Une nouvelle ère s’ouvre avec l’élection de Daniel Durbecq, septième édile revinois depuis la Libération. Un appel à la mobilisation générale a été lancé en vue de redresser la situation de la ville.

La mandature de Daniel Durbecq débute dans un contexte économique et social très difficile. (Photo @rdenne-mag)
Ce vendredi, à 17h30, la foule des grands jours avait envahi la salle des mariages pour l’élection du premier maire revinois non socialiste depuis 1945. L’événement était historique, tout comme était symbolique l’élection d’un ancien chef d’entreprise à la tête d’une commune mutilée par les fermetures d’usine.
Pour l’occasion, les nouveaux membres de la majorité s’étaient mis sur leur trente-et-un. Et à la table de presse, l’humeur était taquine. La cravate colorée du futur maire tranchait avec les habituelles rayures en soie que les messieurs se nouent autour du cou.
Après une rapide enquête, nous sommes en mesure de dire que l’art abstrait s’était invité à l’élection de Daniel Durbecq. La cravate en question était un cadeau de Dorian à son père, futur maire. Un modèle inspiré par un tableau de Wassily Kandisky, « Sept cercles» (1926), qui fait partie des collections du musée Guggenheim de New York. Fin de l’épisode people.

Les membres des deux listes adverses avaient répondu présents à l’invitation du nouveau maire. (Photo @rdenne-mag)
Un seul candidat
L’usage veut que le maire sortant installe son successeur. En l’absence d’Alain Roy, c’est Jean-Marie Martin, ex-deuxième adjoint, qui s’est plié à l’exercice. L’opposition n’avait pas présenté de candidat. Dominique Ruelle, porte-parole, a justifié ce choix par le respect de « la volonté démocratique des habitants.»
Doyen d’âge, Daniel Durbecq fut ensuite amené à se déclarer lui-même élu (par 22 voix, 7 bulletins blancs). Si passer l’écharpe dans le bon sens fut l’occasion de détendre un peu l’atmosphère, le nouveau premier magistrat a rapidement repris son sérieux, au cours d’une brève allocution.
Après avoir souligné l’importance du travail accompli ces dernières semaines, Daniel Durbecq a jugé la campagne électorale « relativement correcte ». Se voulant rassembleur, loin des joutes politiciennes, il a recentré son propos sur les enjeux de son élection : « On est partis pour essayer de faire quelque chose à Revin, parce que c’est vital ».
Le nouvel édile a garanti que les projets mis en forme par la précédente équipe seraient conduits à leur terme. « Il n’y a pas de problème », s’est-il empressé de rassurer, avant de poursuivre : « On a énormément de travail. Le travail, c’est surtout l’emploi. On va s’y atteler dès la semaine prochaine.»
De fait, d’ici peu de temps, le futur enfin révélé d’Ardam devrait faire monter la température à Revin. La situation risque d’être explosive si les salariés n’obtiennent pas ce qu’ils attendent. Et l’onde de choc pourrait bien atteindre la mairie.

