Organisée par la section locale UNC, la cérémonie en mémoire de la la Mission Interalliée Citronelle a rassemblé mercredi 13 juin de nombreux porte-drapeaux. Cette année, grâce à un ancien résistant belge, la poésie a fait irruption dans ce haut lieu de la Résistance.
Peu avant de se rendre à la clairière du Père des Chênes, les anciens combattants, résistants et leurs familles se sont retrouvés autour de la stèle de schiste érigée en 1994, en bordure de la RD 989, entre Monthermé et Hargnies.
Du côté des officiels, étaient présents Erik Pilardeau, maire de Bogny-sur-Meuse et conseiller général du canton de Monthermé ; Alain Bernard, maire de Monthermé ; Lionel Ladouce, maire de Thilay. Boris Ravignon, vice-président du Conseil général et candidat aux législatives, était venu avec une gerbe.
Du côté des associaitons combattantes, on notait la présence de Jean Joly, Président de l’Union Ardennaise des FFI ; Patrick Gérard, secrétaire général de l’UNC des Ardennes, et de nombreux représentants des sections UNC et FFI environnantes. Personnage incontournable, Georgette Fontaine, fille de la résistante Marguerite Fontaine, était là aussi.
« Prisme »
Après le traditionnel dépôt de gerbe, Jean Pesche, président de la section UNC bognysienne, a remercié la communauté de communes et l’ABS* pour l’entretien de la clairière où se trouve le mémorial. Il a présenté les excuses d’André Patureaux, hospitalisé à Nouzonville, avant de rappeler le souvenir d’un autre résistant, Paulin Caniard, décédé en mai dernier.
Au cours de son allocution, M. Pesche a rappelé que cet hommage avait pour but de «.perpétuer le souvenir de la mission Citronelle et transmettre la mémoire de ces évènements. »
« Le maquis Prisme et les 106 résistants massacrés devaient payer le prix du sacrifice suprême devant une armée allemande déterminée et surarmée. il faut se rappeler que le BCRA** de Londres avait choisi en mars 44 notre région pour implanter un maquis dont le commandement avait été confié au commandant Pâris de Bollardière, dit « Prisme », héros de Bir Hakeim. »
En 1942, chef du 1er bataillon de la 13e DBLE, Bollardière est grièvement blessé lors de la bataille d’El Alamein (Egypte). L’année suivante, alors qu’il est de retour en France, le BCRA l’envoie dans les Ardennes : « Les actions des officiers de la mission Citronelle et du maquis Prisme ont été déterminantes de juin à septembre 44. Les résistants morts au combat, jeunes pour la plupart, ont marqué une grande page d’histoire de la Résistance ardennaise. Honneur à eux. Ils nous ont permis de retrouver liberté et paix. »
« Soldats de France »
Jean Pesche a ensuite cédé la parole à un ancien résistant du maquis d’Orchimont (Belgique), André Gosset, dit « Baron ». Ce dernier, grand gaillard toujours vif, a souhaité lire un poème du Général de Gaulle, « Soldats de France », publié dans le Mémorial des Compagnons de la Libération.
Pour cet officier de réserve de l’Armée belge, le texte correspond tout à fait au commandant Prisme, « le grand patron de la mission Citronelle », et à ses actions.
D’une voix claire, l’homme a fait vibrer les vers du Père de la France Libre : « […] Aviateurs précipités du ciel pour être brisés sur la terre, / Combattants de la Résistance, tués au maquis ou aux poteaux d’exécution, / Vous tous qui à votre dernier souffle, avez mêlé le nom de la France, / C’est vous qui avez exalté les courages, sanctifié l’effort, cimenté les résolutions, […] / Votre pensée fut, naguère, la douceur de nos deuils, / Votre exemple est aujourd’hui la raison de notre fierté, / Votre gloire sera pour jamais la compagne de notre espérance. »
Ecouter de la poésie dans un lieu chargé d’une histoire glorieuse, mais ô combien douloureuse avait quelque chose de déroutant.

Sans micro, « Baron » a lu un poème du Général de Gaulle, qui lui semblait correspondre aux actions du commandant Prisme. (Photo @rdenne-mag)
* Association des Bords de Semoy.
** Bureau Central de Renseignements et d’Action.