Le SMICTOM a récemment mis en place un plan local de prévention de production des déchets. La première réunion du comité de pilotage avait pour but de présenter le projet et d’en établir le calendrier.

L'analyse de la composition des poubelles révèle un pourcentage important de déchets compostables ou non recyclables. (Photo Smictom)
Le territoire du SMICTOM s’étend sur 56 communes rurales, qui sont réparties sur le nord du département. Environ 19 300 habitants sont concernées par la collecte et le traitement des déchets. La loi Grenelle II impose la constitution d’un plan local de prévention au 1er janvier 2012 (Lire notre article du 14 mars 2012). Julie Parisel est l’animatrice de ce programme.
Le comité de pilotage qui vient d’être constitué est composé d’une quarantaine de personnes, issues de milieux divers. On y compte des élus locaux (Bernard Gosset, président du SMICTOM et maire de Fligny ; Michel Normand, président de la communauté de communes Plaines et Forêts de l’Ouest ardennais…), les Services de l’Etat (DIRECCTE, DREAL, Conseil Général), des institutions (Chambre des Métiers et de l’Artisanat, CCI, Chambre d’agriculture, Ademe), des acteurs du monde des déchets (Valodéa, Arcavi), des associations (Solidarité Ardennes Cancer, UFC Que Choisir ?, Nature et Avenir…), des entreprises et des habitants (référents en compostage, par exemple).
Après une présentation du SMICTOM et de ses compétences, Julie Parisel a donné les grandes lignes du PLP avant de communiquer les résultats du diagnostic réalisé sur le territoire. Six groupes thématiques ont ensuite été constitués. Leurs membres vont travailler à la mise en place d’actions, dans le but de constituer un programme qui permettra de réduire la production des déchets.
Déchets dangereux
Le PLP et l’instauration d’une redevance incitative sont les deux projets du SMICTOM pour les années à venir. Dès 2014, les habitants vont devoir payer leurs ordures au poids. Un changement qui pourrait voir refleurir de-ci de-là les dépôts sauvages. L’importance d’une campagne de communication a été soulignée « pour éviter les comportements inciviques. »
Parallèlement à cette mesure, le SMICTOM s’est engagé à travers le PLP à « proposer des solutions aux habitants pour réduire leurs déchets, afin qu’ils maîtrisent leur production et donc leur facture. » L’objectif est à la fois quantitatif et qualitatif. Il vise à diminuer de 10% la production de déchets d’ici 2016. La réduction de la nocivité des déchets dangereux doit également être améliorée. Il faut savoir que les ordures ménagères recèlent des seringues, des médicaments, des piles, des batteries, des solvants…, qui doivent pourtant faire l’objet de collectes sélectives.
Le calendrier du programme est déjà calé : réalisation d’un diagnostic du territoire (octobre 2011 – mars 2012), élaboration du programme d’actions – organisation des groupes de travail (avril 2012 – septembre 2012), mise en œuvre du programme et suivi (octobre 2012 – octobre 2016).
Quoi de neuf, docteur ?
Un diagnostic du territoire a été réalisé pour faire en quelque sorte un état des lieux du territoire (population, économie, gestion des déchets). En ce qui concerne la production, le territoire se porte en assez bon élève, puisque sa production d’ ordures ménagères et assimilées (OMA) a baissé de 12 % (2007-2010). (Par OMA, il faut entendre ordures ménagères, tri sélectif et verre.) En 2010, chaque habitant du secteur produisait 311 kg de déchets par an. Ce chiffre devra baisser jusqu’à 280 kg d’ici 2016.
Une étude sur la composition des sacs d’ordures ménagères a été réalisée sur un échantillon de 750 kg, qui a été trié en 26 catégories. Les techniciens ont noté la présence de 20,5 % de déchets de cuisine, 19 % de plastiques non recyclables, 11,5 % de textiles sanitaires (couches…) et 9,5 % de déchets alimentaires non consommés.