Le maire a invité majorité comme opposition à se retrousser les manches dans un même élan. Au centre, Alain Comandini, Directeur Général des Services. (Photo @rdenne-mag)
Appel à la mobilisation
En dépit des joutes musclées qui l’ont opposé à la liste d’Union de la gauche lors de la campagne, Daniel Durbecq a fait part de son souhait de travailler en harmonie avec l’opposition. « Il faut qu’on ait une opposition constructive, parce que ça ne sert à rien de se battre. On a besoin de tout le monde.»
Cette volonté de pacifier les relations entre les deux camps tient sans doute à la gravité de la situation dans laquelle se trouve la ville : « On est effectivement dans un trou et il faut qu’on s’en sorte », a constaté le maire. « Je pense qu’on peut compter sur vous, s’est-il exprimé à l’adresse de l’opposition. Je l’espère. (…) Il faut sauver Revin. Et de rappeler son slogan de campagne – et intitulé de sa liste : « On pense Revin, on vit Revin ».
Daniel Durbecq s’est dit touché par l’importante baisse de population qui se poursuit à Revin depuis une quarantaine d’années. La ville est en effet passée de 12 156 habitants (en 1968) à 7 371 habitants (en 2014). « On ne peut pas continuer comme ça. Il faut absolument se mobiliser. Je compte sur tout le monde», a-t-il conclu, avant de remercier les Revinois qui l’ont élu.
Une opposition vigilante
Dominique Ruelle, porte-parole de l’opposition, s’est adressée au maire nouvellement élu : « Durant ce mandat, vous allez voir aboutir tous les projets que les anciennes équipes municipales avaient initiés, malgré un contexte budgétaire difficile, pour donner à notre ville le socle fort et dynamique indispensable à son redressement. »
L’ancienne adjointe a d’abord cité la livraison, au cours du troisième trimestre 2014, du pont de Saint Nicolas, un projet qui fut « le fruit d’un combat difficile, commencé sous le mandat de Bernard Dahout ».
Puis elle fait allusion au programme de renouvellement urbain, « dont la convention est prête à être signée avec l’État et les bailleurs », précisant : « C’est une lutte de huit ans qui va voir son aboutissement (…)». Et de rappeler encore « la fin des travaux de Briand bas avec l’accueil multiservices (crèche, RAM), les nouveaux locaux de la cantine, le cabinet dentaire.»
Très attachée au domaine social, pour lequel elle a beaucoup œuvré, Dominique Ruelle a attiré l’attention du nouvel édile sur les combats à mener dans ce domaine : « Vous allez aussi devoir mener des luttes importantes comme la défense auprès de l’Etat de tous les financements des dispositifs politiques de la ville, qui s’adressent aux plus fragiles.»

Le nouveau conseil municipal compte 15 hommes et 14 femmes. Sept élus siégeaient lors de la précédente mandature. (Photo @rdenne-mag)
… et constructive
Blessée par les accusations d’immobilisme lancées durant la campagne à l’égard d’Alain Roy et de son équipe, Mme Ruelle tenait aussi à mettre les choses au point en ce qui concerne l’emploi, « qui est la préoccupation première de chacun d’entre nous », avant d’adresser une mise en garde : « Nous ne laisserons jamais dire que ce n’est, ce n’a pas toujours été la nôtre.»
La porte-parole de l’opposition a martelé sa foi en l’avenir industriel de la ville, à travers l’exemple d’Ardam. « L’actualité brûlante, a-t-elle rappelé, c’est la situation chez Ardam Electrolux, entreprise qui n’est pas perdue et que l’on ne doit pas perdre. Nous sommes et resterons aux côtés de l’ensemble des salariés et de leurs représentants de l’intersyndicale.»
Ayant vécu en tant qu’élue la fin de Porcher – et celle d’Oxame-, en 2012, annus horribilis pour l’industrie revinoise, Dominique Ruelle a invité l’assemblée à tirer des leçons des échecs passés. « Aujourd’hui, il faut transformer le drame de Porcher en un espoir pour les Revinois, en se battant pour faire venir les PME-PMI porteuses d’emploi sur son site. Nous serons à vos côtés dans cette bataille.»
De même a-t-elle assuré Daniel Durbecq du soutien de l’opposition dans le cadre de la communauté de communes Ardenne Rives de Meuse, « pour que Revin soit traitée de façon juste au niveau dotation supplémentaire.»
Fidèle à ce qu’elle avait annoncé au soir du 30 mars dernier, la porte-parole de l’opposition a conclu sur une note volontariste : « Nous serons toujours dans la critique constructive, dans l’intérêt de Revin et des Revinois. Nous continuerons à travailler à bâtir un avenir pour Revin, car nous y croyons ».
Peut-être fallait-il voir aussi dans cette formule « un avenir pour Revin » une allusion au nom de la liste d’Alain Roy et à un certain tract distribué par la liste Durbecq le vendredi précédent le second tour. Celui-ci interpellait les électeurs : « Quelle confiance peut-on accorder à une équipe qui vous promet un avenir » ? Par la voix de sa porte-parole, l’opposition a répondu ce soir à la question.

