Comédienne de formation, Christine Berg signe sa vingtième mise en scène avec Hernani. Dans cette pièce, Victor Hugo fait évoluer ses personnages entre romantisme et fable politique. @rdenne-mag vous fait découvrir les clés d’une scénographie éblouissante par sa justesse et sa modernité.
@rdenne-mag : La pièce est accompagnée au piano par Gabriel Philippot comme l’étaient les films muets. Souhaitiez-vous faire référence à ce genre cinématographique ?
Christine Berg : D’abord, j’essaie de raconter l’histoire d’Hernani, qui n’est pas si simple. Par rapport aux films muets, je pense que c’est le piano qui donne cette impression-là. Ce côté piano en direct, évidemment, c’est un petit rappel du cinéma muet.
@-m : Les silhouettes des comédiens se reflètent dans le décor et font penser à des personnages de conte. Y a-t-il un lien ?
Ch. B : Oui, Hernani est une sorte de conte macabre, funeste. J’espère qu’on suit à la fois l’histoire des deux amoureux et celle de cet homme de pouvoir qu’est don Carlos. Un personnage qui, finalement, se métamorphose en une sorte d’homme qui va chercher le bien public, et non plus simplement son ambition personnelle. J’essaie de raconter ces deux histoires entremêlées avec la force, la poésie, parce que l’écriture de Hugo en a beaucoup.
@-m : De quelle manière avez-vous mis cette richesse en relief ?
Ch. B : En faisant sonner la variété des styles, parce que je crois que Hernani est une œuvre très forte sur ce plan-là, c’est-à-dire qu’il y a à la fois des choses sublimes, très drôles – parfois trop. Par moments aussi, c’est grotesque, comique. J’essaie de faire sortir tout ça, car c’est la grande originalité, la singularité de cette écriture. C’est pourquoi elle a fait scandale, parce qu’elle mélangeait tous les genres. Et c’est une très grande force.
@-m : Comment avez-vous pensé les lumières ?
Ch. B : Avec Elie (Romero : ndlr), on a beaucoup travaillé sur la singularité du décor, qui est en laiton. Il faut beaucoup travailler avec les reflets, parce que cela crée beaucoup de sens. En même temps, il ne faut pas épuiser l’œil du spectateur, car ça peut vite être troublant.
Et puis, Hernani est une pièce sur la thématique de l’ombre et de la lumière. On est donc en permanence, comme dans toute l’œuvre, dans cette symbolique. Toute la portée de cette pièce est là, c’est-à-dire que nous avons tous en nous l’ombre et la lumière. Certains penchent plus du côté de l’ombre, et d’autres du côté de la lumière. Mais finalement, on oscille de l’un à l’autre.
@-m : Comment se passe votre résidence à Revin ?
Ch. B : Hernani est notre deuxième pièce de résidence. Nous sommes très heureux de travailler ici, parce que nous sommes très bien accueillis dans le théâtre par l’équipe, par le directeur, qui sont très généreux, très bienveillants à notre égard. La seule chose que je demande, c’est d’avoir des gens bienveillants, un théâtre, et puis convoquer un public qui répond présent, des élèves avec lesquels on travaille, des personnes âgées, des adultes en atelier. Nous sommes heureux.
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