Après avoir réuni une centaine de manifestants, ce mardi, devant les grilles de la préfecture, le collectif « Sauvegardons nos écoles » participera ce vendredi à une réunion sous l’égide du Préfet.

Attaché aux valeurs de la ruralité, Emmanuel Jacquemin a déposé du fumier devant les portes de l’inspection académique avant de rejoindre la manifestation. (Photo Patrick Lambin)
Du fumier répandu à la fourche devant les portes de l’Inspection académique, voilà qui ne sent pas bon. Le symbole est à la mesure de la colère des ruraux face à la logique des chiffres avancée par Patrice Dutot, directeur académique des services départementaux de l’Education nationale (DASEN).
Ce mardi 25 juin 2013, parents d’élèves, élus, membres du collectif « Sauvegardons nos écoles », se sont retrouvés devant les grilles de la préfecture pour tenter d’infléchir la politique de restriction des moyens mis au service des établissements du département.
Initié par le collectif ardennais, ce mouvement de protestation s’inscrivait parallèlement à la tenue d’un conseil départemental de l’éducation nationale (CDEN), qui devait avoir lieu en préfecture. Une délégation a été reçue par le Préfet avant que ne débute la réunion. Michèle Leflon, vice-présidente du Conseil régional, et Pierre Cordier, 2ème vice-président du Conseil général, en faisaient partie.
Ce geste d’ouverture du Préfet n’est pas resté sans suite, puisqu’il a été décidé qu’une table ronde se déroulerait demain vendredi, à la préfecture, à 9h30. Que peut-on en attendre raisonnablement ? Si le sort de la filière L, au lycée Vauban (Givet), n’est officiellement pas encore décidé, il n’en demeure pas moins que l’annonce d’une mutualisation d’heures avec le lycée Jean Moulin (Revin) sème le trouble. Le nombre d’élèves inscrits à Givet serait supérieur aux exigences minimales imposées par le rectorat (14 au lieu de 13) pour que la filière L perdure dans la cité de Méhul.
Parmi les autres modifications du paysage éducatif ardennais, on peut citer la fermeture – dès la rentrée prochaine – du niveau « troisième » au collège du Chesne, dont les élèves devront rejoindre celui de Vouziers, la délocalisation des filières générales du lycée de Bazeilles à Pierre-Bayle (Sedan),et la fermeture annoncée pour 2014 du site de Buzancy du collège multisite Grandpré-Buzancy.
Les arguments avancés par l’Etat n’ont jusqu’à présent convaincu ni les parents d’élèves, ni les élus. Quant aux enseignants, il leur est bien difficile de s’exprimer autrement que de manière anonyme, sous peine de sanctions. De toute façon, les mutations sont déjà actées.

Une délégation de manifestants et d’élus a été reçue par le Préfet avant la tenue du CDEN. (Photo Patrick Lambin)
Médiatisation
Figure emblématique de l’opposition des Ardennais à cette nouvelle carte scolaire, Emmanuel Jacquemin est élu du Pays Sedanais. En 2011, il s’est présenté comme candidat EELV aux cantonales (Sedan Est). Gérant d’une scierie à Vendresse, cet homme de conviction – membre du collectif « Sauvegardons nos écoles » – entamait mardi son 25ème jour de grève de la faim.
Bien qu’il ait installé sa caravane bariolée devant l’Inspection académique, ce père de cinq enfants arpente encore le département pour s’opposer à la nouvelle répartition de l’offre éducative. Le 13 juin dernier, il a même fait une incursion remarquée sur un haut-lieu de la Résistance ardennaise, la clairière du Père des Chênes, à Revin, où l’on commémorait le massacre de 106 résistants, 39 ans plus tôt. Mais l’humeur pluvieuse de la météo avait « contaminé » les autorités présentes, qui ont refusé tout dialogue avec le protestataire.
Pour faire connaître la révolte des « sangliers » contre un Etat qui « abandonne la ruralité », la presse nationale est venue renforcer les médias locaux, professionnels ou citoyens. En effet, un journaliste de l’Agence France-Presse est venu interviewer Emmanuel Jacquemin. Et voilà l’information relayée dans Le Nouvel Observateur, Le Point ou RTL. De quoi donner une image peut attractive du « département vert ».