Le deuxième tour des élections municipales et communautaires verra deux listes s’opposer, celle d’Alain Roy (Union de la Gauche) et de Daniel Durbecq (Divers Droite*). Il nous a semblé utile de de confronter leurs programmes respectifs.

Les deux candidats souhaitent faciliter l’installation d’entreprises sur l’ancien site de l’usine Porcher-Ideal Standard. (Archives @rdenne-mag)
Le programme de la liste Pensons, Vivons Revin comprend trois axes principaux (arrêter l’érosion économique de la commune, améliorer l’image de la ville, réussir son intégration dans l’intercommunalité). Sa tête de liste, Daniel Durbecq, défend un programme qui ne propose pas « de projets inconsidérés et dispendieux, mais des actions de terrain pour rendre votre cadre de vie plus agréable. »
Quant à Alain Roy et Un Avenir pour Revin, leurs propositions sont déclinées selon quatre axes majeurs (préparer l’avenir, protéger les hommes et les biens, rassembler, construire). L’aspect social et solidaire y est très présent.
Redynamiser l’économie
Parmi les thèmes communs, l’avenir économique de Revin. Pour M. Durbecq, enrayer l’érosion économique de la ville est une priorité, compte tenu de la situation de l’usine Ardam Electrolux. « Nous prendrons des mesures dynamiques et attractives pour que des PME et TPE s’installent dans les locaux d’Ideal Standard. Beaucoup de communes nous font concurrence, nous utiliserons toutes les possibilités existantes pour y parvenir (mesures accompagnant le BER (bassin d’emploi à redynamiser, ndlr), aide administrative de la communauté de communes, etc) ». Le candidat promet d’être présent « aux côtés des ouvriers d’Ardam Electrolux dans leurs démarches pour trouver un repreneur ».
Déjà impliquée auprès des salariés d’Ardam Electrolux (suivi du dossier au ministère de l’Industrie…), l’équipe municipale sortante entend « avoir une attitude active en direction du développement économique ». Le bureau du maire continuera d’être ouvert aux salariés et aux employeurs. Le soutien au commerce et à l’artisanat local sera maintenu.
De même souhaite-il « faire connaître le potentiel revinois en main-d’oeuvre, en locaux et en terrains auprès des investisseurs et industriels potentiels, ainsi qu’aux acteurs de l’économie sociale et solidaire ». En ce domaine, Alain Roy possède un avantage certain, puisqu’il est en place. C’est ainsi qu’il a reçu plusieurs propositions pour les anciens bâtiments d’Ideal Standard et qu’il a pu annoncer la prochaine construction d’un nouvel Ehpad sur la friche Lebeau. Le projet d’Orpea permettra par ailleurs la création d’une cinquantaine d’emplois, puisque l’actuelle résidence Léon-Braconnier sera transformée en clinique de soins de suite.
Un thème qui n’est pas abordé dans le projet Durbecq est celui de l’aide au retour à l’emploi. Là aussi, l’équipe en place est avantagée à travers les chantiers en cours du lycée, de l’ANRU et du pont St-Nicolas. Le maire sortant « souhaite intégrer systématiquement la clause sociale » dans tous les marchés publics et veiller à ce qu’elle soit respectée par les entreprises.
Le soutien aux associations d’insertion est confirmé. Pour Alain Roy, celles-ci sont des « actrices essentielles du retour à l’emploi ». En 2012, la mairie a mis une maison à disposition de l’association LEDA (L’Environnement D’Abord), qui était précédemment hébergée dans des conditions peu fonctionnelles. L’équipe d’Alain Roy entend continuer d’« aider et travailler avec tous les acteurs de l’économie sociale et solidaire qui œuvrent au parcours des personnes fragilisées ». Rappelons que le taux de chômage à Revin tourne autour de 17 %. Quant aux salariés touchant des salaires insuffisants (travail à temps partiel…), eux aussi ont besoin de solidarité.
Fiscalité maintenue
Le thème est sensible. Les deux candidats s’engagent à ne pas augmenter la fiscalité local durant leur mandat. Daniel Durbecq promet « vigilance et action contre toute augmentation de la fiscalité communautaire » et « négociation du contrat de concession de l’eau », le contrat actuel avec Veolia arrivant à échéance en 2016. Alain Roy met l’accent sur sa responsabilité dans la gestion de la commune.
Outre le volet relatif aux impôts communaux, il s’engage à poursuivre une gestion rigoureuse du personnel, à poursuivre les efforts déjà réalisés en matière d’économies d’énergie (éclairage des rues, …) et de développement durable.