De nombreux dossiers attendent la nouvelle municipalité. Parmi ceux-ci, le recrutement d’entreprises sur l’ancien site Porcher. (Photo @rdenne-mag)
Sept adjoints
Pas de changement en ce qui concerne les adjoints. Ils resteront au nombre de sept, comme dans la précédente municipalité, Alain Roy ayant cumulé les fonctions de maire et d’adjoint aux finances après la démission de Philippe Vuilque. Daniel Durbecq a jugé lui aussi ce nombre suffisant. Les élus ont obtenu 22 suffrages, l’opposition ayant voté blanc.
Jean-Bernard Rose devient premier adjoint. Bien que ce ne soit pas encore officiel, il sera en charge des finances. Les autres adjoints sont, dans l’ordre, Marie-Claude Moriau, Brigitte Dumon, Natalina Laygue, Rémi Leclerc, Gérald Giuliani et Carole Aribi. Trois d’entre eux faisaient partie de lors de la précédente mandature (Rose, Dumon, Laygue).
Remarquons au passage que la parité est strictement respectée à la tête de la mairie (4 hommes, 4 femmes).
Les élus ont ensuite voté le taux des indemnités versées au maire et aux adjoints. Ces taux s’établissent comme suit (sur la base de l’indice IBT 1015) : 43 % pour le maire (55 % maximum autorisé), et 17,20 % pour les adjoints (22 % taux maximum autorisé).
Après le vote des délégations de pouvoir au maire, la séance a été levée. Les membres de l’assemblée municipale se sont dirigés sur le perron de l’ancienne mairie pour la traditionnelle photo de groupe. À noter que la nouvelle équipe municipale a rompu avec une tradition. « À Revin, raconte en effet Guy Deraucroix, l’élection du maire était suivie par un dépôt de gerbe au monument aux morts. Ensuite, la population était invitée à un vin d’honneur.»

Les adjoints sont au nombre de sept. De gauche à droite : Marie-Claude Moriau, Gérald Giuliani, Brigitte Dumon, le maire Daniel Durbecq, Jean-Bernard Rose, Natalina Laygue, Carole Aribi, Rémi Leclerc. (Photo @rdenne-mag)
LES (FUTURES) COMMISSIONS
En exclusivité, nous publions les intitulés et la liste partielle des membres des futures commissions municipales. Ces commissions seront mises en place lors du prochain conseil municipal. Elles sont encore incomplètes, puisque des représentants de l’opposition y siégeront.
– Finances – Economie – Administration générale – Sécurité
Président : Daniel Durbecq – Vice- Président : Jean-Bernard Rose – Membres (majorité municipale) : Jean Sanna, Alain Canovas, Laure barbe, Jeanine Vanello, Olivier Herbillon, Nadine Beaussart.
– CCAS – Commission extra-municipale – ANRU – Emploi
Président : Daniel Durbecq : Vice-Présidente : Marie-Claude Moriau. Membres (majorité municipale) : Bénédicte Bellih, Dominique Muraro, Brigitte Delarue, Caroline Zender, Nadine Beaussart.
– Travaux – Voirie – Espaces Verts – Economies d’énergies
Président : Daniel Durbecq : Vice-Président : Rémi Leclerc. Membres (majorité municipale) : Jacky Devin, Jean Sanna, Alain Canovas, Dominique Muraro, J-C Hesbois, Olivier Herbillon.
– Affaires scolaires – Enseignement – Jeunesse – Sport
Président : Daniel Durbecq : Vice-Présidente : Brigitte Dumon. Membres (majorité municipale) : Jérémie Delmont, Vanessa Champenois, Laure Barbe, Caroline Zender, Jean Sanna, Jeanine Vanello.
– Affaires Périscolaires – Handicap – Accessibilité – Santé
Président : Daniel Durbecq : Vice-Présidente : Natalina Laygue. Membres (majorité municipale) : Vanessa Champenois, Bénédicte Bellih, Alain Canovas, Brigitte Delarue, Nadine Beaussart.
– Chasse – Forêt – Pêche – Tourisme – Commerce
Président : Daniel Durbecq. Vice-Président : Gérald Giuliani. Membres (majorité municipale) : J-C Hesbois, Jacky Devin, Jeanine Vanello, Olivier Herbillon, Laure Barbe.
– Communication – Culture – Animation – Vie associative
Président : Daniel Durbecq. Vice-Présidente : Carole Aribi. Membres (majorité municipale) : Bénédicte Bellih, Vanessa Champenois, Jérémie Delmont, Dominique Muraro, Caroline Zender.