assurément une bonne nouvelle pour l‘agriculture ardennaise.»
Une maladie résurgente
Lors de la séance de questions à l’Assemblée Nationale, Christophe Léonard avait recontextualisé une problématique sanitaire qui ne date pas d’aujourd’hui.
« Les services vétérinaires français doivent faire face actuellement à une recrudescence des cas de tuberculose bovine qui inquiète toute la filière, a rappelé le député ardennais. Depuis les années 50, le taux de prévalence de la maladie est passé de 20% à un taux inférieur à 0,1%, synonyme pour la France depuis 2001 du statut officiel de pays « indemne de la tuberculose bovine » reconnu dans toute l’Europe et garantissant nos capacités exportatrices.»
En dépit de ces statistiques encourageantes, « le doute s’est malheureusement réinstallé » chez les éleveurs, en 2011, alors que taux de prévalence national de 0,08%. « De fait, des résurgences de la maladie apparaissent régulièrement sur le territoire national avec pour conséquence l’élimination de la totalité des bovins issus des troupeaux infectés.»
500 bovins abattus
Pour le département des Ardennes, la situation est particulièrement dramatique. « Quatre foyers d’infection ont été recensés depuis juillet 2012, suite à une contamination par la faune sauvage, ce qui a entraîné l’abattage intégral de 550 bovins.»
Et Christophe Léonard d’insister sur la double conséquence d’une élimination systématique. Tout d’abord « un traumatisme psychologique important » pour l’agriculteur ; ensuite, « pour le budget de l’Etat, un coût de l’ordre de 15 millions d’euros annuel.» Pour le député, « ce protocole d’abattage systématique ne garantit nullement l’éradication de la maladie.»
Des questions urgentes se posent et doivent trouver une réponse. La première problématique concerne l’indemnisation des éleveurs. « Dans les Ardennes, a témoigné M. Léonard, l’un d’eux n’a été indemnisé qu’en février 2013, alors que son troupeau avait été abattu en août 2012.» « Une accélération de la procédure est-elle envisageable ?», avait-il demandé au ministre.
Deuxième axe de questionnement retenu pour mieux gérer la crise, celui « de la détection et l’élimination du vecteur de contamination que constitue la faune sauvage.» Pour l’élu ardennais, celui-ci doit être plus efficace. Il préconise la création d’un partenariat renforcé entre l’Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage et les Fédérations de chasseurs, dans le but de « sensibiliser et former durablement les chasseurs à un meilleur dépistage des lésions évocatrices sur les animaux sauvages trouvés morts ou abattus.»
Sans négliger les pistes évoquées ci-dessus, une réponse – sanitaire et économique – au problème de la tuberculose bovine existe depuis la publication d’un arrêté ministériel, le 4 septembre… 2008. A cette date, comme l’a rappelé le député, « l’abattage sélectif subordonné à un contrôle des animaux par tuberculination et Interféron Gamma existe positivement en Dordogne et en Côte-d’Or à titre expérimental.»
L’élu avait donc demandé à Stéphane Le Foll un élargissement rapide de ce protocole aux autres départements français infectés, dont les Ardennes. Aujourd’hui, cette proposition semble donc avoir reçu l’aval du ministre de l’Agriculture.