Le fleurissement et l’un des atouts de la ville en termes d’image et d’accueil. En juillet 2014, le Centre Social d’Orzy avait participé à une « guérilla potagère » et disposé des bacs aux entrées de la ville. (Archives @rdenne-mag)
La ville et son image
Ce thème est celui que la liste Durbecq a le plus détaillé. Onze mesures rien que pour le cadre de vie. Trois d’entre elles impliquent la Police municipale, qui sera davantage présente, en des lieux ciblés, afin de « lutter contre l’incivisme et les nuisances qui en découlent ». En ce qui concerne la sécurité publique, le candidat prône une « vraie coordination de l’action de la Police Municipale avec la Gendarmerie Nationale (contrat local de sécurité). »
Une réflexion pourrait être conduite, en cas de nécessité, sur l’installation de caméras en ville (vidéoprotection). La question de la propreté de la ville (installation de poubelles), de la responsabilisation des propriétaires de chiens (déjections) est aussi abordée.
Côté circulation routière et stationnement, Daniel Durbecq ne prêche pas la tolérance. Bien au contraire : « La Police Municipale sera plus présente pour lutter contre les excès de vitesse et les stationnements irréguliers ». En cas d’élection, la tête de liste promet de réfléchir à la création de nouvelles places de stationnement, notamment rue Victor Hugo (bornes d’arrêt temporaire). Précisons que la mairie a restreint le nombre de places disponibles dans cette rue en raison des difficultés de circulation rencontrées par les voitures (lors de croisements) et par les camions (bloqués à cause de voitures stationnées).
Du côté de l’équipe Roy, les propositions en matière de sécurité sont moins coercitives : « Favoriser le travail de la police municipale en lien avec la gendarmerie en utilisant les moyens adaptés aux situations, répondre aux demandes des sapeurs-pompiers, conforter et défendre l’offre de soins comme le maintien des services ». Là encore, avantage au sortant grâce à son bilan : création d’un cabinet médical (rue du Colonel Vaulet), installation de défibrillateurs dans des espaces publics, aides pour le maintien de deux dentistes, d’un généraliste sur Orzy, construction d’un Relais Assistantes Maternelles (RAM) dans une partie des anciens locaux du collège Briand. Un projet repris par la communauté de communes.
La ligne SNCF Charleville – Givet est évoquée dans les deux programmes. Pour la liste Roy, cette question intègre un chapitre lié au désenclavement de la ville. Le maire sortant entend « participer activement à la défense et à l’amélioration » de la ligne de chemin de fer. Il souhaite également agir en vue de l’aménagement de la D1, qui relie Revin à Rocroi via St-Nicolas, pour favoriser l’accès à l’A304 (ouverture prévue en 2016-2017).
Et si la compétence tourisme relève désormais de la com’ com’, D. Durbecq entend soutenir « toutes les initiatives locales dans ce domaine ». Son adversaire propose de poursuivre la mise en valeur des entrées de la ville (déjà personnalisées par leur fleurissement et l’installation des machines Raguet) ou la mise en valeur des monuments emblématiques de la ville (monument du maquis, Maison Espagnole, église…).
Ecoles et jeunesse
Les deux listes s’accordent sur la nécessité de réfléchir à l’avenir des écoles maternelles et élémentaires (quartier Campagne). Déjà engagée par la mairie, une politique de lutte contre la fracture numérique sera poursuivie dans les établissements scolaires (achat de tableaux numériques interactifs…), Alain Roy propose également – en lien avec l’Éducation Nationale – « la mise en place de filières innovantes et d’excellence au lycée Jean Moulin.»
Daniel Durbecq souhaite mettre en place des aires de jeux pour enfants dans chaque quartier (idem pour A. Roy). Une piste de skate sera aménagée pour les adolescents. Le maire sortant songe plutôt à un « espace d’activités dédié aux adolescents ». Il affiche un souci du respect de l’équité et défend l’égalité des chances. Les mesures déjà en cours seront poursuivies ou adaptées (aide au permis de conduire, aide au BAFA et au BAFD, programme de réussite éducative dans le cadre du Contrat Urbain de Cohésion Sociale, aide aux étudiants – en lien avec la communauté de communes), activités dans le cadre des nouveaux rythmes solaires).

Quel que soit le vainqueur au second tour, la façade de l’Espace Jean Vilar sera ravalée. (Archives @rdenne-mag)
Patrimoine
Daniel Durbecq entend poursuivre les travaux commencés par l’actuelle municipalité : rénovation des bâtiments publics, en particulier les toitures. Il souhaite aussi mettre aux normes la salle des sports.
Pour Alain Roy, les questions de patrimoine concernent à la fois construction, requalification et mise en valeur du patrimoine. Le Plan de Rénovation Urbaine se déroulera sur huit années, la population y étant associée. Certains travaux sont à la charge de la Ville (réhabilitation du centre social – en cours – et de la salle polyvalente, aménagement de voiries et d’espaces verts dans le quartier d’Orzy).
