Une centaine de personnes ont répondu présent à l’appel lancé par le Comité de l’Egalité des Chances 08.

Le succès relatif remporté par la manifestation de samedi a déçu certains Revinois. (Capture d’écran Facebook)
Au pied de la fontaine, des bougies éteintes rappellent la réaction spontanée des Revinois, après l’annonce des attentats. Une précédente cérémonie, organisée lundi par la mairie, avait réuni peu de monde, faute de communication.
Samedi, tout semblait avoir été mis en œuvre pour que ce nouvel hommage aux victimes des attaques du 13 novembre 2015 soit un succès, mais ce ne fut pas le cas. Du moins en partie.
Le 11 janvier dernier, ils étaient 300 à rendre hommage aux victimes des frères Kouachi et d’Amedy Coulibaly. Certains avaient apporté des crayons, des livres, des dessins, ou leur profession de foi affichée sur pancarte.
Hier samedi, l’ambiance était plus lourde. Déjà, la neige fondue et le froid avaient fait s’ouvrir les parapluies et s’engoncer les mentons à l’intérieur des cols. Cela n’incitait pas aux échanges.
Autant, le rassemblement de janvier avait été coloré, ardemment militant, autant celui-ci faisait penser à des obsèques, à un deuil gêné. Enterrait-on la République et ses valeurs ?
Du côté des élus, la participation avait été plus large pour les « victimes de Charlie ». Hier, elle fut réduite. Parmi les membres du conseil municipal*, on remarquait la présence de Rémi Leclerc (adjoint), Jean-Claude Hesbois et Jacky Devin (conseillers), mais certaines pointures de la majorité manquaient à l’appel.
Du côté de l’opposition, étaient présents Dominique Ruelle, conseillère générale du canton et conseillère municipale, Cédric Jagielski, Catherine Laurent et Ingrid Lempereur. Jacky Sarazin représentait la section locale du parti communiste.
Désunion locale ?
Ce manque de mobilisation a suscité un malaise chez certains. En début de soirée, hier, Mouss Ben partageait ses impressions sur Facebook. « déçu par le nombre de personnes présentes lors de ce rassemblement patriotique ». Un demi-succès dont il cherche la cause : « Et si on commençait par éviter les querelles de ‘cour d’école’ entre le maire et les présidents d’associations ! Même un rassemblement aussi symbolique a fait l’objet de nombreuses polémiques. »
Le maire Daniel Durbecq avait souhaité une cérémonie « la plus sobre possible», qui ne donnerait lieu à aucune récupération, politique ou autre, « à quelques semaines des élections ». « Je souhaiterais qu’on reste dans le domaine de la réflexion », avait-il ajouté. On sait toutefois qu’il aurait préféré un défilé jusqu’au monument aux morts, un projet rejeté par Ch. Sehel.
L’organisation a minima de cette cérémonie du souvenir a amoindri l’écho qu’elle aurait pu – et dû – recueillir. Pas d’animation par l’Union Musicale Revinoise, comme le regrettait l’organisateur, et pas de sonorisation. Donc un confort d’écoute relatif pour les personnes ne se trouvant aux premiers rangs. Et pas de John Lennon non plus, alors que le président du CEDC08 avait prévu de diffuser Imagine en fin de rassemblement.
Pour Mouss Ben, ce manque de solennité est comme une arête coincée en travers de la gorge : « J’aurais aimé voir une cérémonie digne de ce nom, un podium, un discours sonorisé, une Marseillaise en musique… et donc un public plus nombreux ! »
Enfin, si la communauté musulmane était largement représentée à Fumay, lors d’un hommage similaire, il n’en a pas été de même à Revin : « … je suis également déçu de la faible représentation de la communauté musulmane et de sa jeunesse, déplore Mouss Ben. Non pas pour se justifier ou s’excuser, il n’y a aucune raison à cela, mais au moins pour témoigner de leur solidarité et de voir que les Revinois sont de leur côté. »
Laissons toutefois le dernier mot à l’espoir. Dans la foule, ce samedi matin, un homme a pleuré : c’est un musulman. Voilà un signal lancé aux « apôtres » de la haine.
- Nous citons les élus que nous avons vus, sans garantie d’exhaustivité.