Le maire du chef-lieu se trouvait ce jeudi au premier rang des manifestants qui ont apporté leur soutien aux victimes de l’attentat contre le siège de Charlie Hebdo. Dans l’entretien qu’il nous a accordé, Boris Ravignon appelle à protéger la démocratie et à se mobiliser contre la peur ambiante.

Pour Boris Ravignon (au centre), Charleville-Mézières a dit non à la violence du fanatisme. (Photo @rdenne-mag)
@rdenne-mag : Boris Ravignon, quel est votre ressenti face à l’attaque terroriste dont a été victime la rédaction de Charlie Hebdo ?
Boris Ravignon : On a vécu hier l’horreur, l’horreur de voir des innocents – des journalistes, des policiers, des anonymes – tués par des barbares, par des gens qui ne supportent qu’on puisse s’exprimer librement dans notre pays. Et puis, aujourd’hui, après cette horreur d’hier et la très mauvaise nuit que – je crois – tous les Français ont passée avec ces images, ce terrible bilan en tête, eh bien, il y a des lueurs d’espoir. Ce rassemblement où il y avait, disent les renseignements généraux, près de 5 000 personnes, aujourd’hui, à Charleville-Mézières, est une défaite totale – et je l’espère définitive – pour les terroristes.
@-m : Comment cela ?
B.R. : Avant même d’être arrêtés, d’être livrés à la Justice et de subir leur juste peine – parce que c’est ce qui se passe dans un pays lorsqu’on commet des crimes : on est jugé et ensuite on va en prison… ; eh bien, avant même d’être en prison, ils ont déjà perdu la partie. Quelqu’un disait : ‘Ils ont voulu mettre un journal à genoux, ils ont mis la France debout.’ Et Charleville-Mézières, ce midi, sous une pluie battante, était debout pour dire non au terrorisme, non à l’obscurantisme, non à la violence, et défendre nos valeurs de liberté.
@-m : Que pensez-vous du fait qu’un carolomacérien soit placé en garde à vue ?
B R : Je me refuse pour l’instant à communiquer sur ces informations. Des choses ont été dites, puis l’inverse a ensuite été affirmé. J’attends et je fais confiance à la Justice et à la Police pour trouver les auteurs de ce crime odieux, lâche, et les livrer à la Justice. Je sais que ces gens sont forcément de quelque part et qu’ils ne viennent pas de l’extérieur. Ce sont des gens qui vivaient en France depuis déjà très longtemps.
@-m : Ils ont la nationalité française.
B.R. : Oui, ce sont des Français.
@-m : Comment gérer les lendemains d’un tel événement ?
B.R. : Dès que seront passés le moment de l’émotion et celui de la Justice, il faudra réfléchir à comment nous pouvons protéger notre démocratie plus efficacement contre les attaques d’où qu’elles viennent, que les gens soient d’ici ou d’ailleurs. Pour la démocratie et pour les valeurs que nous défendons, ça ne change rien au problème. Ce qu’il nous faut, c’est nous protéger, protéger nos valeurs démocratiques et protéger nos concitoyens. Pour ce qui est de mon point de vue, il est absolument inimaginable que nous laissions d’autres journalistes, d’autres policiers, d’autres citoyens français – quels qu’ils soient, quelles que soient leurs qualités – être atteints par les balles ou par les actes terroristes de personnes de cette catégorie.
@-m : Ne craignez-vous pas une escalade, alors que plusieurs attaques viennent d’être perpétrées en France contre des lieux de prière musulmans ?
B.R. : On est dans une période où il y a des peurs. Des personnes sont venues me trouver ici pour me dire qu’elles avaient peur. Je pense que c’est le rôle des élus responsables de rassurer les gens. Aujourd’hui, il n’y a pas de danger avéré, en termes de sécurité publique, à Charleville-Mézières.
@-m : Le quartier de la Ronde Couture ne fait-il pas peur ?
B.R. : J’y étais tout à l’heure. Je me trouvais à la sortie des classes, à 11h30, à l’école Pierre Viénot, pour dire aux parents d’élèves : ‘N’ayez pas peur, vos enfants sont en sécurité en classe. Les forces de l’ordre nationales, municipales veillent sur eux et sur nous tous.’
@-m : C’est votre message face à ce drame ?
B.R. : N’ayons pas peur et ne nous laissons pas emballer et pousser dans une inquiétude qui est galopante, parce que c’est ainsi que nous rendrions service aux terroristes et que nous leur apporterions la fébrilité qu’ils souhaitent nous instiller. Non, refusons ça. Soyons tranquilles, sereins, sûrs de nos valeurs.
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