Ce lundi, à midi, plus de 200 Carolomacériens ont rendu hommage aux victimes de l’attentat perpétré à Nice, le 14 juillet dernier, par Mohamed Lahouaiej Bouhlel. Boris Ravignon, maire, nous livre ses impressions.

Après l’observation d’une minute de silence, l’ensemble des participants a entonné la Marseillaise. (Photo @rdenne-mag)
La place Ducale avait encore en mémoire les rassemblements qui se sont succédé depuis l’attaque contre le journal Charlie Hebdo, le 7 janvier 2015, à Paris. Si la manifestation de cette fin de matinée était moins « colorée » que celle honorant les victimes du journal satirique, elle n’en était pas moins empreinte d’une forte charge d’émotion.
Voilà dix-huit mois, les Ardennais s’étaient mobilisés pour affirmer leur attachement à la liberté d’expression. Mais ce matin, ils étaient un peu KO debout, blessés dans leur chair de papa et de maman.
En effet, pour la première fois dans ce qui semble être devenu une monstrueuse litanie, des familles ont été ciblées par un attentat. Une violence subie depuis tant d’années par les civils d’Irak et de Syrie, mais qui semblait si lointaine aux Occidentaux, qu’ils soient de la patrie de Rimbaud ou d’ailleurs. Et le réveil fait mal. Évidemment.

Nice, l’attentat « de trop » pour les Français. (Photo @rdenne-mag)
Entre émotion et colère
Dans la petite foule qui manifeste son soutien, de jeunes mères de famille laissent transparaître leur angoisse. Les regards mouillés en disent long. Le maire Boris Ravignon (Les Républicains) confirme : « Les gens sont à la fois en état de grand stress, mais ils ont la volonté de se rassembler, de communier, d’être unis dans cet hommage national aux victimes. »
Un sursaut solidaire qu’ils ont manifesté depuis « Charlie ». Mais la succession d’attaques met les nerfs à rude épreuve. « De plus en plus, la colère monte, constate l’édile. Les citoyens ne comprennent pas que ces attaques, ces menaces se répètent. Ils sont inquiets et impatients. » Quant aux élus, ils « attendent que l’État donne aux collectivités les moyens d’agir. »
Que propose pour sa part B. Ravignon ? « Je crois que ce n’est pas à nous, citoyens, les moins bien informés, d’imaginer l’ensemble des mesures à prendre », réplique-t-il. Sans le nommer, il s’en prend au gouvernement Valls : » Les discours : ‘Qu’est-ce qu’on peut faire de plus ?’, c’ est un peu rapide. » L’identité de certains « propagateurs de haine » est connue, qu’ils s’expriment « sur des sites Internet ou dans des salles de prière ». Selon lui, il faudrait a minima améliorer la surveillance de ces foyers du terrorisme.

La tristesse était l’émotion dominante dans le public. (Photo @rdenne-mag)
Fracture sociétale
Et l’unité nationale dans tout ça ? À l’image de l’unité politique prônée lors des premiers attentats, elle a volé en éclats. Boris Ravignon pointe du doigt ces « quelques idiots qui se réjouissent de voir la France souffrir quand d’autres font l’amalgame entre musulmans et islamisme. » Il s’élève contre « ces comportements suicidaires, qui font le jeu des terroristes. » À savoir monter les Français les uns contre les autres.
« Certains concitoyens tombent dans le panneau », regrette le premier magistrat, qui ne veut pas alarmer. Son analyse de la situation n’est cependant pas optimiste :« Je pense qu’une fracture civile pourrait dégénérer en conflit. La division nous menace de tout près. » D’où l’importance de ne pas se laisser manipuler :« Les musulmans qui sont en France ont envie de travailler, de vivre avec leurs familles. Faire l’amalgame entre ces musulmans et les terroristes islamistes est une responsabilité très lourde. Ceux qui dressent les Français les uns contre les autres prennent une responsabilité politique et criminelle. »
Alors que l’insécurité fait vaciller le socle de nos valeurs, B. Ravignon rappelle qu’« on est d’abord Français, attaché à la République ». Pour lui, « la laïcité, ce n’est pas renoncer aux religions, mais nous avons besoin d’être réunis, d’avoir des principes communs. Tous ceux qui veulent vivre ensemble en acceptant les lois de la République sont les bienvenus. »
Y compris ces Français musulmans que le maire aimerait voir s’exprimer davantage. Un dialogue régulier existe déjà avec les responsables locaux de l’islam. « On me l’a assez reproché, note-t-il au passage. Mais je les rencontre comme je dialogue avec les représentants de l’Église catholique ou ceux du culte israélite, comme je viens de le faire récemment à l’occasion de la commémoration de la rafle du Vel’d’Hiv’. Lahcen Zouitane, président de la mosquée de Charleville-Mézières, était présent aujourd’hui avec d’autres représentants du culte musulman. C’est une présence importante et rassurante. Je les invite à prendre la parole, à dire ce qu’ils m’ont confié, ce dégoût sans borne pour ce qui vient d’être commis à Nice. »

La place Ducale était en deuil ce lundi, à quelques jours de l’inauguration de l’événement festif « Plage Ducale ». (Photo @rdenne-mag)
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