Pour réduire ces nuisances à l’environnement, des pistes privilégiées sont proposées au consommateur, à savoir diminuer la production de déchets fermentescibles et d’emballages. L’accent est mis aussi sur l’éco-consommation, (boire l’eau du robinet). La moitié de l’effort demandé par le PLP est concentré sur ces points.
Bien qu’ils ne fassent pas partie des OMA, les déchets apportés en déchèteries (déchets verts, ameublement, équipements électriques et électroniques) sont concernés par le plan de prévention. Compostage, réparation et réemploi d’objets sont des actions à promouvoir.
Sensibiliser, promouvoir
Diverses actions ont déjà été conduites par le SMICTOM en matière de sensibilisation au compostage. La plus importante s’est déroulée en 2009-2011. 900 composteurs en bois ont été vendus à tarif préférentiel à 660 foyers, vendus. Actuellement, près de 10% des foyers sont équipés d’un composteur.
Une autre action, missionnée par le SMICTOM, a été rapportée par Jean-Louis Milhau, animateur à la Maison de la Thiérache (Liart). Cette structure intervient en milieu scolaire pour réaliser des animations sur le tri, mais aussi sur le compostage et l’éco-consommation. De 2010 à avril 2011, près de 1 300 élèves ont été sensibilisés.
La population du territoire est plutôt jeune (27% de 0-19ans) et compte de nombreuses familles avec enfants (42%). Une vingtaine d’établissements scolaires accueillent les élèves (1 lycée rural, 3 collèges, 17 écoles). Les membres du PLP souhaitent que les jeunes jouent un rôle dans la promotion du plan de prévention . Les jeunes sont des » relais essentiels à mobiliser pour faire passer les messages et les bonnes pratiques en direction des familles. »
Atouts et handicaps
La dernière étape du diagnostic a permis d’évaluer les atouts et les handicaps du territoire. Des éléments dont il faudra tenir compte lors de l’élaboration d’actions futures. Les atouts sont nombreux.
La plupart des habitants vivent dans des pavillons, ce qui favorise la pratique du compostage et du paillage de déchets. La sédentarité de la population permet d’envisager des actions à long terme. Enfin, le maillage associatif s’avère très intéressant. Par exemple, l’entreprise d’insertion Bell’Occas, implantée à Mon Idée (commune d’Auvillers-les-Forges), est très performante sur le réemploi (électroménager…).
Quant aux handicaps, ils tiennent à la géographie du territoire – peu peuplé et étendu – et à la motivation des habitants, qui pourraient estimer en faire déjà assez avec le tri sélectif.
Phase de concertation
Six groupes de travail ont été constitués (compostage, réemploi des objets, déchets des entreprises, sensibilisation des scolaires, éco-consommation, éco-exemplarité de la collectivité). Ils rendront leur copie en juin prochain, qui clôturera la phase de concertation. Deux réunions sont prévues par thématique.
D’ores et déjà, des idées ont été lancées. Emmaüs Ardennes pourrait collecter en déchèteries les meubles qui sont réutilisables. Autre proposition faite lors de la réunion : la réalisation d’un annuaire de la location, de la réparation et du réemploi (groupe 2). Des actions seront organisées pour sensibiliser les entreprises, en partenariat avec les chambres consulaires (groupe 3).
La mise en place de compostage dans les écoles est envisagée, de même que la création d’ateliers sur l’éco-consommation et d’animations dans les cantines sur le gaspillage alimentaire (groupe 4). Le problème des imprimés non sollicités a été soulevé (35 kg par habitant et par an), car les informations des collectivités (revues…) sont distribuées en même temps que les publicités. D’autres réseaux de distribution peuvent-ils être organisés (groupe 5) ?
Les collectivités locales devraient montrer l’exemple en matière de prévention, puisqu’une réflexion sera menée par des agents des communautés de communes et des agents communaux. Le syndicat de traitement Valodéa, qui porte le plan départemental de prévention, et le CG08 apporteront leur expertise dans ce domaine (groupe 6).