De son côté, Daniel Durbecq confirme que le programme ANRU « ira bien sûr à son terme. Nous serons très attentifs et présents pour assurer un suivi de la situation des locataires concernés par la disparition de leurs logements actuels (constructions nouvelles avant démolition).»
L’équipe du maire sortant souhaite la requalification de la place de Jean Jaurès, en complément de la réhabilitation privée de la Cité Paris-Campagne par la Foncière Chênelet (procédure d’appel public en cours). Est également envisagée la réhabilitation – ou la reconstruction de la salle des Sports et, comme pour la liste adverse, des travaux sur la façade de l’Espace Jean Vilar.
Autre projet ambitieux pour une ville soucieuse d’améliorer le cadre de vie de ses habitants et qui aimerait affirmer un peu plus son image touristique : l’aménagement du quai Edgar Quinet. Cet espace est utilisé lors des grandes manifestations de la ville (festival Contrebande, Rev’in Meuse,…) et, régulièrement par les boulistes et les pêcheurs.
Services aux personnes
Daniel Durbecq souhaite engager « une étude afin de mettre en place une navette gratuite périodique au profit des personnes âgées qui n’ont pas de moyen de locomotion pour se rendre aux centres commerciaux de notre ville ». Une réflexion sur les actions envers les anciens pourrait avoir lieu.
De son côté, Alain Roy entend permettre à tous l’accès à la ville et ses services, en poursuivant les travaux d’accessibilité déjà engagés (boucle sonore à la salle du conseil municipal…) « dans les locaux communaux et lors des réfections de rues ». Pourrait être créé un service transport intra muros, qui serait complémentaire du taxi à la carte proposé par la communauté de communes (pour les personnes sans permis ou ne pouvant plus conduire). Enfin, le candidat Roy souhaite optimiser et harmoniser les actions du CCAS et des associations caritatives (projet d’épicerie solidaire).
Des associations soutenues
Vice-président du club de football rocroyen, Daniel Durbecq n’est pas un novice en matière de soutien aux associations : « Nous connaissons le tissu associatif de notre commune, tant sportif que culturel ou de loisirs. Nous soutiendrons toutes leurs actions afin qu’elles profitent à tous et démontrent le dynamisme de notre ville. »
Le milieu associatif est largement représenté sur la liste Un Avenir pour Revin, qui unit le thème à ceux de la cohésion sociale et de la citoyenneté. Une hausse de 10 % a été proposée lors du débat sur les orientations budgétaires, en février dernier, pour leur permettre de poursuivre leurs actions dans des domaines variés : sport, culture… Le devoir de mémoire n’est pas oublié avec le centenaire de la Première Guerre mondiale et les 70 ans du Maquis. Tout comme la chasse « populaire », une spécificité revinoise en danger, au vu des pratiques actuelles.
Le tissu associatif étant particulièrement dense à Revin, le maire sortant aimerait les associer à des outils, Internet notamment, pour mieux les faire connaître et développer une synergie d’actions.
Intercommunalité
En plus des 29 conseillers municipaux, 4 conseillers communautaires seront à élire dimanche. Effective depuis le 1er janvier 2014, l’intégration de Revin dans la com’ com’ Ardenne Rives de Meuse est l’objet d’attention de la part de M. Durbecq :
« Nous y serons présents assidûment et efficacement. Compte-tenu de la baisse des dotations de l’Etat, le budget de l’intercommunalité sera revu à la baisse et l’argent sera plus rare. Nous nous engageons à utiliser le maximum de celui-ci pour nos investissements afin de limiter le recours en l’emprunt. Notre commune est actuellement suffisamment endettée et nous devons privilégier l’autofinancement.»
Déjà installé dans son fauteuil de représentant de la ville, Alain Roy en est aux propositions concrètes. Il envisage d’utiliser le service économique de la CCARM pour «un gros travail de communication et de prospection auprès des acteurs de l’économique pour faire revivre le site Porcher.»
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Mise à jour du jeudi 27 Mars 2014, à 18h45.
* Dès le début de sa campagne, Daniel Durbecq s’est déclaré sans étiquette, mais sa liste a été nuancée « divers droite » par la Préfecture. Cette classification est toujours d’actualité pour le second tour, comme publié sur le site du ministère de l’Intérieur. La mention « sans étiquette » n’existe plus pour les villes de 1 000 à 3 500 habitants, en raison de l’abaissement du seuil de scrutin de liste.
Pour en savoir plus :
http://unavenirpourrevin.over-blog.com/
http://pensonsvivonsrevin2014.e-monsite.com/