Les dentistes ont parfois la main verte. C’est le cas du givetois Sylvain Baumel, qui défend les couleurs d’EELV avec, pour suppléante, Valérie Roffidal, responsable de l’antenne ardennaise d’Artisans du Monde. @rdenne-mag lui a demandé de présenter son projet de « conversion écologique de notre société. »

Sylvain Baumel et Valérie Roffidal défendent les valeurs d’EELV sur la 2ème circonscription des Ardennes.
@rdenne-mag : Quelles sont les priorités en matière d’écologie dans la circonscription ?
Sylvain Baumel : Concevoir la circonscription comme une entité en transition – voir le concept de ville en transition – pour la mise en commun des moyens et des ressources locales, gage de développement et de maintien d’activité. Assurer l’émergence de la troisième révolution industrielle, celle de l’énergie, de l’éco-construction, des transports collectifs et des réseaux « intelligents ».
@-m : Comment le projet écologiste est-il perçu dans un territoire en proie au chômage ?
S B : Le schéma intellectuel de l’Ecologie Politique dans la tête de nos concitoyens est obsolète : il est restreint à la protection et défense de la nature. Hélas, peu de gens arrivent à comprendre que l’écologie va de pair avec anticipation, inventivité, science, technique et développement. Le contraire du cliché « retour à la bougie ».
La nostalgie de l’industrie lourde des trente glorieuses est omniprésente. Malheureusement, peu de gens comprennent que cette époque – et son cortège de problèmes dont nous payons encore les conséquences aujourd’hui – est résolument finie.
De plus, les médias locaux m’ont boycotté et la seule image d’écologistes est celle véhiculée par les médias nationaux : les célébrités parisiennes qui ne ressemblent pas aux candidats en autonomie de ces territoires industriels et ruraux.
@-m : L’écologie peut-elle créer des emplois dans les Ardennes ?
S B : Oui, la filière bois en est un exemple pour la construction et l’énergie. Mais aussi, les autres énergies renouvelables (éolien, hydroélectricité, …), et bien sûr l’agriculture biologique. Sur ces points, nous proposons deux pistes : la formation professionnelle initiale et le projet négaWatt*.
@-m : La fermeture des centrales nucléaires ne risque-t-elle pas de rendre l’accès à l’énergie difficile pour les populations les plus défavorisées?
S B : La fermeture des centrales se fera dans le temps si – et seulement si – un scénario volontariste de sortie du nucléaire et de décarbonation comme celui de négaWatt est rapidement mis en oeuvre.
Le coût de l’électricité nucléaire va en augmentant alors que celui d’origine renouvelable baisse rapidement. Il est donc faux de croire que le nucléaire fournira une électricité bon marché. EELV propose d’appliquer un tarif d’autant plus élevé que la consommation est importante, et donc a contrario très accessible pour le nécessaire de base raisonnable.
@-m : Quel est le dossier qui vous mobilise le plus en ce moment ?
S B : Le projet dit « l’incinérateur » est dans les mains de l’Etat pour décision, moyennant un certain nombre de points à préciser. Le moment de l’enquête publique a été très mobilisateur. Nous avons dit ce qui devait être dit. Il est regrettable que de nombreuses questions posées alors n’ont pas fait l’objet de réponses claires, et que certaines facettes de l’opposition et de la vigilance aient été qualifiées abusivement d’idéologiques alors qu’elle étaient scientifiques et démocratiques.
Durant la campagne présidentielle, le débat sur la sortie ou non du nucléaire n’a pas eu lieu. J’ai essayé d’amener ce débat lors des législatives comme l’exemple de la technologie du passé, potentiellement dangereuse et de moins en moins rentable économiquement, non choisie démocratiquement, posant des problèmes de dépendance, et source de déséquilibre géopolitique.
Mais aucun sujet particulier ne se détache. La conversion écologique de notre société touche tous les domaines. La nutrition, la malbouffe, la diversité culturelle et le « vivre ensemble », sont des sujets d’importance équivalente aux autres conversions
– la collaboration avec les industries allemandes pour la sous-traitance et la participation à nos projets locaux (transfert de technologie et compétence).
* Pour en savoir plus : http://www.negawatt.org/